Deux rapports destinés à prévoir les perspectives militaires de l’année 2018 ont été publiés par deux institutions israéliennes concernées directement. Le premier de la part de l’armée israélienne, et le second de la part du centre de recherches pour la Sécurité nationale.
L’institution militaire israélienne s’est voulue rassurante en ce début de l’an 2018. Contrairement à l’an 2017.
Une guerre n’est pas prévue, est la conclusion de son rapport qu’elle a laissé fuiter pour le quotidien israélien Israel Today. Elle est le fruit du travail de ses services de renseignements. Le rapport devrait être discuté aux plus hauts niveaux de l’armée ainsi qu’au sein du cabinet ministériel restreint.
Dans les conclusions, ce texte est à l’antipode de celui du centre.
Celui-ci perçoit l’éventualité d’une détérioration de la situation vers une confrontation généralisée sur le front nord, contre le trio ennemi d’Israël, la Syrie, l’Iran et le Hezbollah.
Paradoxalement, estime le journal libanais al-Akhbar, les différences entre les deux rapports ne sont pas aussi importantes.
L’armée juge probable une hausse de la possibilité d’une escalade sécuritaire en raison d’un évènement quelconque, tout en estimant très peu probable une guerre intentionnellement déclarée.
Alors que dans le centre, il est question d’évolutions complexes pour l’année 2018. il évoque une première guerre du Nord sur les deux théâtres syrien et libanais, contre le pouvoir syrien, l’Iran et le Hezbollah ensemble. Tout en laissant penser que la probabilité de cette confrontation est relativement élevée, par rapport à l’an 2017.
Pour l’institution militaire, l’événement déclencheur de l’escalade prévue pourrait aussi bien être une escarmouche entre Israël d’un côté, le Hezbollah, l’Iran ou la Syrie de l’autre. Ou contre le Hamas, dans la bande de Gaza. Mais elle prend toutefois le soin d’exclure l’éventualité de l’éclatement d’un conflit.
Comme exemples, elle évoque la découverte d’un tunnel à Gaza, ou une attaque attribuée à Israël, lesquels enclencheraient des ripostes puis des frappes bilatérales pendant plusieurs jours, sans néanmoins glisser vers une confrontation généralisée.
Pour justifier ses attentes, Tsahal estime qu’aucun des protagonistes de la région n’est disposé à lancer une guerre contre Israël au cours de l’an 2018. Le Hamas étant pris par la réconciliation avec l’Autorité palestinienne, et le Hezbollah et la Syrie par la restauration de leurs capacités militaires fortement endommagées par les années de guerre. Dans les trois cas, les estimations se sont référées aux ripostes de l’an dernier.
Du coup, Israël se devrait d’après les conseils de l’armée bien savoir choisir ses cibles, et étudier d’avance les ripostes aux ripostes, « pour ne pas casser les pots » et pour empêcher une dégringolade vers une guerre ouverte.
Pour le centre de recherches, lequel a scruté l’avis du président Reuven Rivlin, la mise en garde contre l’éventualité de l’éclatement d’une confrontation entre Israël d’un côté et l’Iran, la Syrie et le Hezbollah de l’autre sur les deux scènes libanaise et syrienne n’est pas basée sur une grande éventualité mais semble plus remarquable par rapport à l’an dernier.
Alors que le président du centre Amos Yadlin défend une position inverse.
« Pendant cinq années je me suis attelé au sein du cabinet pour dire que la guerre n’éclatera pas. Mais cette année, je ne suis pas capable de dire la même chose, en raison de la concentration iranienne en Syrie », a-t-il dit.
Et de poursuivre : « Si l’an dernier les estimations d’une guerre étaient de l’ordre de 1%, cette année elles sont passées à 10 % ».
Yadline selon lequel les fronts de guerre seront les deux scènes libanaise et syrienne, a d’ores et déjà donné un nom à cette guerre : « La première guerre du nord », et non pas « la 3eme guerre du Liban »,
Quant aux acteurs antagonistes, il s’agira selon lui d’une fusion des forces du Hezbollah, de l’armée syrienne et des forces sous commandement iranien.
La bande de Gaza a aussi été retenue par le centre de recherches comme éventuel front de guerre de second degré, et la Russie comme acteur antagoniste d’arrière plan.
Le centre parle de « l’inévitabilité d’un conflit d’intérêts avec la Russie », sur fond des divergences entre Moscou et Tel Aviv sur la scène syrienne.
« La Russie s’est garantie un contrôle stratégique pour de longues années sur la scène syrienne. Elle sait certes entretenir de bonnes relations avec tous les acteurs au Moyen-Orient. Mais dans une perspective plus large et plus globale, il y a un conflit d’intérêt d’une façon cruciale entre la Russie et Israël en raison de la couverture que la Russie accorde à la concentration de l’Iran et de ses alliés sur la scène syrienne », conclut l’étude.