Les Etats-Unis, dans une lettre transmise ‘par erreur’, ont annoncé lundi 6 janvier préparer leur retrait d’Irak avant de le démentir. Un cafouillage qui s’est ajouté à une situation surtendue depuis l’assassinat à Bagdad du général iranien Qassem Soleimani, pleuré par des millions de personnes à Téhéran.
Ecrite au nom du général William H. Seely, commandant des forces américaines en Irak, une lettre dont une copie a été consultée par l’AFP a annoncé aux responsables militaires irakiens que Washington était en train de « repositionner » ses troupes dans le pays en vue d’un retrait.
Il s’agissait en fait d’un « projet (de lettre) non signé », a déclaré le chef d’état-major américain, le général Mark Milley. « Il n’aurait jamais dû être envoyé », a-t-il ajouté, évoquant « une erreur commise en toute bonne foi ».
La lettre faisait référence –« Nous respectons votre décision souveraine qui ordonne notre départ »– à un vote dimanche du Parlement irakien exhortant le gouvernement à expulser les troupes étrangères d’Irak en réaction à l’assassinat vendredi dans une frappe américaine à Bagdad du général Soleimani, architecte de l’axe de la Résistance au Moyen-Orient.
A Bagdad, le bruit des hélicoptères était toutefois incessant, alors que la missive prévenait que les déplacements en hélicoptères augmenteraient, en vue du retrait.
Selon le secrétaire américain à la Défense Mark Esper, les Etats-Unis redéployent leurs troupes en Irak mais ne quittent pas le pays. « Aucune décision n’a été prise de quitter l’Irak. Point », a déclaré à la presse le chef du Pentagone.
Après le vote du Parlement irakien dimanche, le président américain Donald Trump avait menacé d’imposer des sanctions « très fortes » à l’Irak.
Esper et Pompeo se démarquent de Trump
Esper, comme la veille le secrétaire d’Etat Mike Pompeo, s’est par ailleurs démarqué des menaces du président Donald Trump de frapper entre autres des sites culturels iraniens en cas de riposte anti-américaine de l’Iran.
« Nous respecterons les lois sur les conflits armés », qui prohibent de frapper des sites culturels, a dit M. Esper en réponse à une question.
Limiter les pouvoirs militaires de Trump
Par ailleurs, les élus démocrates au Congrès américain vont déposer cette semaine une résolution visant à limiter les pouvoirs militaires de Donald Trump, après l’élimination du général iranien Qassem Soleimani lors d’une frappe « provocatrice et disproportionnée » selon eux.
Les démocrates reprochent au président d’avoir autorisé cette frappe sans avoir consulté préalablement les huit plus hauts dirigeants du Congrès, dont la cheffe des démocrates, Nancy Pelosi, et insistent sur le fait que seul le Congrès a le droit de déclarer la guerre, selon la Constitution.
« Mort à l’Amérique »
Lundi, les rues de Téhéran étaient noires de monde pour honorer Qassem Soleimani, figure charismatique et très populaire du pays, assassiné avec le numéro du Hachd Chaabi en Irak, Abou Mehdi al-Mouhandis.
Après l’immense hommage dans la capitale iranienne, le cercueil du général a été transféré vers la ville sainte de Qom pour une cérémonie et doit être inhumé ce mardi 7 janvier à Kerman, sa ville natale, dans le sud-est de l’Iran, où une foule massive s’est rassemblée.
« La dernière fois que je me souviens d’une telle foule, c’était aux funérailles il y a 30 ans de l’imam Khomeiny », fondateur de la République islamique d’Iran, a déclaré à l’AFP Maziar Khosravi, l’ex-chef du service politique du quotidien réformateur Charq.
Estimée à « plusieurs millions » de personnes, la foule a alterné entre recueillement et tristesse, explosant parfois de colère aux cris de « Mort à l’Amérique », « Mort à Israël ».
Des drapeaux américains et israéliens ont été brûlés, tandis que la foule appelait à venger Qassem Soleimani.
« Stupide Trump (…), ne pense pas qu’avec le martyre de mon père, tout est fini », a lancé sa fille Zeinab.
Source: Agences