La déclaration du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, lors de sa conférence le dimanche 10 août, affirmant qu’« Israël a aidé le gouvernement libanais dans ses efforts pour désarmer le Hezbollah », n’a pas suscité la réaction du chef du gouvernement libanais, malgré sa gravité.
Cela révèle soit une lâcheté volontaire de la part de l’État libanais, soit une soumission totale aux injonctions américano-saoudiennes qui empêchent les piliers de l’Etat d’attaquer ‘Israël’, même par une prise de position !
Au lieu de se mobiliser et de restaurer sa dignité, le gouvernement a passé la journée de lundi à multiplier les appels téléphoniques pour discuter de l’idée de présenter des excuses pour ne pas recevoir le représentant du Guide suprême iranien, le secrétaire général du Conseil suprême de sécurité nationale, Ali Larijani, qui doit se rendre à Beyrouth mercredi. Et ce, en protestation aux déclarations officielles iraniennes soutenant la Résistance et le Hezbollah.
Bien que de nombreuses preuves démontrent que l’envoyé saoudien pour le Liban Yazid ben Farhane est à l’origine de la campagne lancée lundi pour annuler la visite de l’hôte iranien, il est désormais clair que les excuses ont été initialement proposées par le Premier ministre Nawaf Salam, qui agit à la demande de l’envoyé saoudien et se plie sans réserve à toutes ses demandes.
Pour sa part, le parti des Forces libanaises (FL) soutient Salam sur ce point.
Le quotidien libanais Al-Akhbar a appris que le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, exerce des pressions sur Salam pour convaincre le président Joseph Aoun de ne pas recevoir le responsable iranien. Ce dernier a rejeté cette demande, la considérant comme une violation du protocole diplomatique.
On a également appris que le ministre des Affaires étrangères des Forces libanaises, Youssef Rajji, poursuit ses contacts internes et externes pour tenter d’annuler la visite ou contraindre l’Iran à présenter des excuses pour ses déclarations de soutien à la Résistance.
Des sources bien informées ont indiqué à Al-Akhbar que « Larijani n’a pas sollicité de rencontre avec Rajji et qu’il se rendra au Liban et repartira le jour même après avoir rencontré les trois présidents ainsi que la direction du Hezbollah. »
Il semble que le Hezbollah prépare une réception populaire en son honneur. Les sources estiment que « tenter d’empêcher Larijani de se rendre à Beyrouth constituerait une manœuvre explosive susceptible de provoquer une vive réaction populaire contre les visites d’autres envoyés étrangers.»
Par ailleurs, l’équipe locale, soumise aux diktats étrangers, se prépare à recevoir des envoyés internationaux, notamment l’envoyé américain Thomas Barrack, qui sera accompagné de Morgan Ortagus le 18 juin.
Des informations circulent concernant une deuxième visite d’Ortagus au Liban le 24 août, en compagnie du sénateur américain Lindsey Graham, connu pour son extrémisme et son soutien indéfectible à ‘Israël’, qui a déjà appelé à une frappe nucléaire contre Gaza, ainsi que de la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen.
Quoi qu’il en soit, il semble que leur obéissance aux Américains soit bien moins grave que leur soumission à l’Arabie saoudite.
Quiconque suit les détails de la politique quotidienne et s’intéresse aux coulisses politiques est stupéfait par la manière dont le Haut-Commissaire saoudien (Yazid ben Farhane) traite les piliers du pouvoir, du plus haut niveau jusqu’aux plus petites factions et partis.
Il intervient dans les moindres détails, planifie chaque étape et leur ordonne de les appliquer méticuleusement, y compris les détails formels et protocolaires, comme les ordres de ben Farhan au Premier ministre de lire les décisions du conseil des ministres à voix haute plutôt qu’au ministre de l’Information !
Dans le même contexte, après six mois d’échec gouvernemental et l’absence de progrès sur plusieurs dossiers cruciaux, ainsi que l’exclusion de Salam par Aoun des dossiers politiques et sécuritaires les plus importants, et même de nominations administratives et sécuritaires sensibles telles que la nomination du gouverneur de la Banque centrale du Liban et la formation des services de sécurité, la décision de confier le contrôle des armes à l’État libanais a conforté Salam et lui a donné le sentiment que sa présence à la tête du pouvoir exécutif « avait du sens ».
Selon des sources citées par Al-Akhbar, Salam était constamment préoccupé par son propre remplacement et pensait que son sort était lié à la prise de décisions conformes à l’agenda saoudo-américain.
Cependant, depuis la dernière réunion du cabinet, il a commencé à se comporter comme s’il était « le héros qui a pris la décision difficile », a-t-on ajouté de mêmes sources.
Même les mouvements populaires rejetant la décision de désarmer la Résistance ne l’ont pas dissuadé. Au contraire, ils ont été exploités pour alimenter ses illusions d’héroïsme et renforcer sa position de parrain de cette décision dangereuse.
Des rumeurs circulent selon lesquelles des contacts sont en cours pour répondre à la demande de Salam d’une rencontre prochaine avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (MBS) afin de discuter de la manière d’appliquer la décision du gouvernement et du programme de la phase suivante (sur le monopole d’armes).
Et de poursuivre: « Outre ce que l’on sait du contrôle des députés et des autorités sunnites libanaises par l’envoyé saoudien, les obligeant à prendre position en faveur de Salam, l’Arabie saoudite organisera une grande réunion à Dar al-Fatwa sous le signe du « soutien sunnite » au Premier ministre si la pression politique du camp du Hezbollah sur Salam s’intensifie ».
Parallèlement, les tensions dans les relations entre Salam, le vice-Premier ministre Tarek Mitri et le ministre Ghassan Salameh se multiplient, en raison de l’intransigeance du PM.
La visite de Salam au chef des Forces libanaises a été une source d’irritation supplémentaire pour Mitri et Salameh, qui ont évoqué la « nécessité de respecter sa position de Premier ministre », en plus de leurs inquiétudes quant à sa gestion du dossier des armes de la Résistance.
Traduit du journal al-Akhbar