La question de la démarcation des frontières maritimes entre le Liban et la Palestine occupée a été en tête des thèmes de politique intérieure, régionale et internationale que Sayed Hassan Nasrallah a évoqués dans son discours prononcé ce samedi 1er octobre, en hommage à un grand religieux décédé depuis quelques jours.
Démarcation des frontières : un texte écrit… des jours décisifs
Sur les tractations indirectes en cours entre le Liban et l’entité sioniste, le numéro un du Hezbollah a décelé un nouvel élément, alors que l’émissaire américain Amos Hochstein vient de remettre , ce samedi via l’ambassadrice américaine Dorothy Shia, un message au chef de l’Etat Michel Aoun dans lequel sont exposées les propositions relatives à la démarcation des frontières maritimes sud avec l’entité sioniste.
« L’essentiel dans de ce qu’il s’est passé aujourd’hui est l’existence d’un texte écrit de la part du médiateur dans les négociations de démarcation des frontières que les trois présidents ont reçu », a-t-il dit.
Rappelant avoir régulièrement assuré que la position du Hezbollah sera toujours derrière celle de l’Etat libanais, Sayed Nasrallah a souligné que les jours prochains seront « décisifs dans le dossier de démarcation ».
« Seront mis au clair la position des responsables de l’Etat et vers où les choses vont aller », a-t-il expliqué.
Et de poursuivre : « nous espérons que les choses iront bien pour le Liban et tous les Libanais… Si les résultats obtenus sont bons, cela ouvrira de nouveaux horizons bénéfiques pour les Libanais, si Dieu le veut ».
Il a conclu sur ce dossier : « dans ce cas, ce sera le résultat de la coopération et de la solidarité nationales ».
Personne n’a la majorité parlementaire au Liban
Evoquant aussi sur le plan libanais interne, la dernière séance parlementaire qui a échoué dans l’élection d’un nouveau président de la République, le mandat du président actuel devant s’achever à la fin de ce mois-ci, sayed Nasrallah estime qu’elle est la preuve qu’au Liban personne ne dispose de « la majorité parlementaire ».
« La récente séance parlementaire prouve que celui qui veut élire un président de la République se doit d’éviter le langage de défi en faveur de celui de la consultation. Le résultat de la session confirme la nécessité d’une concertation entre les forces », a-t-il affirmé, estimant que « nous aurons un président dès que ce sera possible ». Alors que sur le dossier de la formation d’un nouveau gouvernement, « le temps presse », a-t-il fait remarquer.
« Nous espérons parvenir à la formation d’un nouveau gouvernement, qu’un nouveau président soit élu ou pas dans le délai constitutionnel », a-t-il insisté.
Le naufrage du bateau des émigrés est un crime
Dans son discours, Sayed Nasrallah s’est également exprimé sur le naufrage du bateau d’émigrés au large de la ville syrienne côtière de Tartous. Il avait embarqué depuis la ville portière libanaise de Tripoli.
« En ce qui concerne les bateaux de la mort, cette affaire est triste et douloureuse. Les gens souffrent et pleurent ce qu’il s’est passé. Nous renouvelons nos condoléances aux familles des victimes libanaises, syriennes et palestiniennes », a-t-il regretté, assurant que « la chose la plus importante est de révéler la vérité sur ce qu’il s’est passé et sur ce qu’il se passe dans des incidents similaires. »
Il a poursuivi : « Ceci est un crime. Le fait de tuer des gens, des enfants et des femmes ne devrait être toléré. » avant de remercier « les autorités syriennes, en particulier dans le gouvernorat de Tartous, et les habitants de l’île d’Arwad, pour ce qu’ils ont fait pour sauver les rescapés et repêcher les corps des victimes. »
Iran : Les USA misent sur l’intérieur à défaut de lui faire la guerre
Le numéro un du Hezbollah a également parlé des récents évènements survenus en République islamique d’Iran, notamment les émeutes violentes qui ont émaillé les protestations organisées après la mort de la jeune iranienne Mahsa Amini, dans des circonstances non encore élucidées, après son arrestation par la police des mœurs.
« Une femme iranienne est morte dans des circonstances mystérieuses, le monde s’est soulevé aux Etats-Unis et en Europe alors que plus de 50 martyrs sont tombés, dont des femmes et des enfants, en Afghanistan, mais personne n’a bronché”, vilipendant l’exploitation dont a fait l’objet cet incident par les médias et les politiciens occidentaux pour inciter à la haine contre la République islamique.
Et de poursuivre : « les administrations américaines successives ont pris conscience que l’Iran est puissant, digne et capable. Raison pour laquelle elles n’ont pas déclenché de guerre contre lui et misent sur l’intérieur ».
