L’élimination du commandant jihadique de la Résistance islamique Haytam al-Tabatabaï est le premier assassinat ciblé d’un haut-responsable militaire du Hezbollah dans la banlieue-sud de Beyrouth, depuis les attaques de septembre 2024 qui ont coûté la vie au commandement du Hezbollah, dont le Martyr suprême de la Oumma sayed Hassan Nasrallah.
Le martyr Tabatabaï que le département d’état américain avait listé depuis 2018 comme « terroriste mondial », proposant 5 millions de dollars en échange d’informations sur lui, a été tué dans un raid contre l’appartement où il semblait être en réunion avec ses subalternes, dans un bâtiment résidentiel dans le quartier Haret Hreik dans la banlieue sud de Beyrouth.

Il a été qualifié par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu comme « le chef de l’état-major du Hezbollah ».
Selon la télévision israélienne Channel 12, le raid a ciblé ave précision les 4eme et 5eme étage de l’immeuble de 10 étages.
Le martyr Tabatabaï avait déjà fait l’objet d’une tentative d’assassinat en 2015, à proximité de la localité de Hadar, dans la province de Quneitra au sud de la Syrie, alors qu’il commandait les opérations contre les groupuscules takfiristes terroristes, a rapporté le site israélien de recherche et d’enseignements Alma. Selon lequel il s’est rendu par la suite au Yémen où il a transmis à Ansarullah toute l’expertise militaire de la résistance libanaise.
Comment et avec quelles armes
Depuis son assassinat, les questionnements sur le modus operandi de ce meurtre sont soulevés de nouveau. Deux questions principales surgissent : comment son lieu de réunion a-t-il été localisé et quelles sont les armes qui ont été utilisées sont les interrogations principales. Plusieurs thèses sont avancées.
D’aucuns observateurs stigmatisent un certain rôle des téléphones portables. Non pas via leur utilisation mais via l’abstention de leur utilisation.
Le 15 février 2024, Sayyed Nasrallah avait dans un discours mis en garde les membres du Hezbollah contre l’utilisation des téléphones portables, les qualifiant d’« agents mortels » fournissant gratuitement des informations précises à l’entité sioniste.
Depuis, les téléphones portables, les membres et les dirigeants du parti s’y sont largement conformés. L’opinion générale était que quiconque désobéissait aux ordres de Sayyed Nasrallah et continuait d’utiliser un téléphone était un agent infiltrant les autres membres, ce qui a incité chacun à s’en abstenir.
Selon le site d’information Toufane (Déluge) l’ennemi israélien et américain a exploité cette directive et lancé une cyberattaque appelée « wardriving ». Celle-ci utilise des dispositifs électroniques appelés SDR pour identifier tous les bâtiments et appartements où l’accès à Internet et les communications sont coupés au sud de Beyrouth et de sa banlieue sud, en particulier à Haret Hreik.
Après avoir repéré ces bâtiments ou appartements, il les isole et les surveille grâce à ses agents sur le terrain et aux drones depuis les airs, explique le site.
Selon l’auteur de l’article, c’est cet isolement sécuritaire qui permettrait de distinguer les sites des cibles sélectionnées de ceux des civils.
« Le fait de laisser son téléphone de côté est certes une bonne idée, mais pas dans un espace restreint comme une banlieue où tout le monde utilise le téléphone et internet, contrairement à vous. Dans ce cas, vous risquez d’être identifié et de vous distinguer grâce aux dispositifs techniques permettant de différencier les bâtiments connectés à internet et aux communications de ceux qui ne le sont pas. Par conséquent, connaître l’adresse du bâtiment pourrait être le point de départ d’un programme de surveillance à long terme visant à contrôler les allées et venues », selon lui.
En se targuant que tous les téléphones portables contiennent de nombreuses technologies israéliennes, Benjamin Netanyahu souhaitait renforcer l’isolement sécuritaire du Hezbollah en les incitant à laisser tous leurs téléphones afin qu’il soit plus facile par la suite de savoir qui les a laissés et qui les a éteints, estime le site Toufane.
Révélations de l’agent du Mossad
Ce dernier rapporte aussi l’affaire qui avait éclaté fin 2024 et révélée par le journal libanais al-Akhbar, lorsque les agents de la sécurité du chef du Parlement Nabih Berri ont arrêté dans les périphéries de sa résidence à Aïn al-Tineh, un agent du Mossad, en sa possession des téléphones contenant des dizaines de vidéos qui illustrent une importante opération de surveillance de la zone.
L’enquête de la Direction du renseignement des Forces de sécurité intérieure avait alors révélé que le suspect et son collaborateur, capturé ultérieurement, procédaient dans leur opération de surveillance et de repérage en utilisant un équipement de pointe doté d’un système de balayage des fréquences radio liées aux fournisseurs d’accès à Internet et aux points d’accès situés dans les habitations, les commerces et les lieux publics. Et ce pour le compte d’une société américaine présumée.
Grâce à ce système de géolocalisation des utilisateurs, ils ont obtenu le nom et le mot de passe de chaque appareil Wi-Fi dans les zones surveillées, ce qui leur a permis de localiser précisément chaque utilisateur.
L’enquête a révélé que l’un des détenus avait effectué un relevé dans une rue de la banlieue sud, en face de l’appartement où le chef adjoint du mouvement de résistance palestinien Hamas Saleh al-Aarouri avait été assassiné le 2 janvier 2024, environ deux semaines avant son élimination.
Les deux agents avaient empoché la somme de 200 000 dollars pour leur mission de surveillance, une somme sans précédent dans les affaires d’espionnage.
7 sur 8 missiles. 3 technologies

