Selon l’AFP, les forces turques et leurs alliés font face ce vendredi 11 octobre à une farouche résistance de la part des Kurdes dans le nord-est de la Syrie, où ils tentent de progresser davantage, au troisième jour d’une offensive ayant provoqué l’exode de civils.
Tunnels et tranchées : 2 villages repris par les kurdes
Sur le terrain, de violents combats opposent la milice à majorité kurde des Forces démocratiques syriennes (FDS) aux troupes turques et leurs supplétifs syriens, des anciens de la milice de l’Armée libre syrienne (ALS), réorganisée dans le cadre d’une nouvelle milice baptisée Armée nationale syrienne (ANS).
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), instance médiatique syrienne pro occidentale, les FDS luttent pour contenir l’avancée sur le terrain des forces turques. Le jeudi 10 octobre, ces dernières ont pris le contrôle de 11 villages. Mais deux d’entre eux ont été depuis repris par les Kurdes, constate l’OSDH dont le siège se trouve à Londres.
Les combats se concentrent dans une bande de 120 km, le long de la frontière entre la Syrie et la Turquie. « Il y a d’intenses combats (…) sur plusieurs fronts, principalement de Tal Abyad à Ras al-Aïn », villes frontalières, a indiqué l’OSDH, selon lequel les FDS utilisent des tunnels et des tranchées pour se défendre.
Les villes de Tal Abyad et Ras al-Aïn sont les plus touchées par les combats, a confirmé un centre de presse affilié aux autorités kurdes locales.
Ras al-Aïn est assiégée par les Turcs et leurs alliés des deux fornts est et ouest, rapporte le correspondant de la télévision iranienne al-Alam. Les FDS ont assuré pour leur part avoir avorté un assaut turc contre sa zone industrielle , éliminant selon leurs sources 9 miliciens syriens pro turcs.
Des tribus arabes rejoignent les Turcs
Selon l’OSDH, certaines tribus arabes ont rejoint les rangs des forces turques et mené des attaques à l’intérieur des lignes kurdes en activant des cellules dormantes.
D’après un bilan établi jeudi soir par l’OSDH, 29 combattants des FDS et 10 civils ont été tués par les frappes aériennes et les tirs d’artillerie de l’armée turque depuis mercredi.
Ankara pour sa part a assuré avoir depuis le début de son opération éliminé «342 terroristes».
«Dans le cadre de l’opération Source de paix, au cours de l’attaque aérienne dans la région de Ras Al-Aïn, ont été abattus 19 terroristes. Ainsi, le nombre de terroristes neutralisés a atteint 174 personnes depuis le début de l’opération», a fait savoir le département militaire turc le jeudi. Indiquant que des roquettes kurdes tirées sur des villes frontalières en Turquie ont également tué six civils, dont un bébé et une fillette.
Ce vendredi, il a assuré que ce sont « 342 terroristes » qui ont été neutralisés. Il a aussi annoncé la mort d’un de ses soldats.
Les forces turques et leurs alliés ont recours à des frappes aériennes, l’artillerie lourde et des tirs de roquette, selon l’OSDH.
Les villes de Ras al-Ain, Tal Abyad et d’autres villes à la frontière ont été presque désertées par leurs habitants, provoquant une grande vague de déplacements.
Les Nations unies ont parlé de 70.000 personnes ayant fui les combats, se dirigeant plus à l’est, vers Hassaké, une ville épargnée par les combats.
Que veut Erdogan?
« Que veut de nous Erdogan? (…) C’est juste parce que nous sommes kurdes? », demande une femme qui a trouvé refuge avec sa famille dans une école de Hassaké mise à disposition par les autorités locales kurdes.
D’après les médias turcs, la Turquie souhaite prendre le contrôle de la bande entre Ras al-Aïn et Tal Abyad, longue de 120 kilomètres et profonde d’une trentaine de kilomètres, afin d’éloigner de la frontière la milice kurde syrienne, les Unités de protection du peuple (YPG), épine dorsale des FDS.
En réponse aux critiques européennes, le président turc Recep Tayyip Erdogan a menacé jeudi d’envoyer en Europe des millions de migrants accueillis par la Turquie après avoir fui la guerre en Syrie.
« Nous n’accepterons jamais que les réfugiés soient utilisés comme arme et pour nous faire chanter », lui a rétorqué vendredi le président du Conseil européen Donald Tusk.
Pour Erdogan, l’établissement de la zone tampon dans les régions du conflit devrait servir entre autre à y installer les trois millions et demi des réfugiés syriens que son pays abrite.
Des craintes sur le sort des jihadistes
Se faisant écho des inquiétudes des dirigeants européens, le président russe Vladimir Poutine, dont le pays est allié au régime syrien, a dit craindre que l’opération turque ne provoque une résurgence de l’EI.
Mêmes craintes pour le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg. « Les prisonniers de Daech (un acronyme de l’EI) ne doivent pas pouvoir s’évader », a-t-il martelé lors d’une visite en Turquie.
A New York, à l’issue d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU, les cinq pays européens y siégeant –Paris, Berlin, Bruxelles, Londres, Varsovie– ont exigé l’arrêt de cette « action militaire unilatérale ».
Dénonçant une situation « absolument choquante » pour les civils, la France a annoncé vendredi que les Européens examineraient « la semaine prochaine » la possibilité de sanctions contre la Turquie.
Source: Divers