La résistance irakienne contre l’occupation américaine s’organise, et compte agir sur plusieurs fronts. Pas seulement militaire. Mais aussi sur le plan populaire, politique et celui du droit international.
Le lundi 13 janvier, les chefs de plusieurs factions irakiennes se sont réunis dans la ville sainte de Qom, en Iran, pour organiser la résistance contre la présence des forces américaines en Irak.
Depuis l’assassinat dans un raid américain du numéro deux du Hachd al-Chaabi, Abou Mahdi al-Mohandes, au côté du général Qassem Soleimani, le chef de l’unité al-Quds des Gardiens de la révolution iranienne et de leurs 8 compagnons, plusieurs groupes irakiens ayant participé aux opérations de résistance contre l’occupation américaine, après l’invasion de l’Irak en 2003, ainsi que ceux qui ont combattu Daech, ont convenu que la présence américaine sur leur sol est désormais inacceptable. D’autant que le parlement et le gouvernement irakiens ont enjoint l’administration américaine de retirer ses troupes. Les Etats-Unis disposent en Irak d’au moins 10 bases militaires et de 5400 soldats, selon les chiffres rendus publics.
La position de ces factions s’est vue renforcée par le refus affiché par la Maison blanche selon laquelle cette question est hors de discussion, sous prétexte de « combattre Daech, de former les forces irakiennes »…
La rencontre a été faite à l’initiative du chef du courant sadriste, le religieux influent sayed Moqtada Sadr qui détient l’un des plus grands blocs parlementaires, coalition Saïroune. Il se trouve à Qom, en raison de menaces pour sa vie en Irak.
Les groupes qui ont été représentés lors de cette rencontre sont , en plus de courant sadriste, les brigades Ahl-Alhaq, l’organisation Badr, les brigades du Hezbollah, les brigades du Maitre des martyrs et les Noujaba. Tous font partie du Hachd al-Chaabi, les unités de mobilisation populaires qui ont combattu Daech avec l’assistance de conseillers iraniens.
Parmi les dirigeants présents à la rencontre se trouvaient le candidat favori pour devenir le chef du Hachd al-Chaabi Hadi al-Aaméri (chef de Badr) , ainsi que cheikh Laïth al-Khazaali, qui est le vice-secrétaire général des brigades Ahl-Alhaq.
Ces responsables ont convenu de former un comité de coordination qui puisse ordonner le travail des factions de la résistance afin de sortir les forces de l’occupation américaine.
Il a aussi été convenu de réactiver la coordination médiatique et sociale conjointe entre elles.
Appel à des manifestations
Ce mardi, Moqtada sadr a lancé un appel aux Irakiens pour participer à une manifestation hostile aux Etats-Unis.
« Le ciel de l’Irak ainsi que son sol et sa souveraineté sont violés par les forces envahissantes. Allons vers une révolution irakienne… Soldats de Dieu participez à un rassemblement par million, qui soit pacifique et unifié pour condamner la présence américaine et ses violations », a-t-il lancé dans un communiqué.
Et de poursuivre : « je suis sûr que vous allez prouver que vous ne vous pliez jamais devant l’arrogance mondiale, mais seulement devant Dieu. Par la suite, nous aurons d’autres positions populaires, politiques et parlementaires qui puissent sauvegarder l’Irak, son peuple, sa dignité et sa souveraineté ».
Ces dernières semaines, les forces américaines ont bombardé à plusieurs reprises des positions du Hachd al-Chaabi. Leur dernière attaque à Qaëm-Al-Boukamal, à la frontière avec la Syrie, avait causé la mort de 25 combattants irakiens. Dans d’autres cas précédents, elles ont laissé faire des avions ou des drones israéliens.
Pas d’accord
Le gouvernement irakien semble lui aussi s’engager lui aussi sur la voie de la résistance.
Ce mardi, son porte-parole Wiliam Wardé a rapporté que son pays ne signera l’accord sur le maintien des forces américaines en Irak pour poursuivre la lutte contre Daech.
« Jusqu’à présent, le gouvernement irakien est engagé à faire exécuter la décision du Parlement qui dicte que toutes les forces étrangères doivent se retirer d’Irak, toutes les forces étrangères ne veut pas dire seulement les forces américaines, mais toutes les autres forces étrangères présentes en Irak », a-t-il insisté lors d’un entretien avec la chaine de télévision américaine CNN. Il faisait sans doute allusion aux forces de l’Otan qui ont été invitées par le président Donald Trump à renforcer leur présence dans ce pays.
Le Premier ministre démissionnaire Adel Abdel Mahdi avait auparavant accusé les forces us de violer la souveraineté de son pays et d’agir à leur guise sans demander l’autorisation de son gouvernement.
Vers les tribunaux internationaux
Des députés irakiens ont quant à eux répondu aux menaces de Trump d’imposer des sanctions économiques contre l’Irak, si les autorités insistent pour faire sortir ses soldats et à ses exigences que l’Irak rembourse le cout faramineux des bases américaines.
Selon le membre de la commission parlementaire des droits de l’homme, Ahmad al-Kanani, une action qui va être intentée contre les Etats-Unis auprès des tribunaux internationaux pour faire juger les Etats-Unis pour leurs crimes en Irak, qui relèvent d’après lui du génocide contre l’humanité.
Un autre député du bloc sadriste Saïroune, Salam Al-Choumari a quant à lui affirmé que son pays devrait réclamer aux Etats-Unis des indemnisations de l’ordre de 20 mille milliards de dollars.
Sources: Al-Wefaq; Al-Mayadeen
Source: Divers