En violation flagrante du droit international humanitaire, des soldats des Forces de soutien rapide (FSR) ont documenté, à l’aide de leurs téléphones portables, le massacre systématique de civils non armés dans la région El Fasher, dans l’ouest du Soudan.
Ces crimes ont été commis contre toute personne qui tentaient de fuir la ville, sans distinction entre hommes et femmes, enfants et jeunes adultes. Les personnes âgées et les malades qui n’ont pas pu échapper ont également été liquidés. Même les patients et leurs accompagnateurs à l’hôpital de la Maternité saoudienne, le seul hôpital encore opérationnel parmi les 35 qui ont dû fermer leurs portes en raison du siège de 16 mois imposé par les Forces de soutien rapide, n’ont pas été épargnés.
Selon le directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé, Tedros Adhanom, plus de 460 personnes ont été tuées dans un hôpital à El Fasher, pris d’assaut par les Forces de soutien rapide (FSR) en début de semaine.
Le comité préparatoire du Syndicat des médecins soudanais – une organisation non gouvernementale – a publié un communiqué accusant les Forces de soutien rapide (FSR) d’avoir perpétré un massacre abominable contre des civils non armés, en raison de leur appartenance ethnique, ce qui s’apparente à un nettoyage ethnique.
Le communiqué indique qu’environ 2 000 civils ont été tués dans les premières heures suivant l’entrée des FSR dans la ville, certains brûlés vifs. On estime que 177 000 civils sont toujours pris au piège, nombre d’entre eux ayant été victimes de massacres, brûlés dans leurs véhicules ou enterrés vifs. Les observateurs ont qualifié ces crimes de nettoyage ethnique visant à modifier la démographie de la région.
Les crimes commis par les FSR contre des civils non armés ont suscité de vives réactions, tant au Soudan qu’à l’étranger.
Mobilisation générale
Au Soudan, contrairement aux attentes des FSR et de leurs soutiens, la plupart des États ont décrété la mobilisation générale et ouvert des camps de recrutement.
La Force conjointe des mouvements de lutte armée a également décrété l’état d’alerte générale, appelant tous les jeunes hommes en âge de porter les armes à se défendre leur honneur et leur terre en rejoignant immédiatement les fronts pour soutenir les efforts visant à assurer la sécurité des citoyens.
La Résistance populaire dans le secteur oriental de l’État du Darfour-Nord a également décrété la mobilisation générale et l’état d’alerte maximale, exhortant à rejoindre immédiatement les points de rassemblement désignés.
Les analystes estiment que « les motivations des Forces de soutien rapide (FSR) derrière ces crimes sont d’intimider les autres régions en brandissant la menace d’un sort similaire si la guerre se poursuit, et de faire croire que l’armée est incapable de protéger les habitants de ces zones.
Tout cela vise à faire pression sur le gouvernement pour qu’il accepte des négociations aux conditions des FSR ».
Ce qui n’est pas le cas sur le terrain. Des manifestations spontanées ont éclaté dans les États de Kassala, du Nord, de Gedaref, de Gezira et du Nil en solidarité avec la population d’El Fasher, condamnant les crimes des Forces de soutien rapide et exprimant leur soutien à l’armée.
De même, la Coordination des Comités de Résistance à Omdurman a organisé une veillée en mémoire des victimes d’El Fasher, civils et militaires.
Parallèlement, des militants sur les réseaux sociaux ont intensifié leurs campagnes de diffusion des atrocités documentées et dénoncé le soutien important apporté par les Émirats arabes unis aux Forces de soutien rapide (FSR), affirmant que « ce sont les Émirats arabes unis qui tuent des Soudanais ».
Cette situation survient alors que les citoyens soudanais ne parient plus sur la « communauté internationale » qui, depuis deux ans, se contente d’observer les violations commises par les FSR à Gezira et El Geneina.
Les Emirats pointés du doigt
Dans ce contexte, une source diplomatique au ministère des Affaires étrangères a déclaré au quotidien libanais Al-Akhbar que: « Les Forces de soutien rapide (FSR) ont commis des exécutions arbitraires depuis le début de la guerre et, lorsqu’elles ont constaté leurs pertes sur le terrain, elles ont eu recours au génocide. »
La source a ajouté que: « Les pratiques criminelles des FSR ont été présentes tout au long du conflit, mais leurs alliés étrangers contrôlaient les médias, tandis que les Émirats arabes unis consacraient leurs ressources considérables à la gestion d’une campagne médiatique en faveur de cette milice. »
Et de noter : « les intérêts communs entre les Émirats arabes unis, les États-Unis et les pays de l’Union européenne ont engendré des condamnations timides, voire inexistantes, ce qui a conduit à une réaction timide face à la guerre au Soudan.»
« Depuis le début du conflit, les Émirats arabes unis, les États-Unis et ‘Israël’ ont joué un rôle déterminant dans la dissimulation des crimes des FSR. Or, après les atrocités commises à El Fasher, ces pays n’ont pas pu contrôler la campagne médiatique mondiale ni l’opinion publique internationale.»
Conseil de sécurité de l’Onu
Lors d’une session tenue le jeudi 30 octobre, le Conseil de sécurité de l’Onu a condamné l’attaque des Forces de soutien rapide contre El Fasher et « son impact dévastateur sur la population civile ».
Il a également exprimé « sa vive préoccupation face à l’escalade de la violence, mettant en garde contre le risque croissant d’atrocités généralisées, y compris celles à motivation ethnique, sans pour autant désigner les Forces de soutien rapide comme une organisation terroriste ».
Le Conseil s’est en outre contenté « d’appeler à ce que tous les auteurs des violations au Soudan soient tenus responsables ».
 
 


