Confronté à la nécessité de renforcer sa défense aérienne, l’Irak pourrait acheter des S-400 à la Russie, ce qui n’est pas au goût des États-Unis qui déconseillent à leurs «partenaires» de faire «des achats pareils» qui pourraient entraîner des sanctions. Deux analystes russe et irakien se sont exprimés au micro de Sputnik.
Les Américains ne peuvent pas empêcher l’Irak d’acheter des systèmes S-400 à la Russie, mais ils peuvent durcir les sanctions actuelles anti-irakiennes, estime le politologue et spécialiste militaire russe Ivan Konovalov.
«À l’heure actuelle, les relations entre l’Irak et les États-Unis se sont dégradées suite à l’assassinat de Qassem Soleimani lors d’une opération que les Américains ont lancée sur le territoire de l’Irak qui avait réagi, en exigeant des unités américaines qu’elles se retirent du pays», poursuit l’expert.
Et de rappeler que Donald Trump y avait répondu, réclamant à l’Irak le remboursement de la présence des militaires américains sur le territoire irakien et du coût de la base qu’ils y avaient construite.
«Les évolutions actuelles autour d’un achat éventuel par l’Irak de S-400 à la Russie ne font qu’aggraver la situation. Si les Américains essaient d’empêcher cet achat, en fermant notamment les comptes bancaires irakiens en dollars, […] l’Irak pourra passer aux règlements en monnaies nationales, comme cela se fait d’ores et déjà en Inde et en Chine et se prépare en Turquie. Les États-Unis pourraient aussi accroître leur pression sectorielle sur l’Irak, mais ils devraient alors en retirer leurs troupes pour de bon.
Et si les Américains se retirent d’Irak, ils devront reconnaître que leur intervention en 2003 a été réalisée en vain, que leurs soldats sont morts pour rien, que tout ce qui s’est produit pendant tant d’années était inutile», résume M.Konovalov.
Les Irakiens n’auraient encore rien décidé
L’analyste stratégique irakien Wasiq al Hashimi relève pour sa part que les Irakiens devraient peser les «pour» et les «contre», la question de l’achat d’armements étant très complexe et étroitement liée à la politique.
«L’Irak a une grande armée, mais la question des livraisons et des achats [d’armements, ndlr] n’est toujours pas réglée. […] Les discussions sur l’acquisition de S-300 et S-400 ne datent pas d’hier, mais à cause de pressions américaines le contrat n’a pas été signé. […] Il est évident que de telles questions demandent une multitude de négociations et de concertations, ainsi que du temps», conclut M.Hashimi.
Source: Sputnik