Le président du Conseil européen, Antonio Costa, a vivement critiqué vendredi le plan israélien d’occuper la bande de Gaza, estimant qu’une « telle décision » devait avoir « des conséquences » sur les relations de l’UE avec Israël.
Le dirigeant, qui préside l’institution réunissant les 27 chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE, a qualifié la situation à Gaza de « dramatique ». Il a estimé que la décision du gouvernement israélien de prendre le contrôle de la ville de Gaza ne ferait que l’aggraver davantage ».
« Une telle décision doit avoir des conséquences sur les relations UE-Israël », a-t-il averti sur le réseau social X.
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a elle aussi exhorté vendredi Israël à « revenir » sur son plan pour Gaza.
Fin juin, la Commission européenne avait déjà estimé qu’Israël violait un article de l’accord d’association qui l’unit à l’UE, en matière de respect des droits de l’homme.
En guise de riposte, elle avait proposé de suspendre certains financements européens pour des start-up israéliennes.
Mais cette décision n’a pas encore obtenu le feu vert des Etats membres.
Les Vingt-Sept se sont montrés particulièrement divisés sur l’attitude à adopter vis-à-vis d’Israël depuis le début de sa guerre à Gaza contre le Hamas, en réplique à l’attaque sans précédent menée le 7 octobre 2023 sur le sol israélien par ce mouvement islamiste palestinien.
Plusieurs Etats membres, dont l’Allemagne, ont longtemps insisté sur le droit d’Israël à se défendre, dans le respect du droit international, tandis que d’autres, comme l’Espagne, dénoncent un « génocide » à l’encontre des Palestiniens de Gaza.
Berlin a toutefois amorcé un changement de cap majeur vendredi, en annonçant suspendre les exportations d’armes qu’Israël pourrait utiliser à Gaza. L’Allemagne est le deuxième plus grand exportateur d’équipements militaires vers Israël après les États-Unis.
Un sondage réalisé par la Fondation Cifi pour le journal allemand Tagesspiegel a révélé que le soutien à Israël est en baisse parmi les Allemands. Il a montré que près de la moitié de la population allemande s’oppose aux exportations d’armes vers Israël, une tendance particulièrement prononcée parmi les électeurs du Parti de gauche, dont quatre sur cinq d’entre eux s’opposent à l’exportation.
La Belgique a quant à elle annoncé convoquer l’ambassadrice d’Israël après l’annonce du plan israélien pour Gaza.
« L’objectif est clairement de témoigner de notre totale désapprobation quant à cette décision », a affirmé le ministre belge des Affaires étrangères, Maxime Prévot.
Un tribunal belge a ordonné au gouvernement flamand de suspendre le transfert d’équipements militaires vers Israël après la découverte d’une cargaison dans le port d’Anvers en début d’année.
Au sein même de la Commission, les lignes commencent elles aussi à bouger. Dans une interview donnée à Politico cette semaine, sa vice-présidente Teresa Ribera a estimé que la situation à Gaza « ressemblait beaucoup » à un « génocide ».
Source: Avec AFP