Le Conseil de sécurité de l’ONU a prolongé, le jeudi 31 août, d’un an le mandat de la force de maintien de la paix au Liban (Finul) après des discussions difficiles notamment sur la question de la liberté de mouvement des Casques bleus.
La résolution adoptée par 13 voix pour et deux abstentions (Russie et Chine) « étend le mandat des quelque 10.000 Casques bleus jusqu’au 31 août 2024 ».
Le représentant de la Chine auprès des Nations Unies a exprimé les regrets de son pays « que les réserves du Liban, pays hôte de la FINUL, n’aient pas été prises en considération dans la résolution onusienne ».
Le délégué chinois a souligné que « Pékin, qui participe à la FINUL, estime que la coordination avec l’armée libanaise est nécessaire pour maintenir la paix ».
De son côté, le représentant de la Russie au Conseil de sécurité a également exprimé le regret de son pays « que le texte adopté ne tienne pas compte du règlement trouvé avec le Liban ».
Le délégué russe a souligné « l’importance de la coordination de la FINUL avec l’armée libanaise », exprimant l’inquiétude de son pays « face aux tensions existantes près de la Ligne bleue au sud du Liban ».
Le projet de résolution adopté conserve les paragraphes qui « permettent aux forces internationales de se déplacer et d’inspecter de manière indépendante et inopinée, sans coordination avec l’armée libanaise, ni se coordonner ».
Des sources diplomatiques citées par la télévision libanaise AlMayadeen ont indiqué que « l’assistance fournie à l’armée libanaise, sous forme de carburant et de soutien médical, a été supprimée du projet de résolution ».
Les sources ont rapporté que « la seule amélioration du projet par rapport à la précédente résolution de l’ONU est qu’il mentionne la périphérie d’Al-Mari et le nord de la localité frontalière de Ghajar ».
Il exhorte également le gouvernement d’occupation israélien à « accélérer le retrait de ses forces du nord de Ghajar et de la periphérie d’Al-Mari, sans retard et en coordination avec la FINUL », qui à son tour communique avec ‘Israël’ et le Liban pour aider au retrait.
Nécessité de « coordonner avec le gouvernement du Liban
Le texte appelle en outre toutes les parties à « assurer que la liberté de mouvement de la Finul dans toutes ses opérations et que l’accès de la Finul à la Ligne bleue (frontière de facto entre l’entité sioniste et le Liban, NDLR) dans sa totalité soient respectés et non entravés ».
« La Finul n’a pas besoin d’autorisation préalable ou de permission pour mener les tâches de son mandat » et « est autorisée à conduire ses opérations de façon indépendante », poursuit le texte, soulignant toutefois la nécessité de « coordonner avec le gouvernement du Liban ».
Trahison des Emirats
Or, les Emirats arabes unis en coordination avec les Israéliens avaient envisagé un amendement, vu par l’AFP, supprimant cette référence à la coordination avec les autorités libanaises, comme dans la résolution de 2022, mais n’a finalement pas soumis cette modification au vote.
Les médias israéliens ont rapporté jeudi que l’ambassadeur de l’occupation israélienne auprès des Nations Unies avait réussi à convaincre les Émirats arabes unis de voter en faveur de la prolongation du mandat de la FINUL au Liban.
« Jusqu’à la dernière minute, il y a eu des divergences d’opinions et des tentatives de modifier le texte de la prolongation du mandat de la force des Nations Unies, la FINUL, déployée au Liban », a déclaré Gili Kohi, correspondant politique de la chaîne israélienne Kan.
Et d’ajouter: « À la dernière minute, nous avons réalisé un exploit important. Les force des Nations Unies n’auront pas besoin d’obtenir une autorisation préalable avant les patrouilles qu’elles sont censées effectuer près de la frontière ».
Kohi a expliqué que cette affaire est « le résultat des efforts diplomatiques entrepris par l’ambassadeur d’Israël auprès des Nations Unies, Gilad Erdan, lorsqu’il a réussi à maîtriser les Émirats arabes unis, qui ont presque imposé un veto lors de leur vote sur cette question ».
En juin dernier, les médias libanais rapportaient que le ministre des Affaires Etrangères Abdallah Bou Habib cherchait à corriger « l’erreur commise l’année dernière, qui avait conduit à la prolongation d’un an du mandat de la FINUL, selon de nouvelles règles d’engagement, qui avaient permis aux forces internationales d’étendre leur mouvement au sud du Liban ».
« Liberté » et « coordination »
Le gouvernement libanais, dans une lettre au secrétaire général de l’ONU, a lui aussi appelé à une reconduction de la force mais sur la base de la résolution de 2021 qui n’insistait pas autant sur l’indépendance de mouvement des Casques bleus.
« La liberté de mouvement doit être respectée, oui, mais doit également inclure des contrôles, pour différentes raisons », a fait valoir la représentante libanaise Jeanne Mrad, évoquant notamment la question de la sécurité du personnel de l’ONU.
Coordination ou confrontation avec les résidents du sud ?
Le Premier ministre libanais Najib Mikati a toutefois salué le renouvellement du mandat. Le texte « prend en compte un élément clé demandé par le Liban, concernant le rôle de la Finul d’opérer +en coordination avec le gouvernement libanais+ », a-t-il noté dans un communiqué.
Le correspondant d’AlManar au sud-Liban, Ali Shoeib, a écrit sur son compte X (ex-twitter) : « Le commandement de la FINUL au Sud-Liban sait très bien que s’il y a un changement dans la nature du mouvement de ses forces, il se retrouvera dans une confrontation avec les résidents du Sud-Liban. Selon les estimations, les forces de la FINUL ne se déplaceront pas sans coordination avec l’armée libanaise ».
Le secrétaire général du Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah, a évoqué le statut et l’avenir des forces de la FINUL au Liban, dans son discours à l’occasion de la fête de la deuxième libération du Liban, le lundi 28 août 2023.
Sayed Nasrallah a indiqué qu’ils veulent que « les forces de la FINUL au Liban se transforment en espions en faveur de l’occupation israélienne », exprimant le soutien de la résistance au gouvernement libanais dans sa démarche.
« Une force armée étrangère qui se déplace sur le territoire libanais sans l’autorisation du gouvernement et de l’armée libanaise, sans coordination avec l’armée libanaise, où est la souveraineté dans tout cela? », avait lancé Sayed Nasrallah.