« Nous avons perdu la guerre », tel est le constat amer du Haaretz selon lequel « Netanyahu est le pire leader des juifs »
Selon son chroniqueur politique, Haïm Levinson le fait d’avoir perdu la guerre « est la conclusion claire pour tout israélien ». « c’est la difficulté de le reconnaitre qui résume l’état d’âme du public israélien », ajoute-t-il. « Nous sommes face à une réalité claire, aiguë et exigeante, et nous devons commencer à l’absorber, à la comprendre et à en tirer des conclusions pour l’avenir. Mais ce n’est pas gentil de dire que nous avons perdu, alors nous nous mentons à nous-mêmes ».
« Après six mois, nous aurions pu être ailleurs, mais nous sommes les captifs des pires leaders de l’histoire d’Israël », a noté Levinson dans son article.
« Il n’est pas certain que nous puissions retourner à la frontière nord, en toute sécurité », a-t-il expliqué, soulignant que « le Hezbollah a changé l’équation en sa faveur ».
« Il y a maintenant une forte probabilité qu’au fil des ans, tout voyage à la frontière nord soit ciblé », a ajouté Levinson. Tous les prisonniers ne reviendront pas. Toute menace iranienne nous ébranlera. Notre réputation internationale en a pris un coup. Notre faiblesse de leadership a été exposée ».
Le chroniqueur du Haaretz estime que « pendant des années, nous avons réussi dans la tromperie que nous sommes forts, avec des gens intelligents et une armée très puissante. Pratiquement, nous sommes un petit village juif avec une armée de l’air ».
« Une partie de la difficulté à admettre que nous avons perdu provient de la sainteté de l’armée, car il était interdit de dire un mauvais mot sur l’armée. Ce n’est que le 7 octobre que nous pourrions dire – à un moment donné – que c’est une honte », a-t-il écrit.
« Rafah est la nouvelle arnaque vendue par les trompettes pour nous dire que nous sommes devant une victoire », a-t-il déclaré, soulignant qu ‘ « au moment où ils entreront à Rafah, l’événement perdra tout son sens ».
La semaine passée, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait déclaré entre « à un pas de la victoire », tout en insistant que l’offensive contre Rafah aura lieu. L’armée d’occupation israélienne avait retiré la majeure partie de ses unités dans le sud de la bande de Gaza, après plusieurs opérations à Khan Younes, au cours desquelles 15 militaires israéliens ont été tués, selon le Hamas.
« la vérité est que les objectifs de la guerre ne seront pas atteints. Le Hamas ne sera pas détruit. Les prisonniers ne seront pas ramenés sous la pression militaire. La sécurité ne reviendra pas », objecte Levinson du Haaretz.
Il a poursuivi en disant : « plus les trompettes crient : nous gagnons, plus nous perdons. Le mensonge fait partie d’eux. On doit s’y habituer. La vie est moins sécurisée qu’elle ne l’était avant le 7 octobre. Le coup dur va perdurer de nombreuses années », a-t-il déclaré.
Et de conclure : « L’isolement international ne disparaîtra pas. Les morts ne reviendront pas. Ni beaucoup de prisonniers non plus. »
Le chef du Mossad David Barnea chargé de diriger la délégation israélienne pour les négociations indirectes avec le Hamas au Caire avait informé Netanyahu que la libération de tous les otages israéliens dans le cadre d’une trêve conclue serait impossible et dans le meilleur des cas 40 personnes seulement pourraient entre relâchés, a rapporte le Times of Israel.
L’avis défavorable sur le Premier ministre gagne du terrain parmi les observateurs israéliens. Dans un autre article du Haaretz, Anshel Pfeffer déclare que « tout le monde sera d’accord que Netanyahu est le pire leader du people juif » et « la seule chose qui l’importe est son maintien au pouvoir et la manière dont l’histoire va l’évoquer. »
Dans les médias américains, le New York Times s’est fait l’écho du pessimisme des médias israéliens. Il a révélé que beaucoup au sein de l’armée israélienne adressent leurs reproches à Netanyahu « pour ne pas avoir pris de décisions difficiles ».
Dans une analyse, le journal américain estime « qu’Israël trébuche et fait face à l’éventualité de perdre la guerre à Gaza ». Il remarque que le Hamas est retourné dans les régions qui avaient été vidées des miliciens.
Un avis aussi défavorable a été exprimé par le Guardian qui estime « qu’Israël fait face à une grande défaite stratégique liée a sa réputation qui a été sérieusement endommagée, même parmi ses soutiens les plus enthousiastes ».
Selon le journal britannique, « la guerre à Gaza est révélatrice de la chute de l’occident qui paye le prix de son arrogance ».
En « Israël » les sentiments négatifs envahissent les Israéliens en raison de la poursuite de la guerre au sud et au nord. Selon le journal Maariv, citant un récent sondage, 68% d’entre eux ont des sentiments négatifs et les moins de 60 ans seraient les plus pessimistes.
Un précédent sondage il y a quelques jours avait révélé que 62% des Israéliens ne sont pas satisfaits des résultats de la guerre.
En outre, rapporte la chaine qatarie al-Jazeera, les sondages ont aussi montré que les trois-quarts des Israéliens voudraient que Netanyahu démissionne du gouvernement.
Engagé dans un bras de fer avec plusieurs partis israéliens et une bonne partie de l’opinion publique, en voulant imposer des modifications juridiques contestées, lesquelles avaient profondement divisé la société israélienne, le revers sécuritaire causé par l’opération du Hamas, Déluge d’al-Aqsa , le 7 octobre dernier, a encore plus endommagé sa popularité . Son incapacité à réaliser ses objectifs après 6 mois de guerre meurtrière l’enfonce au plus bas. S’il perd la guerre, les Israéliens ne lui pardonneront jamais. Ni l’Histoire.
Source: Médias