Depuis la signature des accords de paix entre l’entité sioniste d’une part et les deux monarchies émiratie et bahreïnie de l’autre, beaucoup d’encre coule dans les médias israéliens sur l’existence et la nature des activités de normalisation bien avant la date fatidique du 15 septembre.
Au Bahreïn, dévoilent les médias israéliens, Israël disposait depuis la décennie précédente déjà d’un bureau destiné à promouvoir les intérêts israéliens politiques et économiques dans ce pays.
« Ce n’est qu’après la signature de l’accord que la censure militaire a permis de révéler ce fait », avancent ces médias.
En même temps, Yossi Beilin, l’ancien ministre israélien de la Justice et l’un des initiateurs des accords d’Oslo publiait un article dans le Haaretz pour confirmer cette tendance, affirmant qu’il faut remonter à l’initiative arabe décrétée par la Ligue arabe en 2002 pour entrevoir les premières prémisses de la normalisation avec les pays du Golfe.
Au moment où les Palestiniens menaient leur deuxième intifada en riposte à la visite provoquante du Premier ministre israélien Ariel Sharon à l’esplanade des mosquées, et surtout à la poursuite de la colonisation dans les territoires palestiniens de 1967, les pays arabes menés par l’Arabie saoudite ont lancé cette initiative qui proposait à l’entité sioniste la paix en échange de la terre, la reconnaissance par les pays arabes d’Israël en échange d’un Etat palestinien dans les territoires de 1967.
« Soudain, le monde arabe est venu déclarer collectivement qu’il était disposé à reconnaitre Israël avec des conditions », s’étonne Belin qui souligne que jusqu’à cette date, le cœur du conflit s’articulait autour du refus absolu des Etats arabes de reconnaitre Israël.
Selon lui, au fil des années, et depuis cette date, les pays arabes ont développé des relations secrètes avec Israël pour profiter de sa promiscuité stratégique avec les Etats-Unis, de ses exploits technologiques et de sa force militaire.
«L’initiative de paix est devenue un obstacle dans la voie de leur entière collaboration avec Israël qui n’a jamais été leur réel ennemi », a-t-il ajouté.
Or Beilin omet de signaler que bien avant cette première décennie 2000, des activités de normalisation avaient été entamées. Comme pour le cas du Qatar, qui avait permis en 1996 à Israël d’ouvrir un bureau de représentation à Doha, fermé en l’an 2000, toujours selon les médias israéliens.
Contrairement aux allégations sur la censure israélienne, ces édias n’ont jamais raté l’occasion de rendre compte durant cette même époque de toutes les initiatives et de relations entamées par des dirigeants des pays du Golfe, dont les bahreïnis, les émiratis et les qataris auprès de centres juifs sionistes et de personnalités pro israéliennes aux Etats-Unis, voire mêmes israéliennes parfois, reflétant leur orientation vers cette normalisation.
De même qu’ils ont rapporté sans cesse des transactions qu’ils ont conclues avec des sociétés sécuritaires israéliennes, bien avant la rencontre de Washington
Force est de constater que dans un certain discours israélien politique et médiatique, comme celui de Beilin entre autre, cette orientation est présentée comme étant un choix pris volontairement par ces pays arabes, compte tenu de leurs propres intérêts, et non en raison des pressions israéliennes et surtout américaines.
Ce qui n’est pas le cas du Soudan. Ce pays, traditionnellement attaché aux droits du peuple palestinien, fait manifestement l’objet de pressions pour rejoindre la normalisation avec Israël. Pressions auxquelles il semble résister pour obtenir au moins une contrepartie.
Le site d’information israélien Wala a fait état de trois conditions que Khartoum aurait posées : obtenir un don financier de l’ordre de 3 milliards de dollars sur les trois années à venir, obtenir du blé et du pétrole d’une valeur d’1.2 milliard de dollars, l’effacer de la liste américaine des pays qui soutiennent le terrorisme.
Cette dernière revendication a été proposée par le secrétaire d’état américain Mike Pompeo lors de sa visite le 25 août dernier à la capitale saoudienne en échange de sa normalisation avec l’entité sioniste et du paiement de 335 millions de dollars d’indemnisations.
Elle illustre clairement le rôle américain pour créer les conditions qui poussent les pays arabes dans le giron de la normalisation avec l’entité sioniste. Un rôle décisif.
Source: Divers