Les accusations et contre accusations de trahison battent leur plein entre les groupes armés de la province d’Idleb à l’ouest de la Syrie depuis que des frappes ont visé le front al-Nosra, la branche d’Al-Qaïda en Syrie, rebaptisée front Fateh al-Sham.
Les 1er et le 3 janvier derniers, plusieurs raids menés par des drones qui se sont avérés être ceux des Etats-Unis ont bombardé un convoi de plusieurs voitures puis le QG du front al-Nosra dans la région de Sarmada, dans la province nord ouest d’Idleb. Ils ont tué et blessé des dizaines de miliciens dont les chefs militaires de premiers rangs.
Le commandement militaire américain au Moyen Orient (Centcom) les a revendiqués tous ce mercredi
Depuis, estime Media de guerre la situation est au bord de l’explosion.
Sur les comptes des réseaux sociaux pro al-Nosra, les accusations d’avoir livré à la Russie et aux Etats-Unis les datas de leurs sièges et déplacement vont surtout aux factions qui ont signé la trêve.
Le dimanche dernier, deux voitures se dirigeant de Sarmada vers Bab al-Hawa ont été pulvérisés dans un raid aérien coûtant la vie à trois chefs militaires du Nosra, dont son numéro un, Abou Omara al-Turkestani et Khattab al-Qahtani
« Cette situation pourrait pousser ce dernier à vouloir combattre les autres groupuscules armés sous le slogan de la lutte les corrupteurs», a prédit Média de guerre, rappelant qu’il l’avait fait précédemment lorsqu’il a délogé les deux milices Front des révolutionnaires de la Syrie et Hazem de la province d’Idleb.
En tout cas, les divergences entre les milices d’Idleb sont montées à la surface. Celle entre autre des détenus de l’Armée syrienne libre séquestrés chez le Nosra.
Evoquant les raids de mardi contre son QG, certains bureaux de coordination (des rebelles) ont assuré que la prison al-Iqab (le châtiment) a elle aussi été bombardée, faisant état de plusieurs centaines de tués, tous des membres de l’ASL. D’autres coordinations ont démenti ceci assurant que tous les tués sont des membres du Nosra
Ahrar al-Sham, qui combat pourtant dans la plupart des régions avec le front al-Nosra semble lui aussi suspecté. Selon Media de Guerre, ce dernier ne cesse de l’accuser d’avoir causé la mort de ses chefs.
Depuis les derniers bombardements, il s’est empressé de présenter ses condoléances pour les tués de Sarmada (mardi), par la voix du porte-parole militaire Abou Youssef al-Mouhajer et l’ancien chef du mouvement Abou Jaber al-Cheikh.
Tandis que de nombreux tentent une médiation pour dissiper la tension, le tweeter du site « Questions stratégiques » a écrit sur son compte que les bombardements des sièges du front al-Nosra n’ont jamais cessé depuis trois ans et qu’ils n’ont rien à voir avec la trêve conclue (sous la houlette de la Russie et de la Turquie).
Quant au coordonnateur général entre les factions armées en Syrie, Abdel Menhem Zein Eddine, il a rejeté les accusations à l’encontre de l’ASL d’avoir livré les datas du Nosra, les qualifiant de « discorde en temps difficiles ». Il a laissé entendre que l’infiltration pourrait très bien se situer au sein du front al-Nosra, surtout que son auteur devrait être parfaitement au courant des déplacements des chefs et de leurs réunions.
D’après Média de guerre, le front al-Nosra a d’ailleurs lancé une campagne au sein de ses rangs pour rechercher les collaborateurs qui ont placé des signes et marques sur les véhicules et les convois des responsables de premier rang.
« Celle-ci pourrait être une trace invisible déposée sur une cible en mouvement et vers laquelle un avion téléguidé tire son missile qui traque la trace invisible », a expliqué Média de guerre.
Cette possibilité semble être prise en compte par le Nosra et les mesures de sécurité ont été renforcées.
« Il a donné l’ordre à ses dirigeants de limiter leurs déplacements même dans les lignes arrières, supposées être sécurisées, de changer de véhicules après les avoir inspectés, voire de modifier leur destination pendant leur sortie et de ne pas se réunir longtemps », a rapporté l’instance médiatique. Ses chefs ont aussi été invités à changer régulièrement leur téléphone portable ainsi que leur numéro.
« C’est le signe de l’absence de fiabilité entre les chefs et leurs éléments, d’autant que ces derniers sont entièrement désillusionnés en raison des défaites militaires successives subies et la hausse du nombre des tués dans leur rangs », a conclu Média de guerre.