Si les Palestiniens dans la bande de Gaza ne sont pas tués sur le champ dans les raids israéliens qui pleuvent sur leurs villes et maisons, ils succomberont à une mort lente dans les hôpitaux qui manquent de tout. D’autant que la majeure partie de l’aide médicale introduite ne répond pas aux besoins. « Israël veut rendre gaza invivable en visant son secteur médical », dénonce le chirurgien britannique Ghassan Abou Setta.
Morte à 15 mois pour manque d’oxygène
Le cas de la bébé Cydra Ayman Matar illustre parfaitement le calvaire que vivent les Palestiniens blessés ou malades en raison de l’effondrement du secteur médical dans l’enclave qui fait l’objet, depuis plus de 100 jours, de la guerre israélienne la plus sanguinaire.
Âgée de 15 mois, elle souffrait d’une forte infection pulmonaire suite à l’inhalation des gaz dégagés par les bombes fumigènes larguées dans un raid israélien sur sa maison familiale. Hospitalisée en urgence dans l’hôpital Kamal Adwane à Gaza, elle a succombé après un mois, le 6 janvier dernier, en raison d’une pénurie d’oxygène.
70% de l’aide ne répond pas aux besoins
Cet hôpital de Beit Lahia est actuellement le seul qui a repris ses activités, au nord de la bande de Gaza, après avoir fait l’objet d’une attaque par les militaires israéliens qui ont détruit une grande partie de ses infrastructures. Il manque de tout, de médicaments, d’équipements médicaux et de cadres qui ont été dispersés, arrêtés ou tués.
Le porte-parole du ministère de la Santé à Gaza a révélé que 99 cadres médicaux de la bande sont toujours arrêtés par les forces d’occupation israéliennes.
Lors d’un point de presse ce dimanche, D. Achraf al-Qodra s’est aussi pliant que « 70% de l’aide médicale qui a été envoyée dans la bande de Gaza ne répond pas aux besoins essentiels ».
Il a signalé qu’aucune avancée dans le mécanisme d’entrée de l’aide médicale dans l’enclave.
Selon lui, la plupart des hôpitaux de la bande de Gaza sont dans l’incapacité de fournir les services médicaux nécessaires vu que la situation dépasse de loin leurs capacités. Il découle d’après lui que des centaines de cas graves et compliqués attendent leur tour pour une opération chirurgicale et que les hôpitaux sont obligés de procéder à une sélection pour les opérer.
600 malades pour 18 appareils
La fondation al-Dameer (La Conscience) pour les droits de l’Homme a dénombré à l’hôpital Abou Yousef al-Najjar de Rafah, quatre cas d’insuffisance rénale qui sont décédés.
A savoir que 1.175 patients souffrent dans l’enclave de cette maladie.
Dans cet hôpital, 600 d’entre eux, des déplacés, sont répartis sur les 18 appareils de dialyse dont il dispose.
Vider Gaza en visant les hôpitaux
Dans une interview avec la chaine qatarie al-Jazeera, le chirurgien britannique d’origine palestinienne Ghassane Abou Setta a accusé Israël de vouloir transformer la bande de Gaza en un endroit invivable pour ses habitants en visant les hôpitaux.
Ce médecin s’était rendu dans le cadre de l’ONG Médecins sans frontière, dans la bande de Gaza deux jours après le déclenchement de la guerre israélienne, après l’opération du Hamas Déluge d’al-Aqsa contre des positions et des colonies israéliennes dans l’enveloppe de Gaza.
« Les hommes politiques et les chefs militaires se comportent en toute clarté afin que Gaza ne soit plus un endroit vivable », a-t-il affirmé.
Et d’insister : « Ils veulent nettoyer Gaza de ses habitants et l’un des moyens le plus efficace pour cela est de détruire le secteur médical ».
Abou Setta évoque les opérations sans anesthésie, les désinfections extrêmement douloureuses sans morphine, les transferts des blessés et des malades d’un hôpital à un autre, et des conditions de travail très pénibles.
« Je faisais entre 12 et 15 opérations par jour », a-t-il assuré, estimant que le plus difficile pour lui a été de s’occuper des enfants blessés. Et de perdre tous les trois jours un collègue du secteur médical.
« Durant cette guerre, les Israéliens ont tué 300 médecins et infirmiers », a-t-il déploré. Evoquant le cas du directeur de l’hôpital al-Chifa, docteur Haytham Abou Hani qui a été tué ainsi que son épouse et ses enfants dans un raid israélien.
Gaza, l’enfer sur terre
Des médecins britanniques qui se sont rendus dans la bande de Gaza et ont travaillé dans l’hôpital Martyrs d’al-Aqsa entre fin décembre et le 9 janvier, ont déclaré qu’ils ont vu là-bas « les pires blessures de leur carrière » et qu’ils ont souvent dû soigner les blessés sans équipement médical.
« Ce que j’ai vu était pire que mes attentes », a indiqué le Professeur Nick Maynard. « J’ai vu des enfants atteints de brulures mortelles, d’amputation de leur membre, de blessures mortelles dans le ventre et la poitrine ».
« Gaza était l’enfer sur terre », a-t-il décrit pour le site d’information arabophone londonien al-Quds.
Selon un nouveau bilan des victimes dans la bande de Gaza, fourni ce dimanche par le ministère de la Santé de Gaza, 25.105 martyrs et 62.681 blessés ont été recensés depuis le 7 octobre.
Source: Divers