L’agression lancée, mercredi à l’aube, par l’armée d’occupation israélienne dans le gouvernorat de Tubas, au nord de la Cisjordanie, n’est pas la première du genre, mais elle est sans doute la plus vaste et la plus brutale.
Dans une brève déclaration suite à l’annonce de cette offensive, le gouverneur de Tubas, Ahmad Asaad, a affirmé qu’elle « vise à imposer une nouvelle réalité, à s’emparer des terres palestiniennes, à fragmenter le gouvernorat et à détruire ses infrastructures ».
Il y a plus de dix mois, les forces d’occupation ont lancé une offensive militaire toujours en cours contre les villes de Tulkarem et Jénine. Cette opération a entraîné la destruction des camps de réfugiés de Jénine, Tulkarem et Nour Shams, l’expulsion de plus de 40 000 réfugiés, la démolition de centaines de maisons et la destruction de leurs infrastructures.
Depuis, les camps sont soumis à un siège strict, empêchant leurs habitants de rentrer chez eux.
À cet égard, Asaad a exprimé sa crainte que l’occupation ne reproduise le même scénario à Tubas, notamment le déplacement des résidents du camp de réfugiés d’al-Far’a, dans le cadre du plan israélien visant à étouffer la question du retour et des réfugiés.
Ce qui se passe à Tubas concerne également les localités environnantes, telles qu’Aqaba, Tammun et Tayasir.
Les forces d’occupation ont imposé un couvre-feu à Tammun et coupé l’électricité, tout en menant des opérations dans les quartiers avec des dizaines de véhicules blindés et d’autres équipements militaires, sous couvert de drones.
Plusieurs familles ont été déplacées et leurs maisons transformées en baraquements militaires.
Au cours des premières heures de l’offensive militaire, des soldats de l’occupation ont arrêté plusieurs palestiniens qui ont été violemment tabassés.
Le Croissant-Rouge palestinien a indiqué que 30 patients, dont 20 sous dialyse rénale et un patient décédé retrouvé à son domicile, ont été transférés à l’hôpital. L’organisation a ajouté que ses équipes ont rencontré des difficultés pour transporter les patients. Plus tard dans la soirée, le Croissant-Rouge a signalé qu’un Palestinien âgé a été blessé lors d’une agression à Tubas.
L’organisation a également signalé que des soldats israéliens ont interdit les secouristes d’atteindre un enfant brûlé dans la localité de Tayasir et ont arrêté un homme blessé à bord d’une ambulance dans la localité de Tammun.
Ces agressions font suite à des raids menés par les forces d’occupation israéliennes contre des habitations palestiniennes, au cours desquels des biens ont été pillés et détruits. Parallèlement, des bulldozers ont bloqué plusieurs routes principales et secondaires à Tubas, Aqaba et Tammun à l’aide de remblais de terre.
Les forces d’occupation israéliennes ont également renforcé leur dispositif militaire aux points de contrôle de Tayasir et Hamra, qui entourent le gouvernorat, tandis que des hélicoptères effectuaient des survols intensifs.
L’armée israélienne a affirmé dans un communiqué que l’opération militaire menée dans le nord de la Cisjordanie faisait suite à une recrudescence des tentatives d’attaques et aux efforts de reconstitution de groupes armés observés ces dernières semaines.
Le quotidien israélien Yedioth Ahronoth a rapporté que trois brigades de l’armée – Menashe, Shomron et les Commandos – ont participé à l’offensive contre Tubas, qui vise à « renforcer le contrôle de la zone ».
Selon le gouverneur de Tubas, les autorités d’occupation israéliennes ont informé les responsables palestiniens que l’opération militaire dans le gouvernorat se poursuivrait pendant plusieurs jours et que son objectif déclaré était de traquer les citoyens palestiniens.
Il convient de noter que l’offensive « Murs de fer » a débuté fin 2014 à Jénine et s’est ensuite étendue aux camps de réfugiés d’al-Far’a, de Tulkarem et de Nour Shams. Cette offensive a été suivie d’une série d’attaques intermittentes contre le nord de la Cisjordanie, visant à consolider le projet sécuritaire de l’occupation, incarné par sa présence permanente dans la région.
Par conséquent, l’offensive en cours à Tubas ne sera pas la dernière. ‘Israël’ devrait intensifier ces attaques dans les prochains mois, dans le cadre d’une stratégie globale incluant l’expansion des colonies, l’intensification des confiscations de terres et l’établissement d’Israël comme autorité directe sur le terrain, aboutissant ainsi à une annexion de facto sans déclaration formelle.
Il est devenu évident qu’Israël utilise des prétextes sécuritaires pour justifier son agression contre les villes et les camps de réfugiés de la Cisjordanie. Cette agression vise à aggraver les souffrances des Palestiniens, à rendre leur vie quasi impossible et à déstabiliser leur tissu social, affaiblissant ainsi leur capacité à persévérer et à résister.
La dernière offensive militaire cible cinq zones principales : Tubas, Tammun, Tayasir, Aqaba et le camp de réfugiés d’al-Far’a, qu’Israël appelle les « Cinq Villages » et traite comme une seule zone militaire.
Durant la Seconde Intifada, Tubas s’est imposée comme le principal foyer de résistance en Cisjordanie et a retrouvé ce rôle depuis 2023 avec l’émergence de groupes de résistance, tels que les Brigades de Tubas et de Tammun, comparables aux Brigades de Jénine et de Tulkarem.
La région a été le théâtre d’importantes opérations de résistance, malgré l’important dispositif sécuritaire israélien, qui tient compte de sa situation géographique, à proximité de la frontière orientale de la Palestine.
Le gouvernorat de Tubas a subi plusieurs attaques militaires ces deux dernières années, notamment l’opération « Mur de fer » en janvier dernier. Il a également été la cible de bombardements et d’assassinats, dont le plus meurtrier a eu lieu en début d’année à Tammun, où dix résistants ont été tués, parmi lesquels le commandant du bataillon de Tammun.
Hamas
Le Hamas a condamné la dernière offensive militaire israélienne à Tubas, affirmant qu’elle « révèle l’ampleur des crimes systématiques commis par le gouvernement d’occupation extrémiste, dans le cadre d’une politique déclarée visant à anéantir toute présence palestinienne et à exercer un contrôle total sur la Cisjordanie ».
Le Hamas a ajouté que ces mesures, notamment les couvre-feux et le bouclage de villes et de villages, ne sont qu’un prolongement des « plans d’annexion et de déplacement » que l’occupation cherche à mettre en œuvre en transformant les villes de Cisjordanie en « zones assiégées et fragmentées », et en entravant toute forme de vie normale.
Et d’ajouter : « l’agression en cours ne brisera ni la volonté du peuple palestinien ni la détermination des résistants », soulignant que les Palestiniens maintiendront leur fermeté et leur rejet du « projet colonial de contrôle ».
Jihad islamique palestinien
De son côté, le Jihad islamique palestinien a affirmé que l’offensive israélienne contre la Cisjordanie constitue « une nouvelle agression systématique contre notre peuple, s’inscrivant dans le cadre du plan de l’entité visant à vider la Cisjordanie de ses habitants, à les déplacer et à s’emparer de leurs terres et de leurs biens ».
Et de renchérir : « l’agression de l’occupation coïncide avec les efforts déployés pour faire adopter des lois d’annexion qui permettraient aux colons de s’emparer de terres en Cisjordanie ».





