Le Hezbollah a organisé, ce vendredi 28 novembre, une cérémonie en l’honneur du grand commandant de la Résistance, le martyr Haitham Tabtabai et de ses compagnons assassinés dimanche dernier suite à une frappe israélienne contre un bâtiment résidentiel dans la banlieue sud de Beyrouth.
« Il s’agit d’une agression flagrante et d’un crime odieux. Nous avons le droit de riposter et nous déciderons du moment opportun », a affirmé le secrétaire général du Hezbollah, Cheikh Naim Qassem, lors d’un discours retransmis par la chaine AlManar.
Voici les principaux points de son discours :
Le commandant martyr Sayed Tabtabai se distinguait par ses grandes qualités, sa planification et sa gestion avisées au cœur des combats, ainsi que par sa préparation des opérations futures
Le martyr Sayed Tabtabai était un homme de terrain, combattant sur différents fronts au Liban, contre les takfiris en Syrie et soutenant nos frères au Yémen
Sayed Tabtabai était un véritable maître de la bataille d’Uli al-Ba’s (Bataille des Puissants 23 septembre 2024 – 27 novembre 2024), tant par son commandement militaire que par son organisation, sa planification et sa maîtrise des lancements de missiles et de drones et de la coordination des tirs.
L’objectif de cet assassinat était de saper le moral afin d’affecter l’organisation, la gestion et la répartition des tâches.
Le martyr Sayed Tabtabai constitute une grande perte, mais c’est aussi un grand gain pour lui, car le martyre était son but, et constitue sa victoire.
Cet assassinat n’affectera pas le moral car nous sommes un parti dévoué issu de l’école du Maître des Martyrs de la Nation Sayed Hassan Nasrallah et nous sommes capables de prendre la relève.
L’objectif de cet assassinat a échoué et ne portera pas ses fruits. Nous poursuivons notre chemin et nous avons de nombreux frères qui nous soutiennent.
Il y a eu des infiltrations et il pourrait y avoir des agents, car nous opérons au grand jour. Un réseau d’agents a été démantelé il y a quelque temps.
L’ennemi israélien opère avec une grande facilité dans ce domaine grâce à la présence de ressortissants étrangers tout en coordonnant avec les services de renseignement américains, arabes et internationaux.
Nous devons aussi reconnaître nos erreurs, combler nos lacunes et tirer les leçons de nos expériences.
Les cinq martyrs s’étaient réunis pour préparer leur prochaine tache, et nous les considérons comme une grande source de fierté.
Il y aura une riposte à cette agression flagrante
Il s’agit d’une agression flagrante et d’un crime odieux. Nous avons le droit de riposter et nous déciderons du moment opportun.
Je remercie tous ceux qui ont présenté leurs condoléances au Liban, en Iran (dirigeants et peuple), au Yémen, en Irak, ainsi que toutes les factions de la résistance palestinienne.
L’accord du cessez-le-feu
Avant d’aborder le premier anniversaire de l’accord du cessez-le-feu, je voudrais saluer la visite du Pape au Liban. Les membres du Conseil politique du Hezbollah lui remettront une lettre à l’ambassade papale. Cette lettre sera rendue publique.
Du retour au cessez-le-feu, c’est un jour de victoire pour la Résistance, pour le peuple et pour le Liban, car nous avons empêché l’ennemi d’atteindre son objectif d’anéantissement de la Résistance.
Cet accord marque une nouvelle étape où l’État libanais assume la responsabilité d’assurer le retrait d’Israël et le déploiement de l’armée au sud du fleuve Litani.
Nous entrons dans une nouvelle phase, et l’État est désormais responsable de l’expulsion de l’occupant et du déploiement de l’armée libanaise.
Le retrait israélien doit être complet, l’agression doit cesser et les prisonniers doivent être libérés.
Cet accord a été conclu grâce à notre persévérance face à l’ennemi et grâce aux performances exceptionnelles des résistants sur le front frontalier et ailleurs.
Cet accord a été conclu car nous avons à nos côtés nos alliés et frères du Mouvement Amal, en plus de la générosité de nos familles et à la gestion de l’armée libanaise.
Cet accord a été conclu en raison de la force de notre projet, de notre volonté, de notre peuple, de notre patriotisme, du sang de nos martyrs et de nos blessés, des souffrances de nos prisonniers et de notre attachement indéfectible à notre terre.
Ils ont tué nos dirigeants, nos commandants, les résistants et le peuple. Ils ont détruit et saboté nos infrastructures pour tenter d’anéantir la Résistance, mais ils ont échoué.
