Le leadership chinois continue de hausser la voix dans son soutien résolu au concept multipolaire dans les affaires mondiales. Désormais Pékin appelle ouvertement Washington à l’acceptation de cette réalité.
Le ministre des Affaires étrangères et conseiller d’Etat de la Chine, Wang Yi, a exhorté les Etats-Unis à suivre la tendance historique vers la multipolarité dans le monde et la démocratie dans les relations internationales. C’est qu’annonce l’agence de presse gouvernementale chinoise Xinhua.
Ces propos du haut fonctionnaire chinois ont été tenus lors de sa participation à la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’ASEAN et de la Chine par visioconférence. Le chef de la diplomatie chinoise a également déclaré « que les divergences et les contradictions entre la Chine et les Etats-Unis ne résident ni dans le pouvoir ou le statut, ni dans les conflits de systèmes sociaux. La question est plutôt soit de défendre le multilatéralisme ou l’unilatéralisme, et de promouvoir une coopération gagnant-gagnant ou des jeux à somme nulle ».
En ajoutant que « toute tentative unilatérale d’intimidation visant à conserver une position de monopole, à saboter les réalisations d’autres pays en matière de développement, ou à éradiquer l’espace de développement d’autres pays est vouée à l’échec ».
Maintenant et en termes de perspectives, ce qui est intéressant à noter c’est que si les appels du leadership chinois se faisaient régulièrement entendre, et ce lors de divers sommets et rencontres, au cours des mois écoulés, cet appel de l’un des principaux représentants de la République populaire de Chine d’accepter la multipolarité est quant à lui ouvertement destiné aux USA. En tant que destinataires officiels.
D’autre part, ce qui est également important de remarquer c’est la mise en opposition présentée par Wang Yi, entre justement le concept multipolaire du monde – associé à une coopération gagnant-gagnant d’une part, et l’unipolarité révolue mais toujours promue par les élites occidentales – en qualité de «jeux à somme nulle», de l’autre. Evidemment, le fait que la Chine représentait un soutien majeur à la multipolarité depuis plusieurs années était un fait connu pour de nombreux observateurs internationaux. Et ce bien avant les récents dossiers d’hostilité mis en avant par les USA. Mais ces récentes prises de position, le tout au moment d’une guerre géoéconomique en cours avec Washington, promettent un renforcement évident de la détermination des partisans de la multipolarité à divers endroits du monde.
Effectivement et au moment même où plusieurs représentants de l’élite occidentale, notamment européenne, se rendent à l’évidence, bien que sans aucune note d’enthousiasme, de la fin – qui d’ailleurs ne date pas d’hier – de l’ère hégémonique étasunienne/occidentale, l’establishment étasunien continue de vouloir faire vivre l’idée d’une domination des USA sur les affaires mondiales. D’ailleurs les sanctions US visant ses principaux adversaires géopolitiques et géoéconomiques, ainsi que nombre d’autres pays souverains, ne sont pas une caractéristique de force, mais bel et bien plutôt de faiblesse. Etant incapables de vivre une concurrence digne de ce nom sur l’arène internationale, géopolitiquement comme géoéconomiquement parlant, que ce soit dans le secteur du high-tech, de l’armement, de l’énergie, ou tout simplement dans l’idée même d’une attirance internationale, vraisemblablement la seule option qui reste aux nostalgiques radicaux de l’ère unipolaire – ce sont justement les instruments de sanctions et diverses pressions.
Le souci, et c’est d’ailleurs ce qui conforte un peu plus l’idée que ces actions devraient être vues comme un aveu de faiblesse, plutôt que de force et d’intelligence, c’est justement le fait que les nations visées par ces actions démontrent, chaque jour un peu plus, leur capacité à vivre et à s’adapter à ces mesures restrictives unilatérales. Et aussi à pouvoir riposter efficacement. D’autant plus qu’en ce qui concerne les pays partisans de la multipolarité, nombre d’instruments restent encore dans le placard, si l’on peut dire ainsi. Après tout, à chaque chose – son temps.
Par Mikhail Gamandiy-Egorov
Source : Observateur continental