Au moins 34 personnes ont péri mercredi en Afghanistan lorsque leur car a sauté sur un engin explosif posé selon les autorités par les talibans, alors même que l’émissaire américain pour la paix annonçait qu’un accord avec les insurgés pourrait être imminent.
« Il faisait noir et le car a sauté sur une mine. Il y avait beaucoup de morts et de blessés », essentiellement des femmes et des enfants, a témoigné auprès de l’AFP un passager hospitalisé, Ali Juma, 40 ans.
Le car circulait sur la route reliant Kandahar (sud) à Herat (ouest) lorsqu’il a sauté vers 06H00 du matin (01H30 GMT) sur un engin explosif « placé au bord de la route par les talibans » dans la province de Farah (ouest), a déclaré le porte-parole provincial de la police, Muhibullah Muhib. Selon lui, cette mine était destinée à frapper les forces de sécurité.
Le chef des urgences hospitalières d’Herat, Ebrahim Mohammadi, a affirmé que 34 passagers du car avaient été tués et 17 blessés.
Le porte-parole de la présidence afghane, Sediq Sediqqi, a confirmé le bilan, attribuant aussi l’attentat aux talibans.
Nasrat Rahimi, le porte-parole du ministère de l’Intérieur, a parlé d' »acte barbare des terroristes ».
Les insurgés ont quant à eux annoncé dans un message avoir « envoyé une délégation » afin de « comprendre et déterminer qui est responsable de ce triste incident ».
« Nous conclurons l’accord »
Cette tragédie est survenue le jour où le négociateur américain Zalmay Khalilzad a quitté Kaboul pour se rendre d’abord au Pakistan puis au Qatar, où il rencontrera à nouveau les talibans.
Les Etats-Unis ont entamé l’année dernière un dialogue direct inédit avec les rebelles dans l’espoir de mettre un terme à la plus longue guerre dans laquelle les Américains sont engagés.
Washington semble déterminé à accélérer ces pourparlers à l’approche de l’élection présidentielle afghane, prévue pour fin septembre, et du scrutin, l’année suivante, pour désigner le chef de la Maison Blanche.
Après plus d’une semaine à Kaboul qui a été selon lui « la plus productive » depuis qu’il a pris ses fonctions en septembre dernier, M. Khalilzad a laissé entendre qu’un accord avec les talibans pourrait être imminent.
« Si les talibans remplissent leur part, nous remplirons la nôtre et nous conclurons l’accord sur lequel nous travaillons », a-t-il tweeté.
Les deux parties doivent notamment s’entendre sur un retrait des troupes américaines en échange de la promesse des insurgés de faire en sorte que l’Afghanistan ne soit pas un refuge pour des terroristes.
Cet accord ouvrirait la voie à un dialogue « inter-afghan » entre les talibans et une délégation gouvernementale qui devrait avoir lieu courant août à Oslo.
Mercredi, le ministère pour les Affaires de paix a assuré dans un communiqué qu' »une équipe de négociation de la République islamique d’Afghanistan » avait été constituée en vue de la rencontre en Norvège.
« La diversité politique, sociale et ethnique a été prise en compte au sein de la délégation de 15 membres qui représentera la République islamique dans les négociations de paix », selon la même source.
Les talibans ont jusqu’ici toujours refusé de discuter avec le gouvernement afghan.
« Inacceptable »
Mardi, l’ONU a rendu public un rapport déplorant que les civils afghans continuent de mourir et d’être blessés à un rythme « inacceptable » en dépit des pourparlers en cours.
Malgré une baisse de 27% du nombre des victimes au premier semestre 2019 par rapport aux six premiers mois de l’année dernière, 1.366 civils ont été tués et 2.446 blessés, a souligné la Mission de l’ONU en Afghanistan (Manua).
Un tiers sont des enfants (327 morts et 880 blessés).
« L’attaque d’aujourd’hui est un autre exemple tragique des effets des bombes artisanales » qui « tuent sans discernement », a réagi l’ONG britannique Save the Children dans un communiqué.
Davantage de civils ont été tués par les forces progouvernementales que par les insurgés (717 morts contre 531) au premier semestre 2019, en grande partie du fait des frappes aériennes afghanes et américaines, a expliqué la Manua.
Les forces américaines en Afghanistan ont contesté mardi « les méthodes et les conclusions de la Manua ».
Les talibans ont de leur côté rejeté les conclusions du rapport, comme ils le font à chaque fois.
Source: AFP