« Fidèle à son engagement historique pour une paix juste et durable au Proche-Orient, j’ai décidé que la France reconnaîtra l’Etat de Palestine. J’en ferai l’annonce solennelle à l’Assemblée générale des Nations unies, au mois de septembre prochain », a écrit le président français dans un message posté sur X.
La France coprésidera alors avec l’Arabie saoudite une conférence internationale au niveau des chefs d’Etat ou de gouvernement visant à relancer la solution à deux Etats, palestinien et israélien. Cette conférence, initialement prévue en juin, avait été reportée à la dernière minute en raison de la guerre entre Israël et l’Iran. Dans l’intervalle, une réunion au niveau ministériel se tiendra les 28 et 29 juillet.
Le chef de l’Etat français ajoute dans son message que « l’urgence est aujourd’hui que cesse la guerre à Gaza et que la population civile soit secourue ».
A ce jour, 148 Etats reconnaissent un Etat palestinien, soit les trois quarts des membres de l’ONU. Les Etats-Unis et Israël s’opposent fermement à un tel projet.
« Récompense la terreur »
De son côté, le vice-Premier ministre et ministre israélien de la Justice, Yariv Levin, a estimé que cette décision « souille l’histoire de la France », appelant l’occupation « à imposer en réponse son contrôle sur la Cisjordanie et la vallée du Jourdain ».
Le Conseil régional israélien des colonies de Cisjordanie a estimé que « l’absence de réponse constituerait une menace existentielle pour Israël ».
Selon le site d’information israélien Kipa « la décision de la France de reconnaître l’État de Palestine constitue un coup diplomatique sévère pour Israël ».
La décision française « récompense la terreur », a fustigé le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
« Soyons clairs : les Palestiniens ne cherchent pas à obtenir un Etat aux côtés d’Israël, ils cherchent un Etat à la place d’Israël », a-t-il martelé.
Alliés inconditionnels d’Israël, les Etats-Unis ont « fermement » rejeté le projet français, évoquant une décision « imprudente » qui fait reculer la paix. « C’est un camouflet pour les victimes du 7 octobre », a déclaré le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio.
Les gages de l’AP : démilitariser le Hamas
Le vice-président de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), Hussein al-Cheikh, a de son côté salué cette décision en faveur de « l’établissement de notre Etat indépendant ». C’est un « pas positif », a renchéri le Hamas, en appelant d’autres pays à suivre cet exemple.
L’Arabie saoudite s’est aussi félicitée d’une décision « historique » et a appelé les autres pays à prendre « des mesures positives similaires ».
La France « mobilisera tous ceux de ses partenaires internationaux qui souhaitent y prendre part », a promis Emmanuel Macron dans une lettre adressée au président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.
Dans une lettre en date du 9 juin adressée au président français, Mahmoud Abbas s’est engagé à une démilitarisation du mouvement Hamas, dans le cadre d’un futur Etat palestinien.
Il s’est aussi dit prêt à organiser des élections législatives et présidentielle en 2026 afin de « renforcer la légitimité » de l’Autorité palestinienne et son « autorité sur le futur Etat palestinien », y compris Gaza, rappelle Emmanuel Macron dans sa lettre.
Autant de gages en faveur de la solution à deux Etats, estime le président français, en espérant convaincre les Israéliens qu’elle est aussi dans leur intérêt.
Israël détruit la solution des deux Etats
Le 19 mai, le Royaume-Uni, le Canada et la France avaient ouvert la voie à une éventuelle reconnaissance dans une déclaration commune. Mais depuis, aucun des dirigeants de ces trois pays n’avait franchi le pas.
Le 10 juillet, en visite au Royaume-Uni, Emmanuel Macron avait appelé à une reconnaissance commune de l’Etat de Palestine par la France et le Royaume-Uni, sans succès pour l’heure.
En mai 2024, l’Irlande, l’Espagne et la Norvège, rejointes un mois plus tard par la Slovénie, avaient déjà franchi le pas en Europe.
« Ensemble, nous devons protéger ce que (Benjamin) Netanyahu essaie de détruire. La solution à deux Etats est la seule solution », a réagi le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez sur X.
Mais les Européens restent divisés sur cette question, l’Allemagne estimant qu’une reconnaissance aujourd’hui serait « un mauvais signal ».
Mercredi, la Knesset a voté à la majorité en faveur de l’annexion de la Cisjordanie pour empêcher un Etat palestinien. Le mardi, une réunion entre des responsables de la droite et l’extrême-droite israéliennes avec des chefs d’organisations de colons discutait de l’annexion de la bande de Gaza.
Cette annonce intervient alors que l’émissaire américain Steve Witkoff a acté jeudi l’échec des pourparlers menés à Doha en vue d’un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.
Israël fait la sourde oreille à la pression internationale croissante sans menace de sanction pour mettre fin aux souffrances des plus de 2 millions d’habitants du territoire palestinien, soumis à un blocus qui les prive d’une aide humanitaire vitale et les plonge dans la famine. 115 Palestiniens en ont succombé dont plus de 80 enfants.
Source: Agence