Après deux semaines d’une mobilisation sans précédent au Liban, l’armée libanaise a décidé, ce mercredi 30 octobre, de débloquer les principaux accès à la capitale, permettant une reprise de l’activité dans le pays après une longue paralysie.
L’armée a notamment rouvert sans incident le passage de Jal al-Dib, au nord de la capitale. Les forces de l’ordre ont pris position sous le regard de quelques dizaines de manifestants.
D’autres contestataires se sont en revanche allongés sur le pont autoroutier de Beyrouth pour continuer de bloquer les voies.
La décision de l’armée de rouvrir les routes intervient moins de 24 heures après la démission du Premier Ministre Saad Hariri qui devrait toutefois rester au pouvoir pour gérer les affaires courantes, comme le veut la Constitution.
Paris et Washington ont exprimé leur inquiétude. La France a estimé que la démission de M. Hariri rendait « la crise encore plus grave » et Washington a appelé à la création d’un nouveau gouvernement « de manière urgente ».
Des centaines de milliers de Libanais avaient investi les rues, depuis le 17 octobre, dans différentes régions du pays pour protester contre la corruption et l’augmentation des impôts par le gouvernement. Mais trois principaux partis impliqués dans la corruption, à savoir le parti progressiste de Walid Joumblatt, celui des Forces Libanaises (Samir Geagea) ainsi que des Kataeb (Gemayel) ont exploité ces manifestations pour réclamer la chute du mandat du chef de l’Etat et demander au Hezbollah de rendre ses armes.
Qui a poussé Hariri à démissionner
À ce sujet, l’agence de presse Tasnim a interviewé Sadeq Nabulsi, universitaire et professeur en sciences politiques libanais.
M.Nabulsi évoque deux hypothèses :
Soit les partis et courants politiques au Liban ne sont pas encore parvenus à une entente sur les réformes qui devraient se faire et dans ce cas Hariri aurait donc choisi de démissionner eu égard à de sérieux différends qui divisent les différents partis ou courants politiques, sur la façon dont il faudrait sortir de l’impasse dans ce pays.
Soit M. Hariri est sérieusement sous pression de la part des puissances étrangères, dont et surtout l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis qui souhaiteraient que la crise s’aggrave au Liban. Ce faisant, ils espèrent que les conditions seront réunies pour un effondrement de la souveraineté dans ce pays et une démission du président libanais Michel Aoun.
Et le professeur d’université libanais affirme que la deuxième hypothèse lui paraît plausible.
Sources: Rédaction + AFP + PressTV