Des zones d’ombres nécessitent une élucidation indispensable dans l’affaire du nitrate d’ammonium qui a causé la plus grande catastrophe au Liban.
L’une d’entre elles, préliminaire et indispensable, est sans doute liée aux conditions de son arrivée depuis la Géorgie, alors qu’elle était destinée au Mozambique en principe, et aux raisons pour lesquelle elle s’y est bloquée.
Or une nouvelle version de faits pourrait donner une certaine réponse.Elle est relayée par des observateurs libanais avisés.
La réelle destination de ce nitrate d’ammonium, produits utilisés comme engrais agricole et hautement explosif à une certaine concetration azotique ne serait pas le Mozambique mais l’opposition syrienne armée, qui était alors en guerre contre le gouvernement syrien.
Cette version des faits s’est inspirée d’un article, publié par le site d’information SyriaTruth le 25 décembre 2013. C’est-à-dire un mois après que le navire a accosté dans le port de Beyrouth.
Tout en étant un site opposé au pouvoir syrien, il avait les premières années de la guerre contre la Syrie révélé les réelles tendances et manigances de nombreux groupes de l’opposition syrienne.
« Syria Truth a appris de sources concordantes à Beyrouth et à Damas qu’un bateau transportant des milliers de tonnes de nitrate d’ammonium hautement concentré est arrivé dans le port de Beyrouth, le mois passé, en faveur des groupes armés à Homs et dans le Qalamoune en vue de l’utiliser pour fabriquer des explosifs », a écrit le site.
A cette époque, les frontières libanaises servaient de passage d’armes aux milices syriennes qui combattaient le gouvernement. Avec le soutien de protagonistes libanais et des pays du Golfe. Etaient suspectés de contribution à ce trafic le parti du Futur de Saad Hariri, et le Qatar. Le ministre des Affaires étrangères de cet émirat, Hamad Ben Jaber al-Thani, a plus tard révélé , lors de l’éclatement de la discorde avec l’Arabie saoudite, que cette dernière lui avait confié de soutenir les groupes terroristes en Syrie.
En 2013, la région de Qousseir n’avait pas encore été libérée par le Hezbollah et était entièrement occupée par entre les milices de tous bords dont l’ASL, le front al-Nosra, branche d’Al-Qaïda en Syrie.
Selon Syria truth, les groupuscules armés avaient tenté, auparavant de s’emparer de l’usine d’engrais azotiques de Homs. En vain.
Le site syrien rend compte d’une directive promulguée par le chef de la sécurité intérieure syrien le général Ali Mamlouk qui a exigé le renforcement de la surveillance sur les passages frontaliers entre le Liban et la Syrie. Sommant d’interdire le passage de nitrate d’ammonium d’une concertation azotique dépassant les 30%, car pouvant servir aux engins explosifs. Les informations du général syrien lui auraient été livrées dans le cadre de la collaboration entre les renseignements syriens et libanais.
Il est question dans l’article du navire Rhosus, impliqué dans le transport du nitrate d’ammonium. Il aurait été acheté par un pays du Golfe en faveur des groupes armés en Syrie, le front al-Nosra ou l’Armée syrienne libre. Il aurait dans un premier moment tenté d’accoster dans le port de Tripoli, au nord du Liban, pour y évacuer sa cargaison mais il semble qu’elle n’a pu le faire pour des raisons inconnues. Le site syrien indique que son évacuation dans le port de Beyrouth aurait été supervisée par le colonel Imad Othmane, qui était alors le chef du département des renseignements, un service de sécurité proche du courant du Futur. Ainsi que par l’ingénieur Hassan Qoraytem, qui était alors le directeur général de l’administration et de l’investissement du port de Beyrouth et de Badri Daher qui était le chef de la direction Manifeste du port.
Ces deux derniers, Qoraytem et Daher ont été arrêtés cette semaine parmi d’autres suspects.
Cette version des faits exacerbe les doutes, d’autant que les révélations du capitaine du navire laisse en suspens une question primordiale.
Interrogé par Cyber Really, Boris Prokochev, rapporte que le navire lui avait été confié en seconde main, après le départ de son premier équipage, pour non-paiement. Selon lui, alors qu’il voulait battre pavillon vers le Mozambique, son propriétaire russe qui détient la nationalité chypriote, un certain Igor Grechushkin lui a, à l’improviste, demandé de se rendre au Liban, au motif de rajouter une cargaison supplémentaire, des équipements en acier pour le chemin de fer au Mozambique, pour soi-disant payer les membres de l’équipage. Sur les côtes libanaises, une fois chargé, le navire s’est mis à couler. Et la cargaison de nitrate a été sauvée et déposée dans le dépôt 12.
Depuis ni les autorités libanaises concernées ne l’ont déplacée, ni Grechushkin n’a demandé à la récupérer, ni son présumé destinataire au Mozambique ne l’a non plus réclamée. Il va falloir l’identifier. Il s’agirait d’une société de safari qui n’a rien à voir avec les projets agricoles.
Dans certains médias libanais, on soupçonne déjà que la quantité de nitrate d’ammonium qui a explosé est inférieure aux 2750 tonnes qui étaient déposées initialement. L’enquête n’a fait que commencer. De nombreux acteurs seraient tentés de la dérouter.
Source: Divers