Alors que l’Otan a déjà mentionné la Chine et la Russie en tant que menaces, l’armée américaine mènera cet été des «jeux de guerre» virtuels classés secrets pour répondre à de potentielles activités russes et chinoises, bien que leurs «ennemis» aient des noms fictifs, rapporte la chaine de télévision américaine CNN.
Les scénarios envisagés lors de cette simulation qui réunira des militaires américains aux quatre coins du monde refléteront les possibilités «réelles», parmi lesquelles des cyberattaques majeures, une prochaine «militarisation de l’Arctique par Moscou» ainsi qu’une Chine qui «montre ses muscles en mer de Chine méridionale» ou procède à une «invasion de Taiwan», précise la chaîne de télévision.
«L’avancée de la Russie dans les pays baltes» y figure également. Certes, les alliés de l’Otan renforcent leur présence dans la région, mais ce n’est pas suffisant, prévient David Ochmanek, analyste senior chez RAND Corporation et ancien sous-secrétaire adjoint à la Défense pour le développement des forces, interrogé par le média.
«Priorité absolue»
D’après plusieurs responsables de la Défense interrogés par CNN, les jeux en question représentent une «priorité absolue» pour le président des chefs d’état-major interarmées Mark Milley.
Ces manœuvres sont révélatrices des faiblesses «des plans et des opérations» militaires américaines.
Ainsi, un ancien responsable à la Défense a confirmé à la chaîne que lors d’un récent exercice du genre qui présentait un conflit avec des adversaires «majeurs» tels que la Russie et la Chine, l’équipe bleue un groupe de personnes analysant des systèmes d’information et effectuant des mesures de défense, «les États-Unis et leurs alliés continuaient de perdre».
«La modernisation militaire de la Russie et de la Chine crée de sérieux défis opérationnels potentiels pour les États-Unis», avance auprès de CNN Eric Edelman, ancien sous-secrétaire à la Défense chargé des politiques et expert en planification militaire.
Selon CNN, les préparatifs ne se réduisent pas à un format en ligne, l’armée américaine et canadienne ayant mené cette semaine des exercices militaires dans des conditions difficiles où les températures peuvent tomber en dessous de -7 degrés Celsius.
Un signe attestant que les pays sont prêts à «repousser les avancées militaires russes dans l’Arctique», cette région riche en ressources où, selon la chaîne, la Russie pose aux USA des défis directs.
Des craintes qui font écho à celles de l’Otan
Les objectifs des exercices en question reprennent en général les préoccupations formulées par l’Otan concernant la Russie et la Chine. Ainsi, Jens Stoltenberg a récemment qualifié la montée en puissance de la Chine, le «comportement assuré» de la Russie et le rapprochement entre ces deux États de défi pour l’Otan.
Autre point: le renforcement de la présence de l’Alliance dans les pays baltes sous prétexte de la menace émanant de Moscou.
Ces derniers temps, Washington semble lui aussi avoir durci le ton à l’égard de Moscou et de Pékin. Ainsi, s’exprimant en marge du sommet des ministres des Affaires étrangères de l’Alliance quelques jours plus tôt, Antony Blinken a évoqué les «menaces militaires émanant d’autres pays», en nommant la Chine en premier.
Il a notamment abordé les efforts chinois visant d’après lui à «menacer la liberté de navigation», «militariser la mer de Chine méridionale» ou bien «cibler des pays à travers l’Indopacifique par les capacités militaires de plus en plus sophistiquées».
«Les ambitions militaires de Pékin s’accroissent d’année en année», a-t-il avancé lors de la conférence de presse.
«Nous les [défis militaires, ndlr] voyons également dans les nouvelles capacités et stratégies militaires que la Russie a développées pour contester nos alliances et saper l’ordre fondé sur des règles qui garantit notre sécurité collective», a-t-il poursuivi avant d’évoquer «l’intimidation en mer Baltique et en mer Noire», ainsi qu’en Méditerranée orientale et dans le Grand nord.
Position de Moscou
La Russie a à plusieurs reprises répété qu’elle ne représentait pas de menace pour l’Otan et que les pays occidentaux se servent du prétexte de la «menace russe» pour renforcer leurs positions près des frontières du pays en Europe. La diplomatie russe a souligné tout de même sa volonté de dialoguer avec l’Alliance.
Source: Avec Sputnik