La Bataille ‘Uli al-Ba’s’ a opposé une force modeste, mais animée de volonté, de courage et de foi, face à une arrogance brutale et tyrannique israélo-américaine.
Nous sommes fiers de ce qui a été accompli, car le projet israélien a été brisé aux portes de la Bataille des Puissants.
Une agression contre tout le Liban
L’agression israélienne est contre tout le Liban, et pas seulement contre la résistance, car les objectifs israéliens concernent le territoire libanais, son avenir, l’usurpation de sa souveraineté et le contrôle de sa politique, de son économie et de ses capacités.
N’y a-t-il pas d’agression contre le Président de la République parce qu’il agit avec sagesse, et contre l’armée et son commandement parce qu’ils prennent des mesures pour maintenir la sécurité interne et tenter de libérer le pays ?
L’agression contre l’économie se manifeste par les sanctions américaines et leur déclaration selon laquelle ils cibleront les capacités sociales et culturelles d’une partie de la population libanaise.
Les sanctions américaines affecteront tous les Libanais, et l’incapacité du Liban à mettre en œuvre son projet économique est en partie due aux agissements des Américains.
Les agressions sont contre la population dans les villages du Sud, de la vallée de la Bekaa, du Nord, de la banlieue sud de Beyrouth et partout ailleurs.
Les survols de drones au-dessus du Palais présidentiel et du Palais du gouvernement sont considérés comme une occupation aérienne israélienne du Liban.
L’agression vise l’ensemble du Liban, et par conséquent, la défense de l’ensemble du Liban s’avère une responsabilité, le gouvernement étant la principale force qui devait y faire face.
Les formes de dissuasion de l’ennemi
Le gouvernement ne peut pas garantir les droits sans remplir son devoir le plus important : protéger les citoyens et dissuader l’ennemi.
La dissuasion de l’ennemi passe par la libération et la protection, en l’affrontant et l’empêchant de s’approcher et de se stabiliser sur notre territoire.
L’État est le premier responsable de la dissuasion de l’ennemi, par son armée et son peuple. Si l’armée n’en a pas les moyens, la responsabilité incombe alors à tous les citoyens.
L’État n’est parvenu ni à la libération ni à la protection ; il a choisi la voie politique pour empêcher l’ennemi de s’implanter.
La voie politique peut dissuader l’ennemi via les communications et les pressions et une position politique rejetant l’occupation en plus de l’unité nationale.
L’État peut emprunter la voie politique pour empêcher l’ennemi de se stabiliser.
La Résistance a dissuadé l’ennemi en libérant le Liban en 2000, puis en assurant sa protection entre 2006 et 2023. L’État y était absent.
Depuis 2023, nous nous sommes opposés à Israël en l’empêchant de se stabiliser et nous l’avons affronté lors de la Bataille des Puissants. Et puis, aujourd’hui nous l’empêchons de se stabiliser.
Israël sait qu’en présence de la Résistance, il ne peut se stabiliser.
Nous partageons avec l’État la responsabilité d’empêcher Israël de s’y installer, et nous le soutenons dans sa dissuasion politique. Nous sommes prêts à apporter notre aide.
Notre capacité et notre préparation à nous défendre s’incarne par l’interdiction de l’ennemi de se stabiliser, et le gouvernement doit exploiter tous les moyens existants pour empêcher l’ennemi d’atteindre son objectif.
L’État affirme que nous agissons politiquement pour empêcher cela, et nous, nous vous assurons de notre soutien. C’est à vous désormais d’assumer cette responsabilité.
Nous sommes prêts. Notre préparation est une forme de prévention, et notre capacité de défense une forme de dissuasion.
Le gouvernement doit s’efforcer de mobiliser les ressources de son peuple et de son armée afin de prévenir toute instabilité et ainsi expulser l’entité israélienne.
Nul au Liban n’a le pouvoir de renoncer à la force, au territoire et à la dignité du Liban.
Le mandat confié aux autorités est de rétablir la souveraineté, la terre, la libération des prisonniers et la dignité.
La dignité de notre peuple se manifeste notamment par son retour à la vie avec toute sa force et sa résilience dans les villages du front frontalier, malgré la pression et les menaces israéliennes.
Investissez dans cette volonté et vous en tirerez profit.
L’appel lancé lors de la marche de Hamra, le 22 novembre, à expulser Israël signifie qu’il existe des forces au sein du pays qui ne veulent pas d’Israël, qui rejettent son projet et qui sont prêtes à l’affronter. Tirons profit.
