Le président français Emmanuel Macron a accusé, le mercredi 27 juillet, depuis le Bénin, la Russie d’être «une des dernières puissances impériales coloniales» après avoir lancé «une guerre territoriale» en Ukraine.
«La Russie a lancé une offensive contre l’Ukraine, c’est une guerre territoriale qu’on pensait disparue du sol européen, c’est une guerre du début du 20e, voire du 19e siècle, je parle sur un continent (l’Afrique, NDLR) qui a subi les impérialismes coloniaux. La Russie est l’une des dernières puissances impériales coloniales» en décidant «d’envahir un pays voisin pour y défendre ses intérêts», a dit le président au cours d’une conférence de presse avec son homologue béninois Patrice Talon à Cotonou.
À Yaoundé puis à Cotonou, le président français a cherché à mettre en garde les capitales africaines contre le « nouveau type de guerre mondiale hybride » que mène Moscou, qui « a décidé que l’information, l’énergie et l’alimentation étaient des instruments militaires mis au service » de la guerre en Ukraine.
La veille, il avait dénoncé sans ambages « l’hypocrisie », entendue « en particulier sur le continent africain », consistant à ne pas reconnaître clairement que la Russie menait « une agression unilatérale » en Ukraine « parce qu’il y a des pressions diplomatiques ».
À l’instar du président camerounais Paul Biya, plusieurs dirigeants africains ne condamnent pas officiellement l’intervention russe, ce qui est le cas également au Moyen Orient.
Le sujet devrait être abordé au dîner qu’Emmanuel Macron partagera jeudi à l’Élysée avec le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane.
Répondant à distance, Sergueï Lavrov a affirmé en Ouganda que la Russie n’était pas responsable des « crises de l’énergie et des denrées alimentaires », dénonçant « une campagne très bruyante autour de cela ».
La Russie est également ciblée par Emmanuel Macron pour son activisme en Afrique, notamment par l’intermédiaire du groupe paramilitaire Wagner, qui vient, selon lui, « en soutien soit à des pouvoirs politiques affaiblis qui ont du mal à s’assumer soit à des juntes illégitimes », en Centrafrique et au Mali.
A contrario, le président français promeut sa nouvelle vision des relations entre la France et l’Afrique, en présentant le Bénin comme l’un des pays tests de cette volonté d’établir un « partenariat gagnant-gagnant ».
Les relations avec Paris « sont décomplexées et débarrassées des pesanteurs du passé », s’est félicité le président béninois Patrice Talon, en ne cachant pas la complicité établie avec son homologue français.