Donald Trump s’est dit prêt à « régler » seul le problème nord-coréen, sans l’aide de la Chine, selon des propos publiés dimanche par le Financial Times, à quelques jours de la visite du président chinois Xi Jinping.
« Si la Chine ne règle pas la Corée du Nord, nous le ferons », affirme le président américain avec l’intention évidente de montrer sa détermination et sa fermeté, avant de recevoir le président chinois Xi Jinping, jeudi et vendredi, dans sa résidence privée de Mar-a-Lago, en Floride.
A la question de savoir si les Etats-Unis pourraient agir seuls, sans attendre l’aide de la Chine, Donald Trump répond: « Absolument », sans donner plus détails.
« La Chine décidera de nous aider ou pas avec la Corée du Nord (…) S’ils ne le font pas, ce ne sera bon pour personne », ajoute encore le président américain dans cet entretien au quotidien financier britannique.
L’ambassadrice américaine à l’ONU, Nikki Haley, avait déjà indiqué dimanche que les Etats-Unis entendaient « mettre la pression » sur la Chine pour qu’elle « agisse » contre la course à l’arme nucléaire de la Corée du Nord.
« Le seul pays qui peut stopper la Corée du Nord est la Chine et ils le savent (…) Ils doivent agir et nous allons continuer à mettre la pression sur la Chine pour qu’ils agissent », a-t-elle martelé lors d’un entretien diffusé dimanche sur la chaîne américaine ABC.
Le président américain Donald Trump avait indiqué jeudi sur son compte Twitter que la rencontre avec Xi Jinping serait « très difficile », en raison notamment des différends commerciaux entre les deux grandes puissances.
Mais « la conversation la plus importante sera comment nous allons gérer la non-prolifération de la Corée du Nord », a estimé Nikki Haley, laissant augurer d’un tête-à-tête tendu entre les deux dirigeants sur le dossier nord-coréen.
Pékin a déjà annoncé la fin de ses importations de charbon nord-coréen, conformément aux sanctions de l’ONU visant à convaincre ce pays de renoncer à ses programmes nucléaire et balistique. Une mesure jugée insuffisante par Nikki Haley.
« Nous savons que (le charbon) rentre par d’autres moyens. Nous voulons voir des actions fortes de la Chine pour condamner la Corée du Nord et non pas seulement des paroles », a-t-elle ajouté.
Depuis son arrivée à la Maison Blanche, Donald Trump laisse planer la possibilité d’une action militaire contre la Corée du Nord, si cette dernière refuse d’obtempérer.
Début mars, le président américain avait indiqué être prêt à utiliser « la totalité des capacités militaires des Etats-Unis » pour « contrer les missiles balistiques nord-coréens ».
Manoeuvres navales conjointes entre Séoul, Tokyo et Washington
Et puis au lendemain des propos de Trump, la Corée du Sud, le Japon et les Etats-Unis ont réalisé lundi des manoeuvres navales conjointes destinées à contrer la menace des missiles stratégiques mer-sol tirés par les sous-marins nord-coréens, a annoncé le ministère sud-coréen de la Défense.
Les manoeuvres trilatérales, qui durent trois jours, impliquent 800 militaires.
Elles ont débuté au large du sud de la péninsule coréenne, impliquant des destroyers et des hélicoptères spécialisés dans la lutte contre les sous-marins, a précisé le ministère.
Leur objectif est « d’assurer une réponse efficace à la menace sous-marine du Nord, et notamment aux missiles mer-sol balistiques stratégiques (MSBS) », et de montrer la « forte détermination des trois pays », poursuit le ministère.
Les tensions se sont aggravées sur la péninsule du fait de l’accélération présumée des programmes nucléaire et balistique du Nord. Certains experts redoutent qu’un sixième essai nucléaire ne soit imminent.
En février, Pyongyang avait tiré simultanément quatre missiles, dont trois avaient fini leur course près du Japon. Le Nord avait expliqué qu’il s’agissait d’un exercice en vue d’une attaque contre les bases américaines dans l’archipel.
Fin août 2016, la Corée du Nord avait également tiré depuis un sous-marin un missile qui avait parcouru un demi-millier de kilomètres en direction du Japon, ce qui constituait pour les experts une nette avancée dans les programmes balistiques de Pyongyang.
Une véritable capacité MSBS ferait monter d’un cran la menace nucléaire nord-coréenne, car Pyongyang pourrait ainsi porter sa dissuasion bien au-delà de la péninsule et disposerait d’une capacité de « seconde frappe » en cas d’attaque de ses bases militaires.
S’ils soulignent les progrès nord-coréens, les experts estiment cependant que la Corée du Nord est encore loin de maîtriser la technologie MSBS.
Avec AFP