Il existe une tutelle américaine, qui fait en réalité partie intégrante de l’agression, et nous devons en être conscients.
Cette tutelle favorise Israël et instrumentalise la pression israélienne par le biais de la politique, des médias, de l’économie, de la finance et par tous les autres moyens.
Quiconque souhaite nous désarmer sert les intérêts d’Israël
Quant aux serviteurs d’Israël au Liban, je les vois peu nombreux, et malgré leur petit nombre, ils causent des problèmes au Liban car, avec les États-Unis et Israël, ils entravent la stabilité, la croissance et la libération du pays.
Ces personnes jouent un rôle qui sert ‘Israël’ et les États-Unis, et non le Liban.
Vous dites que les armes constituent un obstacle intérieur, et c’est une opinion politique. Nous sommes prêts à discuter des opinions politiques.
Qu’on tient des réunions fondées sur une stratégie de défense, mais sans pression israélienne ni américaine, et sans prétexte d’annuler l’accord existant.
Et surtout, pas en partant du principe que nous devons d’abord renoncer à notre force, pour ensuite qu’ils mettent en œuvre leurs volontés. Tout cela est inacceptable.
Les armes sont un obstacle au projet d’Israël. Quiconque souhaite nous désarmer, comme le désire Israël, sert ses intérêts.
Ô serviteurs d’Israël, craignez Dieu ! Soyez solidaires de votre peuple et vous atteindrez vos objectifs.
La priorité est désormais pour la souveraineté et la libération. Ils prétendent que la résistance est affaiblie et impuissante. Pourquoi ne dites-vous pas à Israël : « La Résistance est faible ; vous n’en avez pas besoin. Allez-y, faites ce que bon vous semble » ?
Ceci prouve que la Résistance est bien présente.
Nous possédons la force de la foi, la force de la volonté, la force du civisme, l’attachement à la terre et la force de la loyauté envers le sang des martyrs, ce qui nous rend aussi forts que des montagnes qui résistent aux vents les plus violents.
Propagande de guerre contre le Liban
Ils menacent constamment d’une agression de plus grande ampleur pour nous forcer à capituler. Toutes ces menaces sont une forme de pression politique.
Ils ont récemment intensifié leurs menaces car ils ont constaté que les menaces de faible intensité proférées au cours de l’année écoulée n’étaient pas suffisamment efficaces.
Ils ont constaté que les pressions politiques américaines étaient inefficaces et que les tentatives de semer la discorde entre l’armée, la résistance et le peuple avaient échoué.
La tentative de certains groupes internes d’exercer des pressions et de créer le chaos a échoué.
Je vous le dis, ces menaces ne feront ni avancer ni reculer quoi que ce soit. Sont-elles réelles ? Non, pour l’instant.
Devons-nous nous attendre à une future guerre ? C’est possible, car cette possibilité existe, tout comme la possibilité qu’il n’y ait pas de guerre.
‘Israël’ et les USA doivent désespérer
Parce qu’Israël étudie ses options, et les États-Unis aussi. Ils savent qu’avec ce peuple, cette Résistance et cet esprit, il n’y a pas d’issue.
Franchement, ils doivent désespérer. Qu’ils menacent, qu’ils fassent ce qu’ils veulent, qu’ils unissent le monde entier contre nous, qu’ils usent de tous les moyens à leur disposition.
Nous sommes un peuple invincible, un peuple qui ne se rendra pas. Nous ne serons pas vaincus, nous ne capitulerons pas, et halte à l’humiliation.
Ils nous disent que la capitulation est la solution car nous n’avons pas la force de faire face à l’agression. Nous leur disons non. Vous exigez de dépouiller le Liban de sa force et de sa capacité à se défendre. Cela ne vous dérange pas que les Israéliens continuent d’occuper notre terre et de tuer notre peuple pour que vous puissiez vivre.
Ils disent : « Laissez-nous vivre. » Comment comptez-vous vivre ? Les Israéliens se contenteront-ils de tuer et d’occuper ? Non, ils commettront un génocide.
Les Israéliens disent vouloir un Grand Israël, et Katz affirme qu’ils veulent modifier la carte maritime et qu’ils ne renonceront pas aux cinq et sept points qu’ils occupent.
Tout cela signifie quoi ? Et pourtant, vous nous dites que le problème est un manque de capacités ? Non, le problème, c’est le projet israélien, et nous devons le combattre.
Ils condamnent ceux qui cherchent à se défendre et à défendre leur terre au lieu de condamner l’agression. Votre comportement est vraiment étonnant.
