A deux semaines de la fin du mandat présidentiel, l’ingérence soaudienne au Liban est au plus fort en préparation à l’élection d’un nouveau président. Son ambassadeur Walid al-Bukhari multiplie ses tournées auprès des dirigeants politiques, des partis et des autorités religieuses. Ce lundi il doit se rendre au palais de Baabda pour rencontrer le chef de l’Etat Michel Aoun et le chef du Parlement Nabih Berri.
Dans un tweet posté le dimanche 16 octobre, il a appelé le gouvernement à étendre son autorité sur tous les territoires libanais.
❝ Nous soulignons la nécessité de mettre en œuvre des réformes politiques et économiques structurelles globales au Liban qui conduisent à surmonter sa crise et l’importance d’étendre l’autorité de son gouvernement sur tous les territoires libanais pour contrôler sa sécurité et lutter contre le trafic de drogue et les activités terroristes❞ .
❞ نؤكد ضرورة تنفيذ إصلاحات سياسية واقتصادية هيكلية شاملة في #لبنان تقود إلى تجاوز أزمته وأهمية بسط سلطة حكومته على جميع الأراضي اللبنانية لضبط أمنه والتصدي لعمليات تهريب المخدرات والأنشطة الإرهابية ❝#خطاب_الملك_في_مجلس_الشورى
— Waleed A. Bukhari (@bukhariwaleeed) October 16, 2022
Ces derniers jours, l’ambassadeur saoudien avait intensifié ses efforts pour unir les sunnites du Liban afin d’influencer le processus de l’élection d’un nouveau président.
Le 12 octobre, il a effectué une tournée à Tripoli, au nord du Liban, où il a souligné que les sunnites sont loin des partis et que les affiliations partisanes doivent être unies entre elles.
A l’issue de sa rencontre dans cette ville avec Ashraf Rifi , cet ancien chef des Forces de sécurité intérieure (FSI) farchement hostile au Hezbollah et député actuel du Parlement libanais, l’ambassadeur saoudien a déclaré : « Le Liban est sur le point d’élire un président, nous soulignons l’importance de respecter les délais légaux. La stabilité du Liban nous intéressent ».
Et d’ajouter : « Ainsi, nous sommes obligés d’assumer la responsabilité conjointe. Le Liban traverse une phase de transition et les solutions doivent venir de l’intérieur du Liban. Donc, chacun est obligé de déterminer ses choix politiques pour que la communauté internationale ait une perception positive, en vue d’une coopération et d’un soutien mutuel dans l’avenir ».
Les partisans du Mouvement du Futur, dirigé par Saad Hariri, ont lancé sur les réseaux sociaux une diatribe féroce contre Walid al-Bukhari . Ils ont rappelé d’un ton sarcastique que l’Arabie saoudite avait abandonné Tripoli depuis plusieurs années s’étonnant que son ambassadeur soit maintenant venu dans cette région pour parler de la lutte contre la corruption.
Le Parti démocrate arabe parti à majorité alaouite a également vivement critiqué la tournée de Bukhari à Tripoli.
Selon le site Islam Times, ceux qui ont rencontré l’ambassadeur saoudien à Tripoli ont constaté qu’il était prudent dans ses propos sur les partis libanais, en particulier sur le Hezbollah.
Il aurait toutefois indiqué que: « le Hezbollah est présent sur la scène politique libanaise. Et comme les autres partis, il a des opposants et des partisans, mais il doit cesser de s’immiscer dans les problèmes des autres pays arabes, et s’il ne le fait pas, ses partisans doivent en accepter les conséquences ».
Les tournées du diplomate saoudien se sont étendues jusque dans les régions de Akkar, la Békaa et Chébaa.
Il y a rencontré des jeunes et lancé des promesses de soutien à des projets dans les écoles, universités, centres culturels, cliniques et autres au Liban.
Durant sa tournée, il n’a pu s’empêcher de s’en prendre au Hezbollah, arguant « qu’il détient des informations selon lesquelles il serait en crise ».
Et d’ajouter : « Le Liban ne peut pas continuer à soutenir ses alliés, à la lumière de l’effondrement financier et économique ».
Incapacité à aligner les dirigeants du 14 mars
À cet égard, des sources pertinentes ont rapporté que les rencontres et les contacts de Bukhari avec la jeunesse libanaise, en particulier celle affiliée au mouvement du 14 mars, sont dues à son incapacité à aligner les dirigeants de ce mouvement en faveur de la coopération avec l’Arabie.
Cela a été clairement observé lors de la dernière réunion des représentants sunnites avec l’ambassadeur saoudien.
Même le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, a refusé de participer à la réunion de l’ambassade saoudienne et ne semble pas avoir l’intention de coopérer avec les Saoudiens.