Les EAU et l’Arabie saoudite ont conjugué tous leurs efforts politiques et militaires afin de préserver leur influence au sein du Conseil militaire de transition qui est au pouvoir au Soudan depuis le renversement par l’armée du président Omar el-Béchir, le 11 avril, sous la pression de la rue. Ils font bloc au transfert du pouvoir aux civils, accentuant ainsi les tensions au Soudan à propos du calendrier du transfert.
La première réunion d’un comité conjoint créé mercredi dernier, qui regroupe les représentants du Conseil de transition militaire au pouvoir et ceux de l’opposition « Qawi al-Hariyat » et « al-Tahmir » (groupes appelant à la liberté et au changement) a eu lieu le samedi 27 avril au palais présidentiel du Soudan.
Un accord a été trouvé pour instaurer une autorité conjointe entre civils et militaires au Soudan.
Ce conseil conjoint, qui remplacera le Conseil militaire dirigé par le général Abdel Fattah al-Burhane, constituera l’autorité suprême du pays et sera chargé de former un nouveau gouvernement civil de transition pour gérer les affaires courantes et ouvrir la voie aux premières élections post-el-Béchir. « Nous menons actuellement des consultations pour décider du pourcentage de civils et de militaires dans le conseil conjoint », a déclaré Ahmed al-Rabia, représentant des manifestants qui a participé aux pourparlers. Selon des militants, le conseil sera formé de 15 membres, huit civils et sept généraux.
Selon le journal Rai al-Youm, chacune des parties a insisté sur sa proposition et a finalement accepté d’accorder aux deux parties l’occasion de se consulter. Une autre réunion devrait avoir lieu ce dimanche pour s’accorder sur le nombre final des membres du Conseil.
Dans le même temps, d’importantes sources égyptiennes ont fait part de nouvelles initiatives venant de la coalition égypto-saoudo-émiratie pour aider le Conseil militaire de transition du Soudan à faire face aux leaders de la protestation.
Le site Al-Araby al-Jadeed rapporte par ailleurs que la démission du chef du comité politique du Conseil militaire de transition, Omar Zeyn al-Abedin, de l’adjoint de l’ex-directeur des services de sécurité, et d’un membre du Conseil a été coordonnée avec les leaders du Conseil dans le but d’apaiser les turbulences.
Un haut responsable égyptien a également fait état des contacts entre des responsables égyptiens et certains leaders les plus influents de l’opposition au Soudan. Le Caire aurait assuré qu’il « ne laissera jamais un pays instable dans le voisinage de l’Égypte ».
Du côté du golfe Persique, un diplomate a également déclaré que le projet de la coalition entre l’Égypte, l’Arabie saoudite et les EAU consistait à établir des canaux de communication avec des personnalités connues et reconnues de l’opposition afin d’apaiser la situation.
Bien que les protestataires soudanais soient contre le conseil militaire transitoire qui a pris en ce moment le pouvoir dans le pays, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis vont débloquer trois milliards de dollars pour ledit conseil.
En parlant du Soudan, la seule chose qui compte pour l’Arabie et les Émirats arabes unis, est les côtes du pays, et pas le peuple soudanais, a récemment affirmé un penseur arabe.
Sur sa page Facebook, le penseur palestinien, Azmi Bishara, a écrit :
« Ce qui compte pour l’axe saoudo-émirati, en parfaite harmonie d’ailleurs avec Israël, n’est pas le peuple soudanais ; c’est de pouvoir asseoir sa mainmise sur les côtes soudanaises en mer Rouge, par le biais d’un gouvernement puissant mais stipendié. »
Il est à noter que c’est le régime soudanais qui fournit à la coalition saoudienne les forces nécessaires pour combattre l’armée et les Comités populaires yéménites au sol dans son agression contre le pays arabe.
Depuis le 19 décembre 2018, les Soudanais sont descendus dans les rues du pays pour manifester leur mécontentement, notamment dans la capitale Khartoum, dénoncer les mauvaises conditions économiques et réclamer le départ du président el-Béchir.
Finalement, après des mois de contestation populaire, le président soudanais Omar el-Béchir a été déchu par l’armée le 11 avril et transféré dans une prison de Khartoum.
Le jour même, le ministre de la Défense Awad Bin Ouf a annoncé sa destitution à la télévision publique. Le général Abdel Fattah al-Borhane, chef d’état-major de l’armée, l’a remplacé.
Les manifestants soudanais, mobilisés depuis décembre 2018 contre le régime, ont réclamé le jugement de l’ancien président, resté 30 ans au pouvoir. Amnesty International a de son côté appelé l’armée à remettre le président déchu à la Cour pénale internationale (CPI), qui a émis contre lui il y a près de 10 ans des mandats d’arrêt pour « crimes de guerre » et « crimes contre l’humanité » puis pour « génocide » au Darfour (ouest).
Bien que l’Union européenne se soit dite opposée à la reconnaissance du Conseil militaire de transition au Soudan, l’Union africaine lui a accordé un délai de trois mois pour le transfert du pouvoir lors d’une réunion tenue au Caire la semaine dernière sous la présidence du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi.
Source: PressTV