Des milliers de manifestants pro-palestiniens ont défilé samedi jusqu’à l’ambassade des États-Unis à Londres pour protester contre le projet du président américain Donald Trump de prendre le contrôle de Gaza et d’en expulser ses habitants.
Agitant des drapeaux palestiniens et portant des pancartes « Ne touchez pas à Gaza », plusieurs milliers de personnes ont marché depuis Whitehall, où se situe la résidence du Premier ministre, jusqu’à l’ambassade américaine située au sud de la Tamise, selon l’AFP.
Donald Trump a proposé la semaine dernière que les Etats-Unis prennent le contrôle de Gaza et en chassent les Palestiniens, envisageant de reconstruire le territoire dévasté pour en faire la « Riviera du Moyen-Orient » après avoir réinstallé ses habitants ailleurs, notamment en Egypte et en Jordanie.
Ses propos ont suscité un tollé mondial et les pays arabes ont condamné la proposition, insistant sur une solution à deux États, à savoir un État palestinien indépendant aux côtés d’Israël.
Dans le cortège londonien, les manifestants affichaient des pancartes : « Tenez tête à Trump » ou encore « M. Trump, le Canada n’est pas votre 51e Etat. Gaza n’est pas votre 52e ». En référence à sa proposition de rallier le Canada aux Etats-Unis.
Des juifs britanniques ont participé à cette marche dont des religieux.
« Je pense que c’est complètement immoral, illégal, mais aussi infaisable et absurde », a déclaré à l’AFP Stephen Kapos, un survivant de la Shoah âgé de 87 ans.
« Vous ne pouvez tout simplement pas expulser deux millions de personnes, d’autant que les pays voisins ont déjà déclaré qu’ils ne les accepteraient pas », a-t-il souligné.
« Cela n’arrivera pas, mais cela fait déjà beaucoup de dégâts de présenter ceci comme une potentielle solution » a poursuivi M. Kapos.
Cette marche à l’initiative de l’organisation Palestine Solidarity Campaign était la 24e dans la capitale britannique depuis la guerre génocidaire lancée par l’entité sioniste contre les Palestiniens de la bande de Gaza après l’attaque anti israélienne du Hamas le 7 octobre 2023.
Cette manifestation, à la différence de celle du 18 janvier qui protestait contre une décision de sécurité empêchant les manifestants d’atteindre le siège de la BBC, s’est passée sans violences de la part des forces de l’ordre qui avaient réprimé et arrêté des dizaines de militants et les ont traduits en justice.
L’un d’entre eux est Chris Nineham, militant anti-guerre chevronné et l’un des principaux organisateurs de la marche pro-palestinienne à Londres a été traduit devant le tribunal de Westminster, où il a plaidé non coupable des accusations de violation des restrictions policières ce jour-là .
Dans une interview avec la chaine qatarie al-Jazeera, il exprimé ses inquiétudes quant à l’hostilité de la police envers les manifestations pro-palestiniennes, mettant en garde contre un « agenda trumpien ».
« Nous avons été témoins d’une escalade significative dans la gestion des mouvements de protestation palestiniens par la police depuis le début de l’agression dans la bande de Gaza », a-t-il confié pour al-Jazeera. « La situation devenait de plus en plus tendue, mais récemment, la police a commencé à gérer les manifestations avec une cruauté sans précédent, de nombreux manifestants ayant été arrêtés, y compris des personnalités publiques et des membres du parlement. »
Selon ce vice-président de la coalition Stop the War, il était clair dès le début que les autorités britanniques cherchent à réduire l’ampleur des manifestations, à les marginaliser, voire à les criminaliser. Il a fait référence aux déclarations de ministres du gouvernement britannique et de dirigeants publics qui ont décrit les manifestants comme des « organisations extrémistes » ou des « manifestations de haine », ce qui a conduit à faire pression sur la police pour qu’elle renforce la répression.
Il a aussi constaté que la gestion de ces manifestations pro palestiniennes est différente des autres manifestations contre la guerre en Irak ou des manifestations syndicales, car ces manifestations ont été marquées par de plus grandes restrictions imposées aux manifestants, par le nombre d’arrestations ou d’intervention policière généralisée.
L’activiste britannique a exprimé les inquiétudes des organisateurs concernant l’escalade actuelle du président américain Donald Trump, qu’il a décrite comme « l’agenda Trump », appréhendant que le gouvernement britannique ne suive la Maison Blanche, ce qui pourrait affecter la répression continue des manifestations, en particulier à la lumière de la réponse croissante du gouvernement aux tendances d’extrême droite.