Alors que dans la majeure partie des pays arabes, les synagogues les plus vétustes et les plus délabrées sont rénovées, comme c’est le cas en Syrie voire au Liban, l’Algérie a décidé de démolir la synagogue « Chaloum Lebhar » qui était sur le point de s’effondrer, ont rapporté les médias locaux dimanche.
La synagogue du quartier Bab El Oued, à Alger, a été détruite dans le cadre d’un projet de démolition des bâtiments anciens et délabrés, selon les autorités algériennes, selon lesquelles son toit et ses murs s’étaient effondrés, mettant en danger les personnes se trouvant à proximité.
مشاهد لعملية هدم مبنى كنيس « #شالوم_لبحار » الواقع في بلدية باب الوادي بالجزائر العاصمة، لتداعي أسواره وسقفه، وتحوله إلى خطر وشيك على المارة، خصوصا تلاميذ مؤسستين تعليميتين مجاورتين له (مدرسة ابتدائية ومتوسطة).
🚨وكانت السلطات المحلية حاولت، مرات عدة، هدم المبنى، لكن اعتراض… pic.twitter.com/hGdJZYyETc— بوابة الجزائر – Algeria Gate (@algatedz) October 12, 2025
La synagogue Chaloum Lebhar a été construite en 1894 sur un terrain de 180 m² donné à la communauté juive par Chaloum Lebhar.
Selon le média israélien The Times of Israel, les précédentes tentatives de démolition de la synagogue avaient été empêchées par la communauté juive locale.
Cette version diffère de la version locale algérienne selon laquelle « ces protestations de la communauté juive ont été transmises via par une ambassade étrangère » dont la nationalité n’a pas été révélée. Ce qui laisse penser que ce serait la France car elle héberge la majorité des juifs qui ont été contraints de quitter l’Algérie avec les colons français après l’indépendance en 1962.
Estimés à plus de 130 000 Juifs à cette époque, leur écrasante majorité est partie et l’Algérie refuse catégoriquement leur retour.
C’est le cas entre autres du chanteur Enrico Macias qui a plusieurs fois supplié les autorités algériennes de visiter l’Algérie, lui chantant « J’ai quitté mon pays ». En vain.
Plus récemment, c’est le cas aussi du Grand rabbin de France, Haïm Korsia, dont les parents et grands-parents sont nés en Algérie. Il avait tenté en 2022 de s’immiscer dans la délégation du président français Emmanuel Macron qui visitait ce pays pour la troisième fois. Face au refus catégorique des autorités algériennes et à la polémique suscitée par sa visite, il a dû renoncer arguant avoir été contracté par le covid-19.
Pendant la polémique, des hommes politiques algériens islamistes avaient soupçonné des tentatives de certains éminents juifs français d’origine algérienne, aux affinités pro israéliennes, de pousser via la France l’Algérie à normaliser avec l’entité sioniste. D’autres politiciens les accusent de vouloir provoquer une scission au sein de la population algérienne en tentant de tromper certains Amazighs en arguant qu’ils sont d’origine juive. D’aucuns accusent les juifs sionistes pro israéliens du Maroc de monter ce pays contre le leur.
En raison de leur rôle pendant l’époque coloniale française, les Algériens accusent les juifs algériens de les avoir poignardés dans le dos, après avoir vécu des centaines d’années ensemble dans une bonne cohabitation.
Ils leur reprochent d’avoir choisi dès 1870 de se franciser via entre autres le décret Crémieux, pour sortir du statut personnel de dhimmi qui garantissait leurs droits religieux et personnels, afin de devenir des citoyens français. Pendant des dizaines d’années, des juifs d’Algérie s’étaient entièrement assimilés aux colons français et distingués du reste de la population autochtone musulmane.
Les annales de l’histoire rapportent qu’en 1845, les colons français qui avaient entrepris de détruire des mosquées dans la capitale, transformant la Grande mosquée en une caserne militaire, et la mosquée Katchawa en une écurie de chevaux avait concédé aux juifs la mosquée Ibn Fares, construite en 1666 pour la détruire et en faire une synagogue qu’ils avaient alors baptisée Rabbane Yellouk.
L’Histoire rapporte aussi que sous la domination ottomane en Algérie, des marchands juifs de Livourne, ville italienne, avaient dominé l’économie algérienne en exploitant les privilèges que leur accordait l’Empire ottoman.
Selon des sources historiques, les familles Bakri et Bouchnak comptaient parmi les plus importantes familles juives de l’époque, jouissant d’une influence politique considérable et d’un statut économique élevé grâce à leur contrôle sur le commerce du blé, qui représentait la majorité des exportations de l’Algérie ottomane sous le règne du dey Hussein.
Selon le chercheur algérien Fawzi Saadallah, les deux familles juives ont contribué à l’implication de la France dans le dossier de la dette, qui a conduit plus tard à l’occupation de l’Algérie. Elles ont également mis en place des réseaux d’espionnage sur les Algériens, cherchant à gagner les faveurs du dey et à s’assurer ses faveurs. Ils ont également provoqué des famines en raison de leur monopole sur l’exportation des produits de première nécessité et de la spéculation sur leurs prix.
Et depuis le 15ème siècle, les juifs d’origine algérienne considèrent la cité historique de Tlemcen, située non loin de la frontière avec le Maroc, comme leur « Jérusalem d’Afrique du Nord » car elle renferme la tombe du rabbin Ephraïm al-Naqawa. En 2005, un groupe de 132 pèlerins français est autorisé à venir se recueillir sur sa sépulture, accompagné de l’ambassadeur de France en Algérie. Cette visite a un grand retentissement dans le pays. Une nouvelle visite est organisée en 2010, mais elle est annulée par les autorités algériennes à la suite de l’abordage de la flottille pour Gaza.
Les Algériens leur reprochent aussi de détester les Arabes et les musulmans et ne pardonnent pas aux sionistes d’entre eux pas d’avoir usurpé la Palestine.
Certains Algériens sur les réseaux sociaux rappellent que le premier ministre israélien David Ben Gourion avait supplié le général Charles De Gaule de ne pas renoncer à l’Algérie. Ce que Ben Gourion a reconnu dans ses mémoires qu’il lui avait dit : « Si tu insistes de leur accorder l’indépendance, au moins garde le Sahara algérien ».
Alors que certains historiens et experts avancent que le judaïsme algérien est considéré comme « presque totalement hermétique à l’activité sioniste », avec pour conséquence pratique que leur émigration (aliyah) vers « Israël » se soit toujours maintenue à des niveaux très faibles jusqu’à considérer l’Algérie comme « le seul pays musulman dont les habitants juifs n’émigrent pas majoritairement vers l’entité sioniste », d’autres constatent que certains juifs français d’origine algérienne font partie en France de la caste pro israélienne la plus féroce d’Europe, avec des tendances islamophobes qu’ils ne cessent d’alimenter.
Pour n’en citer que deux, les plus connus : Eric Zemmour et Bernard-Henri Levy.
A noter que de nombreux juifs français d’origine algérienne affichent ouvertement leur soutien à la cause palestinienne.
Source: Divers