À peine la délégation du Trésor américain et l’équipe antiterroriste avaient-elles quitté Beyrouth que les autorités se sont empressées d’appliquer leurs exigences.
Les critiques de la délégation US ne se sont pas limitées aux dirigeants ; les alliés politiques des États-Unis ont également été pointés du doigt pour leur manquement à leurs obligations.
Concernant le travail de la Banque centrale du Liban et de ses institutions affiliées, le quotidien libanais Al-Akhbar a appris que le gouverneur de la Banque du Liban (BDL) Karim Souaid s’apprête à annoncer une série de décisions visant à « réglementer les transferts d’argent à destination et en provenance du Liban ».
Il a chargé le service juridique de préparer un projet qui abaisse le montant minimum que les bureaux de change doivent déclarer, conformément au formulaire « Connaissance du client », de 10 000 $ actuellement à 1 000 $ et plus.
Cette mesure créera de facto un marché des changes informel, dont seuls les bureaux de change, qui augmenteront leurs taux de commission, seront avantagés. La décision ne précise pas comment les contrevenants seront poursuivis.
Il convient de noter que de nombreux mécanismes permettent de contourner la nouvelle réglementation, un fait que les banquiers ont déjà signalé aux autorités américaines.
Par ailleurs, les mesures qui seront prises à l’encontre des banques, expertes dans l’art d’attirer les espèces sur leurs comptes, restent floues. Le gouverneur s’est concerté avec certains de ses adjoints sur le projet de circulaire, qui devrait être soumis au Conseil central pour décision dès que le service juridique l’aura finalisé.
Officiellement, l’objectif de cette mesure est de réduire les transactions en espèces et de les orienter progressivement vers les banques, où le contrôle est plus aisé.
Cependant, les observateurs minimisent l’efficacité d’une telle mesure, arguant qu’elle ne réduira pas l’économie informelle, mais renforcera au contraire le marché informel et les transactions en espèces en dehors du système d’échange formel.
De plus, un contrôle accru ne peut en aucun cas englober toutes les transactions effectuées sur le marché, étant donné le montant relativement faible de 1 000 $.
Une somme aussi modique signifierait que la grande majorité des particuliers seraient soumis à un examen minutieux, d’autant plus que les transactions quotidiennes se chiffrent en millions de dollars.
Cependant, cette décision n’affectera pas les négociants qui traitent avec les banques pour leurs importations, car ils sont tenus de déclarer en permanence la provenance de leurs fonds. Selon certaines sources, les autorités libanaises envisagent une mesure similaire concernant les ventes et les achats d’or.
Un responsable US réprimande des députés pro-US
Une délégation du Trésor américain a rencontré plusieurs parlementaires et hommes politiques pro-US au domicile du député Fouad Makhzoumi. Les personnes présentes ont été vivement réprimandées par un responsable américain qui les a accusées d’« inaction et de ne pas assumer leurs responsabilités face au Hezbollah ».
Rodolph Atallah, membre de la délégation américaine, a insisté sur la question du « Qard al-Hasan » et sur la manière de « tarir le financement du Hezbollah », menaçant les participants : « Vous devez comprendre que si vous n’agissez pas, Israël prendra les choses en main. »
Alors que la délégation américaine craignait que sa mention d’Israël ne provoque des réactions parmi les personnes présentes, le député Nadim Gemayel a répliqué : « Nous attendons ce moment depuis 40 ans. »
Le Comité du « Mécanisme »
Parallèlement, la 13e réunion du comité chargé de superviser la mise en œuvre de l’accord de cessez-le-feu, connu sous le nom de « Mécanisme », s’est tenue, mercredi 12 novembre, à Ras el Naqoura.
Mercredi soir, l’ambassade des États-Unis à Beyrouth n’avait publié aucune déclaration concernant cette réunion, malgré un long communiqué relatif à la réunion précédente.
Lors de cette dernière, des propositions de négociations directes avec ‘Israël’ avaient été examinées pour la première fois, et le « Mécanisme » avait été chargé de cette mission.
Des sources proches du dossier ont confirmé à Al-Akhbar que la réunion avait été infructueuse et n’avait abouti à aucun accord.
Comme lors des réunions précédentes, la délégation militaire a passé en revue les violations quotidiennes de l’accord de cessez-le-feu commises par ‘Israël’, soulignant que ces violations retardaient la mise en œuvre de son plan sur le monopole des armes et son redéploiement.
La délégation israélienne a prétendu qu’Israël tenait l’armée libanaise à l’écart de son plan d’escalade et limitait ses opérations militaires au Hezbollah.
Cependant, la délégation libanaise a réitéré son refus d’autoriser l’inspection des propriétés privées appartenant aux habitants du sud-Liban, comme le reclame ‘Israël’, soulignant que cette exigence se heurte à une forte opposition publique et a été rejetée pendant des années lorsque les forces de la FINUL ont tenté de l’appliquer.
Violations israéliennes

Parallèlement sur le terrain, les forces d’occupation israéliennes ont poursuivi la construction d’un mur le long de la Ligne bleue, s’étendant de la périphérie est de la localité de Maroun al-Ras, près de la colonie d’Avivim et du village occupé de Salha, jusqu’à Jal al-Deir, à la périphérie sud de la localité d’Aitaroun.
Elles ont également procédé à des travaux de renforcement et de fortification sur le site de Hadab Yaroun.

Le correspondant de la chaîne Al-Manar a rapporté, tôt ce jeudi, que « des avions de combat israéliens ont attaqué la périphérie de la localité de Tayr Falsayh, dans le district de Tyr, au sud du Liban ».
Il a également fait état « d’une frappe israélienne contre le quartier de Khanouq, au sud de la localité d’Aïtaroun, au sud du Liban ».






