Le président russe Vladimir Poutine s’est entretenu dans la nuit de mardi à mercredi par téléphone avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan et le Premier ministre irakien Haïder al-Abadi à propos de la libération de la ville de Mossoul des miliciens du groupe takfiro-wahhabite Daesh.
« Un échange de vues circonstancié a porté sur l’opération lancée par les troupes gouvernementales irakiennes pour libérer la ville de Mossoul des terroristes de Daesh. Vladimir Poutine a souhaité plein succès à l’armée irakienne et à ses alliés dans l’accomplissement de la tâche assignée. Le chef de l’État russe a exprimé son soutien aux efforts des autorités irakiennes tendant à enrayer le foyer du terrorisme international, à garantir la souveraineté et l’intégrité territoriale du pays », a indiqué le Kremlin dans un communiqué.
Dans une conversation téléphonique séparée, M. Poutine a également évoqué la bataille de Mossoul avec le président turc Recep Tayyip Erdogan, selon le Kremlin, qui n’a pas donné de détails de cette conversation.
Les forces irakiennes ont lancé dans la nuit de dimanche à lundi une offensive pour reprendre Mossoul, deuxième ville du pays, aux mains de Daesh depuis juin 2014.
Les préparatifs en vue de cette offensive ont été marqués par de vives tensions entre l’Irak et la Turquie, qui insiste pour y être associée, ce que le gouvernement irakien voit d’un mauvais oeil.
L’armée syrienne menace
Les dirigeants irakiens affirment en outre que la coalition dirigée par les Etats-Unis œuvrent à faire fuir les miliciens de Daesh vers la Syrie. Un dirigeant de Hachd Chaabi (forces de mobilisation irakienne ), cité par le site Tasnim News, a accusé l’administration américaine de faciliter la fuite des miliciens de Daesh vers la ville syrienne de Raqqa.
Dans ce contexte, l’armée syrienne a accusé la coalition internationale menée par les Etats-Unis de préparer le transfert des takfiristes de Daesh, voulant fuir Mossoul, vers la Syrie.
«Toute tentative de traversée de la frontière [irako-syrienne] est une attaque contre la souveraineté de la Syrie […] et sera traitée avec toutes les forces disponibles», a prévenu l’armée syrienne dans un communiqué publié mardi 18 octobre, rapporte le site RT.
En outre, le communiqué affirme que le plan des Etats-Unis prévoit de sécuriser le déplacement des takfiristes de Mossoul jusqu’à la Syrie voisine, afin de consolider la présence de Daesh dans ce pays et de créer «de nouveaux champs de bataille» dans l’est syrien.
Plus tôt dans la journée, le chef de la diplomatie russe, rappelant que la ville de Mossoul n’était pas totalement encerclée, avait affirmé que «le corridor ouvert posait le risque que les combattants de Daesh puissent fuir de Mossoul afin de se rendre en Syrie».
Obama prédit une bataille difficile
Il est à noter que les dizaines de milliers de combattants irakiens mobilisés pour libérer Mossoul ont gagné du terrain au deuxième jour de cette offensive qui s’annonce « difficile » selon le président américain Barack Obama.
Obama a prédit « une bataille difficile », se disant cependant « convaincu que Daesh sera vaincu à Mossoul et que cela marquera un nouveau pas vers sa destruction totale ».
Une longue bataille
Entre-temps, le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian a averti que cette bataille risquait de durer « plusieurs semaines », voire « des mois ».
Le Drian réunira 12 homologues de la coalition dirigée par les Etats-Unis le 25 octobre à Paris pour « faire un point sur le déroulé des opérations ». Auparavant, la France et l’Irak organiseront jeudi à Paris une réunion ministérielle avec une vingtaine de pays pour « préparer l’avenir politique de Mossoul ».
Les forces irakiennes progressent
Avant d’atteindre les abords directs de Mossoul où seraient retranchés entre 3.000 et 4.500 takfiristes, les forces irakiennes doivent traverser des territoires contrôlés par Daesh autour de la cité.
Elles avancent sur deux axes: depuis Qayyarah, ville située à environ 70 km au sud de Mossoul, et depuis Khazir à l’est.
A Qaraqosh, ville située à 15 km environ au sud-est de Mossoul et contrôlée par Daesh depuis plus de deux ans, l’armée a pris position dans plusieurs quartiers, suscitant la joie des chrétiens qui avaient dû fuir.
Ils ont célébré cette opération mardi à Erbil, capitale de la région autonome du Kurdistan irakien, par des chants et des prières.
Des civils retenus comme « boucliers humains »
Parallèlement, les terroristes de Daech ont transféré de force, vers le centre de Mossoul, les habitants de seize villages avoisinants et ils s’en servent comme bouclier humain, a rapporté le site irakien Al-Soumariya News.
Les terroristes craignent un soulèvement massif des villageois à leur encontre.
Une source sécuritaire, qui a requis l’anonymat, a affirmé qu’au moins 25.000 villageois, pour la plupart des femmes et des enfants, ont été ramenés de force par Daesh au centre de Mossoul.
15 villages avaient été libérés par les forces irakiennes, au premier jour de l’opération de Mossoul, a précisé une source locale dans la province de Ninive.
Source: Divers