Les Européens sont décidés à jouer leur va-tout pour sauver l’accord sur le nucléaire avec l’Iran, mais l’impossibilité de contourner les sanctions américaines leur laisse peu de chances, ont averti leurs ministres des Affaires étrangères réunis lundi à Bruxelles.
« L’accord n’est pas encore mort » et nous voulons donner à l’Iran « une possibilité de revenir sur ses mesures en contravention avec ses engagements », a affirmé le chef de la diplomatie britannique Jeremy Hunt à son arrivée pour une réunion avec ses homologues de l’UE.
« L’Iran a pris de mauvaises décisions en réaction à la mauvaise décision des Etats-Unis de se retirer de l’accord et d’imposer des sanctions dont la portée extraterritoriale touche de front les avantages économiques que le pays pouvait retirer de l’accord », a déploré le Français Jean-Yves le Drian.
« Nous souhaitons que l’Iran revienne dans l’accord » et respecte ses engagements, a-t-il insisté.
Les Européens espèrent convaincre les Iraniens de leur volonté de les aider avec l’utilisation de l’Instex, un mécanisme de troc créé pour contourner les sanctions américaines en évitant d’utiliser le dollar.
Mais la situation est complexe. L’extraterritorialité des sanctions américaines a abouti au retrait d’Iran des entreprises européennes et le commerce s’est effondré, a expliqué un diplomate européen.
L’Iran ne peut plus exporter son pétrole, et est ainsi privé de l’essentiel de ses revenus. Les exportations de pétrole sont tombées de 1,5 million de barils par jour à 700.000 barils par jour, ce qui est insuffisant pour maintenir une économie viable, souligne-t-on de source européenne.
« Nous ne reconnaissons pas l’extraterritorialité » des lois américaines imposée par Washington, a tempêté l’Espagnol Josep Borrell, désigné pour remplacer l’Italienne Federica Mogherini à la tête de la diplomatie européenne si sa nomination est approuvée par le Parlement européen.
« Nous faisons tout ce qui est possible pour que l’accord nucléaire avec l’Iran soit maintenu, mais nous savons que c’est très difficile à cause de l’attitude des Etats-Unis », a-t-il insisté.
Jeremy Hunt a en outre déploré que « nous considérons les Etats-Unis comme notre allié, mais des amis peuvent parfois être en désaccord et l’Iran est une de nos rares occasions de désaccord ».
Jeremy Hunt brigue la succession de Theresa May à la tête du parti conservateur britannique et au poste de Premier ministre. Il affronte Boris Johnson, très proche du président américain Donald Trump.
Source: Avec AFP