Il avait dit auparavant : « L’Iran fort et capable est dans le collimateur depuis le premier jour, et donc tout le monde fait le pari de lui nuire de l’intérieur. Les sanctions ont pour but d’inciter les gens contre le pouvoir en RII. Mais l’Iran est fort et son peuple adhère à sa religion, à son Prophète et à sa famille. Les imbéciles n’ont qu’à regarder les commémorations organisées pendant les mois de Muharram et de Safar. Il suffit d’assister aux funérailles historiques du chef martyr Hajj Qassem Soleimani. Ceci est la vérité de l’Iran et vous ne faites que courir après les mirages. L’Iran est plus fort, plus ferme et plus courageux que jamais. »
« Ne vous affligez pas et ne méditez pas, car le véritable dirigeant de cet État est l’Imam al-Mahdi attendu (que Dieu le bénisse et lui accorde la paix). Il est plus fort et plus solide que jamais. D’innombrables événements se sont produits dans le passé, qui étaient certes plus difficiles que ce qui se passe maintenant. Il y a toujours eu des rumeurs propagées sur l’imam Khamenei mais ce sont des mensonges destinés à briser le moral des Iraniens. Vous avez-vu lors de l’Arbaïne, il a prononcé son discours debout », a-t-il dit en réponse aux rumeurs selon lesquelles il était mourant.
L’Iran a tout fait pour protéger l’Irak
Selon lui, « les médias occidentaux et ceux du Golfe essaient d’inciter les peuples (à la haine) contre l’Iran. Ces médias exercent leur rôle auprès des dirigeants, mais leur rôle essentiel s’adresse aux peuples ».
Saluant à cet égard le peuple irakien, il a ajouté : « Cette République islamique d’Iran ne veut rien des peuples de la région… Comment pourrions-nous oublier ce que l’Iran a fait pour protéger l’Irak de Daech ? Comment les gens normaux peuvent-ils regarder avec affection l’Arabie saoudite, qui a envoyé plus de 5.000 kamikazes en Irak ? Sachant que celui qui a créé Daech, le protège et facilite son travail et son financement, ce sont les États-Unis d’Amérique, de l’aveu de leurs dirigeants dont Donald Trump et autres. Et de l’aveu d’un sénateur américain républicain qui a parlé franchement sur ce qu’il s’est passé en Syrie et en Irak, ce qui avait été planifié sur le pillage du pétrole et du gaz pour que les gens meurent de froid et sur la destruction des champs de blé pour qu’ils meurent de faim. Le tout pour provoquer une autodestruction. Ce que nous avions dit dès le début ». Sayed Nasrallah fait allusion au sénateur Richard Black.
Le projet de Daech n’est pas terminé en Irak et en Syrie
Selon sayed Nasrallah, « le projet de Daesh n’est pas encore terminé et son exploitation perdure… Ce qui a été renversé, c’est le gouvernement de Daech, comme l’avait dit le général martyr Qassem Soleimani, mais il y a toujours une tentative de le relancer en Syrie, en Irak, et en Afghanistan. Daech commet des crimes chaque semaine ».
Assurant que l’Iran ne convoite nullement le pétrole irakien, contrairement aux autres pays, dont les USA, qui parlent ouvertement de leurs convoitises, il a souligné : « La République islamique fait tout ce qui est en son pouvoir, avec le sang de ses dirigeants et ses martyrs, pour soutenir l’Irak. Tout l’Iran était prêt à défendre le peuple irakien face à Daech ».
Suivez les évolutions internationales, elles vont changer la face du monde
Et de poursuivre : « Après (les accords de) Camp David et les transformations intervenues dans la région, s’il n’y avait pas d’État dont le nom est l’Iran, où seraient donc passés la Palestine et le Liban dans toute la région. Et après le soi-disant Printemps arabe et Daech, s’il n’y avait par un État qui s’appelle l’Iran, où seraient passés ces pays dans la région ? »
Estimant que « l’élément le plus important dans l’axe de la résistance aujourd’hui est la République islamique d’Iran », sayed Nasrallah a mis en garde ceux qui misent sur les Etats-Unis : « A ceux qui parient sur les Etats-Unis, regardez comment ils combattent la Russie par le biais des Ukrainiens puis par celui des Européens, alors qu’ils restent installés chez eux, en train de les regarder faire pour qu’ils récoltent en fin de compte les résultats».
A la fin de son discours, le chef du Hezbollah a conseillé de suivre les évolutions internationales : « ce qu’il se passe dans la question russo-ukrainienne pourrait changer la face du monde. Le Liban est concerné de suivre ce qui s’y passe, ceci relève de sa responsabilité et son éveil ».
Source: Al-Manar