Le 14 avril 2019, un convoi de 13 Français détenteurs de passeports diplomatiques et ayant en leur possession des armes et du matériel de renseignement a été stoppé par les agents tunisiens à Ras Jedir, principal point de passage à la frontière entre la Libye et la Tunisie.
En effet, cet incident a eu lieu quelques jours seulement après un autre incident similaire : un groupe de 11 Européens, dont les nationalités n’ont pas été dévoilées, avait tenté de s’infiltrer à l’intérieur du territoire tunisien en essayant de se rendre sur l’île de Djerba par la mer.
La France et l’Union européenne ont dit, dans les deux cas, qu’il s’agissait d’éléments sécuritaires au service des missions européennes à Tripoli, capitale de la Libye. Mais c’est faux, car des sources bien informées à Tunis confirment maintenant que dans les deux cas, ces hommes armés qui avaient en leur possession des passeports diplomatiques, étaient tous membres des services de renseignement.
Le site d’informations et d’analyses « Tunisia Now » a réagi ce dimanche 28 avril à ces nouvelles, en estimant que la sécurité de la Libye faisant partie de la sécurité nationale tunisienne, le moindre incident désagréable en Libye pourrait mettre en péril la sécurité de la Tunisie.
Une source bien informée a déclaré sous le couvert d’anonymat au site « Tunisia Now » que contrairement aux prétentions de Paris et de l’Union européenne, les membres de ces deux groupes armés européens n’étaient pas diplomates et qu’ils étaient tous membres des services de renseignement français, circulant régulièrement entre la Libye et la Tunisie.
Cette source a ajouté que les activités des éléments appartenant aux services de renseignement français étaient une violation flagrante de la souveraineté tunisienne, d’autant plus que l’île tunisienne de Djerba (sud-est) serait devenue une « base arrière » des services de renseignement étrangers qui cherchent à impliquer la Tunisie dans les événements qui se produisent en Libye.
Le 16 avril, le ministre tunisien de la Défense, Abdelkarim Zbidi, a déclaré que les Français interpellés à Ras Jedir étaient membres des services de renseignement et qu’ils n’appartenaient pas au corps diplomatique. Le ministre tunisien de la Défense n’est pas revenu sur ses déclarations après les explications françaises et européennes.
L’ambassadeur de France à Tunis, Olivier Poivre d’Arvor, a démenti ces révélations et a prétendu qu’il s’agissait de « diplomates » qui transportait des équipements adaptés à leur rôle sécuritaire, à savoir assurer la sécurité du personnel de l’ambassadrice de France à Tripoli et la sécurité physique des locaux où travaillaient les diplomates français en Libye.
« Les ministères tunisiens des Affaires étrangères, de la Défense et de l’Intérieur ont ainsi été formellement sollicités et informés à différents niveaux et en temps réel », a prétendu Poivre d’Arvor.
Mais à Tripoli, le gouvernement d’union nationale, dirigé par Fayez el-Serraj et reconnu par la communauté internationale, a vite démenti les déclarations de l’ambassadeur de France à Tunis. En effet, Tripoli a accusé ces Français de former une base mobile d’assistance, de renseignement et de conseils au maréchal Khalifa Haftar. Cette base serait située à Gheryane, à l’ouest de Tripoli.
Selon une source libyenne, proche du gouvernement d’union nationale, une quinzaine d’officiers des renseignements français seraient arrivés à Gheryane mi-février dernier. Leur mission serait d’aider les forces de Khalifa Haftar à préparer la bataille de Tripoli. Accusations qui auraient conduit le ministère de l’Intérieur libyen, le vendredi 19 avril, à cesser toute coopération avec la France.
La veille, le jeudi 18 avril, le ministre de l’Intérieur du gouvernement d’union nationale de Fayez el-Sarraj s’en est pris à Paris, accusant la France de soutenir le maréchal Haftar. Ces accusations ont aussitôt été rejetées par les autorités françaises. Paris a, en effet, démenti les accusations de double jeu dans ce dossier, assurant soutenir le gouvernement légitime tout en souhaitant associer le maréchal Haftar aux discussions politiques, car l’homme fort de la Cyrénaïque « fait partie de fait du paysage libyen », a-t-on expliqué à l’Élysée.
Le site « Tunisia Now » rappelle ensuite l’affaire de l’assassinat de l’ingénieur Mohamed Zouari à Sfax (Tunisie) fin 2016, cadre des Brigades al-Qassam, branche militaire du Hamas. Le site évoque un long article du journal israélien Yediot Aharonot qui avait détaillé longuement l’assassinat de Mohamed Zouari en soulignant que « le Mossad a assassiné un chef du Hamas à 2 300 kilomètres d’Israël ».
Le journal israélien soulignait que l’opération du Mossad visait la « main longue » de la résistance anti-israélienne (Hamas et Hezbollah), c’est-à-dire la personne qui avait contribué au développement des unités aériennes de la résistance palestinienne, le Tunisien Mohamed Zouari.
À l’époque, Yediot Aharonot avait révélé que les membres de l’équipe du Mossad qui ont assassiné Mohamed Zouari étaient détenteurs de passeports belges et profitait de la fausse couverture d’une société de publicité.
Source: PressTV