« Etes-vous sérieux en voulant se diriger vers l’Est”, est la question que l’ambassadrice américaine Dorothy Shea a posé au Premier ministre libanais Hassane Diab, lors de la sa dernière rencontre avec lui. C’était la deuxième en moins de 48 heures. Lorsqu’ elle s’était rendue la veille au Sérail en compagnie du commandant du Centcom, Diab lui avait fait part de son agacement en raison de ses ingérences flagrantes dans les affaires internes libanaises, lui rappelant les normes internationales.
Lorsqu’elle est revenue le voir le lendemain, elle a tout fait pour prouver l’inverse. C’est ainsi qu’elle a accepté son invitation au déjeuner ce jour-là. Alors que la semaine précédente, elle œuvrait pour le faire renverser.
« Je ne veux pas me séparer de l’Occident ni lui tourner le dos. Mais en même temps je ne laisserai pas les Libanais mourir de faim. Je ne resterai pas les bras croisés sur l’embargo dont nous faisons l’objet », lui a-t-il assuré durant le déjeuner, rapporte le journal libanais al-Joumhouria.
Diab n’est pas non plus allé par mille chemins : « vous bataillez contre nous et vous nous assiégez », l’a-t-il accusé.
Les Etats-Unis sont accusés d’interdire l’entrée des dollars au pays du cèdre, où le billet vert se fait plus rare, et donc très cher sur fonds de spéculations dans lesquelles changeurs et banques s’alternent, provoquant une dépréciation sans précédent de la livre libanaise face au dollar et une grave inflation.
Bien entendu, Mme Shea a répondu à M. Diab en niant les faits, indiquant que son pays soutient l’armée libanaise et assurant faire les contacts nécessaires pour fournir l’assistance nécessaire.
Selon les observateurs c’est réellement la crainte que le chef du gouvernement ne suive dans la voie tracée par le chef du Hezbollah d’ouvrir le pays aux investissements chinois et à l’aide iranienne qui a dicté le changement de ton de Washington.
« Ce qui inquiète les Américains est qu’ils craignent que la politique maximale de l’embargo qu’ils exercent ne jette le Liban dans les bras de la Chine, voire de l’Iran plus tard. Donc, il fallait mieux pour eux de ne pas le perdre pour pouvoir le récupérer », ont confié ces sources pour alJoumhouria.
L’aide irakienne qui s’est illustrée par les propositions faites par le gouvernement Moustafa al-Kazimi par le biais de son ministre de l’énergie en visite à Beyrouth la semaine passée semble jouir du feu vert américain.
Il en est de même pour les propositions faites par les deux émirats koweitien et qatari à la fin de la semaine passée d’aider le Liban dans sa crise. Elles ne peuvent avoir été formulées sans le consentement américain.
Le chef de la Sureté générale libanaise le générale Abbas Ibrahim qui se trouvait à Koweït durant le week-end aurait obtenu un engagement des autorités de déposer un milliard de dollars dans la banque centrale du Liban. Il aurait aussi discuté avec elles des possibilités d’obtenir du Koweït du pétrole à des prix réduits et sur le long terme.
Avec le Qatar, les tractations se font aussi très vite. Doha serait sur le point de lancer une initiative financière pour le Liban.
Le vendredi 17 juillet prochain, la France va mettre du sien via son ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves le Drian qui viendra à Beyrouth.
Dans les coulisses diplomatiques, on assure que les deux prochaines semaines seront décisives pour mesurer le sérieux américain d’alléger les pressions sur le Liban en mesurant l’ampleur de l’ouverture permise aux Etats européens et du Golfe. Faute de quoi, l’ouverture à la Chine ne devrait plus attendre!
Source: Divers