Le plus haut responsable des services de sécurité syriens, le général Ali Mamlouk, a effectué dimanche une visite surprise au Caire, la première rendue publique à l’étranger depuis le début de la guerre en Syrie, selon les médias officiels.
Cette visite rarissime du chef de la Sécurité nationale syrienne, intervient dans un contexte de tension entre l’Egypte et l’Arabie saoudite, grand soutien à l’insurrection en Syrie contre le pouvoir syrien de Bachar al-Assad.
Le général Mamlouk, dont le service chapeaute tous les renseignements en Syrie, « a effectué une visite officielle d’un jour au Caire sur invitation de la partie égyptienne », a indiqué l’agence officielle Sana.
Le responsable syrien, qui apparaît rarement en public, « a rencontré le général Khaled Fawzi, vice-chef de la Sécurité nationale en Egypte, ainsi d’importants chefs de sécurité », a encore précisé l’agence.
Ils se sont mis d’accord, d’après Sana, « sur la coordination des positions politiques entre le Syrie et l’Egypte ainsi que sur le renforcement de la coopération dans la lutte contre le terrorisme qui frappe les deux pays ».
La visite intervient deux semaines après le vote égyptien à l’ONU en faveur d’une résolution russe sur la Syrie qui a provoqué l’ire de l’Arabie saoudite, pourtant allié de l’Egypte d’Abdel Fattah al-Sissi.
La résolution appelait à la cessation des hostilités en Syrie mais sans mentionner les frappes russes.
L’Egypte veut être indépendante
Expliquant les raisons du coup de froid entre Le Caire et Riyad, un journaliste égyptien Ibrahim Issa l’a attribué aux velléités hégémonistes de l’Arabie « qui ne supporte pas les positions souverainistes et indépendantes de l’Egypte et s’emploie pour que la position du Caire soit totalement similaire que celle de Riyad ».
Lors de son programme télévisé diffusé sur la chaine « Le Caire et les gens », Issa a reproché à son pays d’avoir renoncé ces dernières années à son rôle avant-gardiste au sein du monde arabe et « d’avoir suivi les yeux fermés le salafisme wahhabite », selon ses termes.
Dans le discours qu’il a prononcé lors d’un forum organisé par les forces armées, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a assuré que son pays « suivait une politique indépendante sur la question syrienne, insistant sur la nécessité de respecter la volonté du peuple syrien, de désarmer les groupuscules extrémistes et de reconstruire la Syrie.
Commentant la décision de la compagnie pétrolière saoudienne Aramco de suspendre la livraison de pétrole saoudien pour l’Egypte, M. Sissi a nié qu’elle puisse être une riposte au vote de son pays à l’Onu.
Sissi a également violemment critiqué ceux qui selon lui veulent torpiller les relations de l’Egypte et l’isoler: » l’Egypte ne se prosternera que devant Dieu. Nous n’avons aucun problème à faire face à n’importe quel défi tant que les Egyptiens forment un seul coeur… L »indépendance constitue l’honneur, la noblesse et l’éthique . Quiconque voudrait avoir une volonté libre devrait supporer les pressions », a-t-il conclu.
Sources: AFP, Sana, al-Badil, al-Manar