Sur l’arme du crime, les rapports indiquent que le bâtiment a été frappé par des missiles air-sol tirés depuis de F-35. 8 missiles ont été tirés mais il y a eu seulement 7 explosions. Un missile GBU-39b n’a pas explosé, il est resté intact.
Les missiles capables d’une telle frappe au cours de laquelle Tabatabaï a été tué ainsi que ses 4 compagnons devraient reposer sur trois technologies : le guidage optique par une minuscule caméra HD intégrée à l’avant du projectile. Elle permet de visualiser en temps réel ce qui se trouve devant lui, transmet l’image à l’aéronef ou à la salle des opérations où l’opérateur sélectionne la cible sur un balcon ou dans une chambre, rapporte le site d’information « Connais Ton Ennemi ».
Son utilisation est intitulée Man-in-the-loop, « l’homme dans la boucle » et nécessite l’intervention de l’opérateur qui dirige lui-même le missile vers la personne ciblée.
La deuxième technologie est celle de la propulsion latérale qui permet d’entrer depuis une fenêtre ou en perforant un mur ou un plafond puis peut changer son trajet vers la droite ou la gauche ou descendre pour atteindre la chambre visée.
La troisième technologie nécessaire pour que ce projectile mène à bien sa mission est d’avoir une ogive à pénétration : cette ogive, de taille réduite, est conçue pour traverser trois ou quatre murs et éliminer la cible à l’intérieur d’une pièce sans détruire l’ensemble du bâtiment.
Ce type d’ogive a déjà été utilisé lors de plusieurs assassinats à Gaza, en Syrie, en Irak et au Liban, toujours d’après le site Toufane.
Le side-thrust
Selon des experts, trois missiles disposent de ces performances à savoir le Spike NLOS amélioré, la nouvelle version du Hellfire R9X « Épée volante », ou la roquette side-thrust à propulsion latérale capable d’ajuster sa trajectoire à l’intérieur des bâtiments.
Il estime que c’est ce dernier qui est plus suspecté d’avoir été utilisé à Haret Hreik.
« C’est la technologie la plus dangereuse, car le projectile pénètre depuis une fenêtre ou un mur. Une fois à l’intérieur, il peut changer de trajectoire, virer à droite, à gauche ou descendre pour atteindre la pièce visée ».
Ce qui explique la scène observée après le tir dans le bâtiment où plusieurs impacts sont apparus dans ses murs. Le missile ayant perforé le premier mur avec une grande précision, puis a viré en angle vers l’intérieur, puis a perfore un deuxième mur (ou le plafond) pour atteindre la pièce visée. Et de préciser : « Tous les trous ne sont pas causés par différents missiles, certains pouvant résulter de la manœuvre du missile lui-même à l’intérieur du bâtiment. »
Les images du reportage diffusé par notre chaine al-Manar de l’appartement situé au sixième étage montrent des murs et des plafonds perforés par plusieurs missiles dont certains seraient passés depuis le 7eme étage.
Nous n’avons pas peur

Une jeune femme qui était assise dans sa chambre à coucher a été blessée.
« Lorsque nous avons été visés, sincèrement, je n’ai pas pensé à moi, ni à ma mère, ni à mon père, ni à mon mari. Nous avons souhaité de tomber en martyrs pourvu que celui qu’ils (les israéliens) tentaient de tuer reste en vie » a dit Zaynab al-Mistrah pour al-Manar.
« Parce que nous défendons le Vrai, nous défendons notre terre, pas seulement du sud ou la banlieue mais tout le Liban. Nous allons poursuivre ce chemin comme nous l’a appris sayed Hassan depuis que nous étions jeunes. Tant que nous soutenons le Vrai nous n’avons pas peur. Nous n’avons pas peur si nous tombons en martyrs ou nous sommes blessés ».
Zaynab avait été blessée lors du massacre des bipeurs, perpétré en septembre 2024. Elle a perdu un œil et les bouts de trois doigts de sa main droite.

Source: Divers



