Benjamin Netanyahu, investi le jeudi 29 décembre 2022 à la tête du gouvernement israélien, a dû faire d’importantes concessions à ses alliés d’extrême droite et ultraorthodoxes dans le cadre d’accords de coalition publiés mercredi par la Knesset, le parlement. Inculpé pour corruption dans plusieurs affaires, le chef du Likoud (droite) avait été chassé du pouvoir en juin 2021 par une coalition hétéroclite avant de promettre un retour aux affaires en s’alliant avec des partis ultra-orthodoxes et nationalistes.
Voici certaines des concessions les plus controversées qui ont permis la formation du nouveau gouvernement, considéré comme le plus à droite dans l’entité sioniste.
Deux ministres de la Défense
Bezalel Smotrich, chef de la formation d’extrême droite « Sionisme religieux » devient ministre chargé de la gestion civile de la Cisjordanie occupée au sein du ministère de la Défense. Cette mesure, rendue possible par le vote d’une loi, revient à dédoubler les prérogatives du ministre de la Défense, selon l’AFP.
Elle a été vivement critiquée, notamment par l’ancien ministre de la Défense Benny Gantz, qui a estimé que cela affaiblirait la sécurité en ‘Israël’.
Plus de pouvoir au ministre de la Sécurité intérieure
Les députés de la Knesset ont voté une loi d’élargissement des responsabilités du ministre de la Sécurité intérieure, renommée « Sécurité nationale », sous la direction d’Itamar Ben Gvir, chef de la formation d’extrême droite Force juive.
Elle accorde explicitement au ministre le pouvoir de diriger la politique générale de la police et de définir ses « principes généraux d’action ».
Peine de mort pour les résistants
Le parti de Netanyahu a également accédé à une demande de certains députés d’extrême droite, qui souhaitent que la peine de mort puisse être demandée contre les résistants palestiniens.
Une proposition de loi allant en ce sens sera soumise à la Knesset avant le vote du budget 2023.
Reconnaître les territoires occupés en Cisjordanie
Le gouvernement prendra une décision dans les 60 jours pour reconnaître les colonies ou avant-postes illégaux, établis sans l’approbation du gouvernement en Cisjordanie occupée.
La coalition s’est également engagée à développer des routes et des infrastructures pour les colons en Cisjordanie occupée.
Les condamnés pourront obtenir un portefeuille ministériel
La Knesset a voté une loi autorisant une personne reconnue coupable d’un crime mais pas condamnée à la prison ferme à obtenir un portefeuille ministériel.
Ce vote, mardi 27 décembre 2022, a permis à Arié Dery, leader de la formation ultraorthodoxe séfarade Shass de devenir vice-Premier ministre, ministre de la Santé et de l’Intérieur en rotation avec Bezalel Smotrich, des postes qu’il avait exigés.
La crainte de nouvelles explosions
Dans la foulée de la dernière guerre israélienne contre Gaza en mai 2021 et des agressions quasi-quotidiennes en Cisjordanie, la crainte d’une escalade militaire avec les Palestiniens est bien présente.
«Il y a de nombreuses lignes rouges: Al-Aqsa, l’annexion [de la Cisjordanie], le statut des prisonniers palestiniens (dans les geôles de l’occupation israélienne) … Si Ben Gvir, à titre de ministre se rend à Al-Aqsa, ce sera une grande ligne rouge de franchie et cela mènera à une explosion», confie à l’AFP Basem Naim, haut responsable politique du Hamas.
Ben Gvir s’est déjà rendu ces derniers mois sur l’esplanade des Mosquées. En vertu d’un statu quo historique, les non-musulmans peuvent s’y rendre mais pas y prier, mais la visite d’un ministre israélien en fonction sur ce site serait perçue comme de la provocation parmi les Palestiniens.
«Si le gouvernement agit de manière irresponsable, cela pourrait provoquer une crise sur le plan de la sécurité», s’est pour sa part inquiété le ministre sortant de la Défense, Benny Gantz.
Source: Divers