Le réchauffement des relations entre Riyad et Téhéran a suscité plusieurs réactions et lectures, soulignant la puissance de la diplomatie chinoise en contrepartie du déclin de l’hégémonie américaine dans la région du Moyen-Orient.
Plusieurs points de vue et analyses, d’universitaires et de chercheurs, ont commenté la nouvelle entente intervenue ce Vendredi entre l’Arabie saoudite et l’Iran, depuis la reprise du dialogue et des relations diplomatiques entre eux, et jusqu’à l’annonce de la réouverture des ambassades entre les deux pays, dans un délai de deux mois.
« L’Iran et l’Arabie saoudite ont convenu de rétablir les relations diplomatiques après des pourparlers à Pékin », a déclaré Ashok Swain, professeur de recherche sur la paix et les conflits à l’université suédoise d’Uppsala, ajoutant sur son compte Twitter, que « l’hégémonie américaine dans la politique du Moyen-Orient a officiellement pris fin avec cette entente d’autant que la Chine a prouvé sa capacité diplomatique ».
Jason Brodsky, directeur de la politique chez United Against Nuclear Iran, a déclaré que « si cet accord est pleinement mis en œuvre, un accord que la Chine a négocié entre l’Iran et l’Arabie saoudite, il coutera cher aux intérêts américains et montrera aux USA le prix de traiter leurs partenaires comme leurs adversaires ».
Le correspondant des affaires de sécurité et de défense du réseau d’information indien Wion news, Siddhant Sibal, a indiqué que « l’Iran et l’Arabie saoudite rétablissaient leurs relations dans le cadre d’un accord négocié par la Chine », soulignant que « cet accord modifie la géopolitique de l’Asie occidentale » et hisse la Chine au rang d’acteur important dans la région.
Le chercheur et analyste du centre israélien BESA , Erfan Fard, a souligné que « la reprise des relations diplomatiques par les deux grands rivaux, l’Iran et l’Arabie saoudite, après la médiation chinoise, et après des années de tension, signifie qu’un changement régional majeur est en cours au Moyen-Orient ».
Pour sa part, Michael Doran, directeur du Centre pour la paix et la sécurité au Moyen-Orient à l’Institut américain Hudson, a affirmé : « En négociant cet accord entre l’Iran et l’Arabie saoudite, la Chine a arraché le trône des États-Unis en tant que seule puissance stratégique dans le Golfe ».
Doran a noté que « c’est le résultat logique du réarrangement que l’ancien président américain Barack Obama a entamé envers l’Iran mais auquel l’ancien président américain Donald Trump a mis un terme, sans l’anéantir complètement ».
Annelle Sheline, chercheure au Quincy Institute for Middle Eastern Studies, s’est concentrée sur la médiation de la Chine dans l’accord, soulignant qu’elle est très importante.
Elle a souligné que « cette médiation illustre le rôle que Pékin peut jouer dans la promotion d’un Moyen-Orient caractéristisé davantage par la coopération et le commerce, et dans une moindre mesure par les conflits et les ventes d’armes, comme c’était le cas avec l’hégémonie américaine sur celui-ci ».
Sheline a ajouté que « la Chine offre une vision alternative à la concurrence dans la région », estimant que « les États-Unis devraient œuvrer pour promouvoir la paix et la prospérité des peuples, et non seulement vendre des armes et fournir une assistance en matière de sécurité aux dirigeants tyranniques et à leurs armées ».
Écrivain, chercheur politique et maître de conférences à la School of International and Public Affairs, affiliée à l’université de Columbia, Ian Bremmer, estime que la médiation chinoise dans cet accord fait partie des « plus grandes percées diplomatiques au Moyen-Orient » au cours de la dernière décennie. « La première était l’accord sur le nucléaire iranien en 2015, sous l’ère Obama, la seconde est les accords d’Abraham sous l’ère Trump en 2020. Elle est suivie par le retour des relations saoudo-iraniennes, médiatisé par le président chinois, cette année », a-t-il souligné.
Source: Médias