Mohammed Ben Salman a bien rencontré en personne le chef du renseignement israélien
L’institution militaire israélienne a soudainement décidé de révéler la rencontre entre le Prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed Ben Salman, et le chef du Conseil de sécurité nationale en Israël, Meir Ben-Shabbat. Cette annonce a été faite par le chef d’état-major de l’armée d’occupation, Gadi Eizenkot, en personne durant plusieurs entretiens avec des quotidiens israéliens.
En fait, cette nouvelle n’est pas une grande surprise car les deux parties, Israël et l’Arabie saoudite, ont préparé progressivement le public concerné. L’annonce de la visite « d’un haut responsable saoudien » en Israël n’était qu’un épisode de ce feuilleton et on disait à l’époque que ce « haut responsable » n’était autre que le Prince héritier Mohammed Ben Salman lui-même, mais le moment n’était pas encore venu de dévoiler son nom.
Le dernier épisode de ce feuilleton est l’accord donné par l’Arabie saoudite à la compagnie Air India pour survoler l’espace aérien saoudien en direction d’Israël. Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a considéré cet accord comme un « événement historique, lourd de sens aux niveaux touristique, économique, technologique et politique ». Cet événement n’est pas important en soi mais en ce qu’il signifie et promet dans les jours prochains.
L’annonce de la rencontre a fait atteindre de nouveaux sommets aux liens récents entre l’Arabie saoudite, représentée par son Prince héritier, et Israël, mais le lieu de la rencontre a été tenu secret. On peut donc se demander pourquoi le secret géographique est-il plus important que le secret de l’information elle-même ? Si la rencontre s’était déroulée aux Etats-Unis, en terrain « neutre », le chef d’état-major de l’armée d’occupation aurait pu sans problèmes ajouter cette information « utile ». La rencontre s’est donc passée soit en Arabie saoudite, soit en Israël. Si elle s’est déroulée en Israël, cela signifie que le Prince héritier s’est rendu dans les territoires palestiniens occupés et cette visite, même si elle était secrète, sera considérée comme une reconnaissance implicite d’Israël. Elle suppose aussi que Ben Selman n’a pas seulement rencontré Ben-Shabbat mais aussi s’autres responsables et il faut s’attendre à de nouvelles annonces de la part d’Israël confirmant cela.
L’autre hypothèse, et la plus plausible, est que le chef du « Conseil de sécurité nationale » israélien s’est rendu en Arabie saoudite pour rencontrer Ben Salman et que cette rencontre a inauguré une coopération aux niveaux de la sécurité et des services de renseignement entre les deux pays. La présence de Ben Salman signifie certainement la présence d’accords signés ou oraux entre l’homme fort de l’Arabie saoudite et les services de renseignement israéliens.
Eizenkot a choisi d’annoncer cette nouvelle durant le «Jour de la Terre» en Palestine, au cours duquel des soldats de son armée ont ouvert le feu sur des centaines de Palestiniens participant à la marche du «Grand Retour », action totalement pacifique.
Le moment a été choisi intentionnellement pour montrer l’opposition symbolique entre la réunion d’un représentant des services de renseignement israéliens avec le chef d’un Etat arabe très important et influent aux niveaux islamique et arabe, et l’assassinat de Palestiniens, la confiscation de leur terre et l’éradication de leur identité.
Reste à savoir comment l’assassinat de Palestiniens et la lutte contre leur cause sacrée répond aux intérêts du Royaume d’Arabie saoudite, qui reste le plus grand symbole de l’arabité et de l’Islam aux niveaux géographique et historique ?
Source : Al-Quds Al-Arabi (Journal aux capitaux qataris)