Dans les provinces syriennes de Homs et Hama, les quartiers et les villages de la communauté alaouite, dont est issu le président déchu Bachar al-Assad, vivent dans la peur de représailles des nouvelles autorités, qui ont procédé à des centaines d’arrestations, selon des habitants.
1.800 personnes arrêtées
A l’entrée des zones à majorité alaouite, des hommes armés en treillis sont postés à des barrages de contrôle.
Deux témoins – qui comme la plupart des personnes interrogées par l’AFP requièrent l’anonymat pour raisons de sécurité – affirment que des habitants ont été interrogés sur leur appartenance confessionnelle à un barrage.
Shihadi Mayhoub, un ancien député de Homs, qui dit avoir rejoint l’opposition à Bachar al-Assad en 2012, affirme avoir recensé jusque-là « près de 600 noms de personnes arrêtées » dans son seul quartier de Zahra. Dans l’ensemble de la ville, « le nombre de personnes arrêtées dépasse les 1.380 », dit-il.
Pour l’AFP, Rami Abdel Rahmane, directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme, fait lui état d’au moins 1.800 personnes, principalement alaouites, arrêtées à Homs et sa région.
Parmi eux figurent selon M. Mayhoub « des généraux à la retraite, des colonels qui ont régularisé leur situation dans les centres dédiés », et une « majorité de civils et de conscrits ».
Dans le quartier voisin d’al-Sabil, un groupe d’officiers ont été battus devant leurs épouses, assure-t-il.
Arrêtés après avoir remis leurs armes
Selon des habitants, des soldats et conscrits qui s’étaient enregistrés et avaient remis leurs armes, comme demandé par les nouvelles autorités, ont aussi été arrêtés.
Les nouveaux dirigeants – au pouvoir depuis la prise de Damas le 8 décembre par une coalition rebelle dirigé par le groupe islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS)- nient de leur côté tout abus, affirmant cibler les anciens membres des forces d’Assad.
Ils répètent n’avoir pas l’intention de nuire aux minorités, dans un pays multi-ethnique et multi-confessionnel.
Les autorités de Homs ont dit qu’elles allaient libérer les détenus prochainement, selon M. Mayhoub, qui impute les violations de droits aux groupes alliés à HTS.
« Nous vivons dans la peur », témoigne un habitant de Zahra. « Au début, ils ont dit que c’étaient des incidents isolés. Mais il n’y a rien d’isolé dans tant d’incidents ».
Un autre résident confie n’avoir pas eu de nouvelles de son fils, un soldat, depuis son arrestation à un poste de contrôle hors de la ville la semaine dernière.
150 meurtres à Hama et Homs
À travers la Syrie, la violence contre les alaouites, longtemps associés au clan Assad, a considérablement augmenté selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, qui a enregistré au moins 150 meurtres, principalement dans les provinces de Homs et Hama, depuis le 8 décembre.
Le gouvernorat de Hama au centre du pays fait aussi l’objet de persécutions à l’encontre de citoyens alaouites dans les régions nord et est. Des exécutions à l’identité ont été perpétrées sous prétexte que les victimes étaient liées au régime d’Assad, rapporte le quotidien al-Akhbar.
En outre, des pressions sont exercées sur les habitants de certains villages à l’est, notamment à al-Zaghba, Mobatan, Marioud , al-Fanate, et Maan, pour les pousser à les quitter : leurs biens sont pillés et leur demeures incendiées, rapporte un habitant pour al-Akhbar.
Et d’ajouter que des hommes armés ont tué il y a deux jours un civil qui était revenu inspecter sa maison. « Et lorsque les responsables de HTS sont contactés pour connaitre l’identité des assassins, ils disent que la région est en dehors du contrôle de leurs factions et qu’ils n’ont rien à voir avec ces abus ».
Les attaques contre les sites religieux alaouites se poursuivent. Vendredi, le mausolée d’un religieux de la communauté alaouite, cheikh Mohamad al-Ajami a été dynamité au moyen d’explosif par deux hommes.
Source: Divers