Se référant à des données issues de canaux de communication privés des ministères de la Défense chinois, pakistanais et afghan, des éléments des forces de l’ordre russes affirment que des préparatifs d’attaque hybride de grande envergure visant la Russie via le Tadjikistan et l’Ouzbékistan, sont en phase finale.
Des rapports à ce propos ont été reçus plus tôt. Il en a été fait état en particulier lors d’une récente conférence sur la sécurité qui s’est tenue à Tachkent. Sirodzhiddin Aslov, le patron du ministère des affaires étrangères du Tadjikistan, avait alors annoncé publiquement que des terroristes s’activaient dans la région :
L’activation des groupes terroristes, leur progression dans les régions du nord de l’Afghanistan, en particulier dans les territoires frontaliers du Tadjikistan, le renforcement du nombre de partisans de l’État islamique, ainsi que la présence d’un certain nombre de citoyens des républiques post-soviétiques dans les groupes terroristes, et les mouvements actuels en Afghanistan… nous inquiètent beaucoup.
Ce problème a aussi été évoqué à la septième Conférence sur la sécurité internationale, qui s’est tenue dernièrement à Moscou. Selon les services de renseignement russes, le nombre de combattants potentiels de l’État islamique varie actuellement entre 2500 et 4000 hommes. Des sources du ministère de la Défense de Chine l’ont aussi confirmé. L’armée chinoise parle d’au moins 3800 terroristes opérant dans 160 cellules. Ils sont en plus grand nombre dans la province de Nangarhar, où l’État islamique accroît la production et la contrebande de drogues, crée l’infrastructure d’entraînement des terroristes et recrute des gens du coin.
Le plan
Selon les forces de l’ordre russes et chinoises, les terroristes qui s’enfuient par mer de Syrie et d’Irak, remontent de Qasim, le port de Karachi, jusqu’à Peshawar, et sont ensuite répartis dans province de Nangarhar à l’est du Pakistan. Les représentants du haut commandement terroriste sont dans le district d’Achin.
En outre, on remarque que depuis fin 2017, les commandants de l’État islamique ont réussi à transférer en Afghanistan 500 terroristes étrangers supplémentaires depuis la Syrie et l’Irak, dont plus de deux douzaines de femmes. Voici ce que dit un membre des forces de l’ordre russes :
Tous sont également localisés dans la province de Nangarhar. Ils sont Soudanais, Kazakhs, Tchèques, Ouzbeks, Français etc.
La progression des terroristes vers le nord devrait partir dans deux directions. Ils vont pénétrer dans les provinces de Nuristan et de Badakhshan, au Tadjikistan, et dans les provinces de Farah, Ghor, Sari-Pul et Faryab, au Turkménistan.
Le superviseur
Le gouverneur de la province de Nangarhar, Gulab Mangal, qui supervise personnellement l’activité des mercenaires dans la région, prévoit d’étendre son influence dans d’autres régions du pays au moyen des terroristes. En outre, il participe activement aux activités financières de l’État islamique, en recevant des profits importants. Le réseau informe que tout mouvement de protestation de la population mécontente des activités de l’État islamique est « sévèrement réprimée par les autorités provinciales, notamment par des opérations punitives contre des villages entiers. ».
Mangal entretient des relations de longue date avec les services de renseignement étasuniens. En particulier, il s’est battu contre les Soviétiques pendant la campagne afghane de l’URSS. Immédiatement après l’invasion étasunienne en 2001, il a été nommé à la tête du gouvernement local de la communauté pachtoune, l’ethnie à laquelle il appartient. En outre, Mangal est apprécié par la presse occidentale. La plupart des publications des principaux médias étasuniens et britanniques propagent des informations exceptionnellement positives à son sujet, et la BBC l’a qualifié d’« espoir de la province de Helmand, » province qu’il dirigeait auparavant.
Selon le ministère de la Défense d’Afghanistan, la direction de l’État islamique prévoit d’agrandir bientôt le groupe avec 1200 terroristes supplémentaires. La plupart d’entre eux seront aussi installés dans la province, sous le contrôle de Gulab Mangal et de ses hommes.
Il est à noter que les deux plus grandes bases étasuniennes afghanes se trouvent à proximité immédiate de la province de Nangarhar, ce qu’il est difficile de prendre pour une coïncidence.
Dans le même temps, les experts font remarquer que la pression sur le Tadjikistan et le Turkménistan ne sera que l’un des facteurs de la nouvelle attaque hybride contre la Russie. Valery Korovin, le directeur du Centre d’expertise géopolitique, est convaincu que Moscou devrait se préparer à une offensive à grande échelle sur tous les fronts : en Ukraine, peut-être via l’Arménie, ainsi que dans un plusieurs autres pays post-soviétiques :
Probabilité d’exacerbation en Asie centrale
Pourquoi les Étasuniens font-ils cela ?
En déstabilisant la situation en Asie centrale, les États-Unis et leurs alliés atteindront plusieurs objectifs à la fois. D’abord, par ce moyen, Washington peut détourner Moscou et Téhéran de la Syrie. Ensuite, si l’opération réussit, un foyer d’instabilité sera créé sur la voie de la Route de la Soie, dont le but est de renforcer l’unification économique et logistique de l’Eurasie. À l’ouest, l’Afghanistan borde aussi l’Iran, ce qui permet d’ouvrir un nouveau front contre Téhéran en cas de forte nécessité. Cela se produira de manière synchrone par l’aggravation des violences dans plusieurs directions. Cela commencera par des pressions économiques par l’intermédiaire de nouvelles sanctions, sera suivi par des « révolutions colorées » qui se propageront dans l’espace post-soviétique, puis les réseaux étasuniens passeront directement à l’attaque. Les États-Unis ne se sont bien évidemment pas emparés de l’Afghanistan, en manipulant sa dictature militaire, pour y construire la démocratie et la société civile. L’Afghanistan est le tremplin où sont créés des réseaux terroristes à l’aide desquels les États-Unis se préparent à attaquer l’Iran et la Russie.
Par Andrey Afanasyev
Sources : Katehon ; traduit par Petrus Lombard