Il y a une agression israélienne, et il y a ceux qui veulent nuire à leur propre peuple et entraver la force de leur nation, de son armée et de son président, sous prétexte d’assurer la sécurité et la tranquillité d’Israël. C’est un raisonnement erroné.
La décision de l’humiliation ou de l’honneur nous appartient
À ceux dont l’appel est innocent, qui disent : « Nous voulons vivre parce que nous sommes impuissants », nous répondons : La vie et la mort sont entre les mains de Dieu, mais la décision de l’humiliation ou de l’honneur nous appartient. Soyez courageux, choisissez l’honneur et soyez assurés de la victoire.
Notre résistance a ouvert un horizon d’honneur, mais si nous capitulons, nous anéantirons les rêves d’avenir de nos enfants.
Notre persévérance pendant une année entière, malgré toutes les pressions, témoigne de notre force et de notre dignité.
Notre présence populaire, politique, municipale et parlementaire, et ce que le monde voit, témoigne de notre force et de notre dignité.
Notre étendard, c’est notre indépendance et notre liberté, tandis que celui de ceux qui capitulent est une vie de servitude et d’humiliation. Nous serons libres sur notre terre et nous n’accepterons ni servitude ni humiliation.
Nous n’accepterons pas que les Israéliens dictent les limites de nos vies et la manière dont nous la vivons.
L’ennemi veut faire du Liban sa zone d’influence et contrôler ses institutions clés. Nous, ainsi que nos alliés, nos citoyens honorables, nos partenaires au sein de notre nation, notre peuple et notre armée, n’accepterons pas d’être soumis aux USA et à Israël.
Que le gouvernement admette que le mécanisme doit être revu
Quelle est la solution ? La solution est que l’agression cesse.
Il y a ceux qui agressent et ceux qui sont agressés. On dit aux victimes de l’agression que la solution leur appartient, tandis que l’agresseur obtient tout ce qu’il désire. C’est inacceptable ! Il y a agression, et l’agression doit cesser.
Si l’agression persiste, le gouvernement doit élaborer un plan pour la contrer et mobiliser son armée et sa population avec toutes les ressources disponibles. Le gouvernement doit rester ferme.
Que le gouvernement déclare vouloir reconsidérer même le déploiement de l’armée dans le sud.
Que le gouvernement admette que le mécanisme doit être revu car il est devenu un instrument aux mains d’Israël.
Le gouvernement peut prendre de nombreuses mesures. Il peut menacer, tenir bon et faire taire les voix qui réclament l’affaiblissement du Liban.
Le gouvernement peut reporter certaines questions litigieuses et incarner l’image de l’unité.
Allez voir Israël. Voilà la solution : une confrontation politique, culturelle et médiatique, dans l’unité, et par tous les moyens possibles, même militaires.
Et si tout cela échoue, que ferons-nous ? La réponse est claire : nous tiendrons bon et nous nous défendrons. Quand vous nous demandez ce que nous ferons, vous nous demandez de capituler. C’est hors de question. Nous devons tenir bon et défendre.
Tirez leçon de la Syrie
Le sang de nos martyrs ne sera pas versé en vain. Il est préférable que nos citoyens soient unis. Alors l’étranger se soumettra à notre volonté, le Liban en récoltera les fruits et nous parviendrons à un accord entre nous.
Regardez l’exemple de la Syrie. La Syrie est devant vous. Ils n’ont rien laissé en Syrie et ont tout pris. Katz déclare alors ne pas faire confiance à Ahmad Charaa (président intérimaire de la Syrie) et le qualifie d’ancien jihadiste.
Ce qu’il dit signifie qu’ils ont l’intention de le tuer et de poursuivre leur invasion de la Syrie.
Les Israéliens considèrent tout accord sécuritaire ou politique avec la Syrie comme dénué de sens. Pourtant, ils prennent tout sans contrepartie, et personne ne les contredit.
L’opération de jeudi soir à Beit Jinn (au sud de la Syrie) prouve que le peuple syrien est sur une autre longueur d’onde ; il n’acceptera pas de capitulation face à Israël. C’est un indicateur positif et fiable.
‘Israël’ ne nous infligera pas de souffrances sans en subir lui-même
Les concessions ne font qu’enhardir l’ennemi. Il faut lui dire : Non. Par conséquent, les Israéliens ont leurs propres calculs et, en fin de compte, ils ne pourront pas faire tout ce qu’ils veulent.
L’ennemi n’atteindra pas ses objectifs tant que nous resterons fermes. Il ne nous infligera pas de souffrances sans en subir lui-même.




