A moins d’une semaine de la séance fixée pour le 14 juin par le chef du Parlement libanais, au lendemain de l’annonce des partis chrétiens de la candidature de Jihad Azour, la position du tandem Amal-Hezbollah s’est finalement manifestée.
En présence d’une délégation envoyée par le patriarche Bechara al-Rai, le chef du législatif Nabih Berri a réaffirmé le mercredi 7 juin le soutien du tandem Amal-Hezbollah pour la candidature de Sleiman Frangiyeh. Et qu’il est hors de question que leurs députés déposent des feuilles blanches.
La semaine passée, les partis chrétiens de poids avaient annoncé leur soutien à la candidature de Jihad Azour, un ex-ministre des Finances sous le cabinet de Fouad Siniora et fonctionnaire du Fonds monétaire international.
Il a fallu de longues semaines de tractations entre les Forces libanaises, les Kataeb et surtout le Courant patriotique libre pour s’entendre sur un seul candidat. La position du CPL émanant surtout de son chef Gebrane Bassil porte un coup à son alliance avec le Hezbollah.
Cette entente jouit de l’appui du patriarche Rai qui s’est rendu à Paris pour l’annoncer au président français Emmaneul Macron. On rapporte à son retour au Liban que ce dernier qui soutient la candidature de Frangié lui a demandé d’en informer avec les autres composantes libanaises récalcitrantes.
Avant de se rendre chez Berri, la délégation du patriarche s’était rendue auprès du secrétaire général du Hezbollah sayed Hassan Nasrallah.
Pour de nombreux observateurs, la candidature d’Azour n’a de raison d’être que de saper l’accès de Frangié au Palais de Baabda, comme l’assure l’analyste Ibrahim Bayram. Selon ce dernier, Azour n’a rien d’un candidat consensuel.
Bayram estime que cet économiste est aussi « l’associé dans toutes les politiques monétaires adoptées pour le Liban » et dont il en a découlé la crise dans laquelle il se trouve depuis 2019.
Positions du Hezbollah
Ces derniers jours, des responsables du Hezbollah ont affiché des positions multiples sur la présidentielle sans s’exprimer sur leur participation.
Le vice-secrétaire général du Hezbollah cheikh Naim Qassem a lancé un nouvel appel au dialogue pour s’entendre sur la personne du président.
Il a déclaré que « personne ne peut imposer de candidat de défi à quiconque » assurant que « le dialogue ne peut aboutir qu’à condition de ne suggérer aucun nom ni aucune idée ».
« Le dialogue est la seule option qui peut accéder au résultat en vue d’élire un président », a-t-il souligné.
Mohamad Raad, le chef du Bloc parlementaire du Hezbollah Fidélité à la Résistance a assuré : « nous sommes attachés au soutien de notre candidat et nous allons exercer notre droit constitutionnel jusqu’à parvenir à l’issue qui puisse sauvegarder notre pays, satisfaire à notre peuple et réaliser les intérêts de tous ».
Le député du Hezbollah Hassan Fadlallah a quant à lui indiqué qu’il y a une multitude de choix constitutionnels pour la séance d’élection. Et elles font l’objet de discussion avec les alliés.
Il avait auparavant déclaré : « ne vous tracassez pas et ne perdez pas votre temps, aucun candidat de défis et de confrontation n’accèdera à Baabda, quel que soit son nom ».
Ce jeudi, le bloc Fidélité à la résistance a donné son dernier mot : par la voix de son porte-parole, il a déclaré que ses députés allaient participer à la séance parlementaire et voter en faveur de Sleiman Frangié.
Cette séance, la 12ème depuis la vacance présidentielle à la fin du mandat de Michel Aoun, fin octobre, ne saurait être décisive.
Le candidat se devrait d’obtenir les deux-tiers des 128 voix pour être élu dès la première session, mais ni Frangiyeh ni Azour ne les détient.
Le renvoi à la deuxième session est donc inévitable. Elle ne nécessite pour le candidat que de remporter seulement 65 voix+1, mais aussi un quorum des deux-tiers des députés. Rien n’assure qu’elle se tiendra ou qu’elle mènera à bien l’élection.
Une position manquante est celle de Walid Joumblatt qui détient un bloc de 9 députés et qui a souvent joué le rôle de l’œuf du capitaine dans les échéances présidentielles précédentes.
Il y a quelques jours, il a démissionné de la présidence de son parti dont il a remis la responsabilité à son fils Taymour et il se trouve depuis en dehors du Liban.
Source: Divers