L’armée d’occupation israélienne a dit avoir intercepté ce jeudi un drone lancé depuis le Yémen.
« Suite aux sirènes d’alerte aérienne qui ont retenti il y a peu dans les communautés proches de la bande de Gaza, un drone lancé depuis le Yémen a été intercepté avec succès par l’armée de l’air israélienne », a-t-elle déclaré dans un communiqué.
L’armée d’occupation avait déjà déclaré avoir intercepté un missile tiré du Yémen mercredi.
Depuis le lancement de la guerre israélienne génocidaire contre la bande de Gaza, les forces yéménites de Sanaa lancent régulièrement des tirs de missiles et de drones, par solidarité avec les Palestiniens, en direction des territoires occupés, quoique la plupart sont interceptés.
230 missiles et 350 drones
Sur la tribune de la chaine qatarie al-Jazeera, l’expert militaire Elias Hanna a rappelé qu’en 23 mois, Ansarullah a lancé près de 230 missiles et 350 drones.
A la question qu’il pose « quel en est le bénéfice », il répond : « Le groupe Ansarullah exploite le peu de moyens dont il dispose mais avec un impact géopolitique et géostratégique sur Israël ».
Et de poursuivre : « Il leur suffit de tirer un missile depuis le Yémen pour interrompre la circulation aérienne dans l’aéroport de Ben Gourion ainsi que la circulation dans tout Israël. Les Israéliens s’enfuient vers les abris, ce qui paralyse tous les aspects de la vie en Israël : économique, politique, et même social »
« Dans l’un des tirs, un missile s’est écrasé à proximité de l’aéroport de Ben Gourion ce qui est un exploit », a-t-il rappelé.
Le site MEE a recensé 1.679 tirs de drones et de missiles yéménites aussi bien sur « Israël » que sur la mer Rouge, dans les efforts de Sanaa d’interdire le passage de navires à destination des ports israéliens.
Les trois dilemmes
Selon Elias Hanna, Israël fait face à trois dilemmes avec le Yémen.
« Il ne peut faire cesser ces missiles. Il exploite beaucoup de moyens très coûteux pour des frappes répétitives contre des cibles sans profit qui vaille de point de vue militaire », a-t-il expliqué.
Rappelant « qu’une heure de vol d’un F-16 coûte 40 mille dollars », il s’est demandé « combien coûterait une quinzaine ou une vingtaine de vols d’avions? »
L’expert d’al-Jazeera évoque aussi comme second dilemme la longue distance qui sépare l’entité sioniste du Yémen. « Plus de 2000 km, ce qui veut dire qu’Israël ne peut pas répéter quotidiennement » ses raids .
Selon lui, le 3eme dilemme réside en « l’absence de renseignements tactiques et de la banque de cibles, qui au cas où elles étaient frappées, pourraient affecter les tirs d’Ansarullah ».
Un nouveau missile… à fission
« Aujourd’hui, le groupe Ansarullah a utilisé un nouveau missile qu’ils appellent le missile à fission. C’est un missile d’une importante force de propulsion et d’une charge très grande conçues pour une longue distance. Il s’écrase dans un périmètre de 7 km de sa cible et dissémine de petits missiles ou bombes de 7 à 10 kg sur une très grande superficie, ce qui met les défenses aériennes israéliennes face à un dilemme essentiel parce que ce missile multiplie les cibles ce qui les fait déborder et les perturbe ».
Et Elias Hanna de conclure : « Jusqu’à présent, Israël n’a pas de solution technologique et militaire qui puisse faire cesser ces tirs. Le groupe Ansarullah détient des capacités balistiques traditionnelles, des capacités hypersoniques et des missiles à fission ce qui met Israël dans une situation stratégique embarrassante à laquelle il ne peut remédier pour le moment ».
Vendredi 22 août, Sanaa a révélé avoir tiré un missile Palestine 2, en direction de l’aéroport Ben Gourion.
Dimanche, l’armée d’occupation a assuré qu’il s’agit d’un missile à fission dont un fragment a explosé dans la colonie Jinton, près de la ville de Lod.
Les images ci-dessous diffusées sur les réseaux sociaux et relayées par de la chaine al-Machhad du tir de missile à la 45ème seconde
Ce genre de missiles , Qader F, avaient été utilisés par l’Iran pendant sa riposte à la guerre de 12 jours contre ce pays.
Le journal israélien The Jerusalem Post a qualifié l’utilisation de ce missile comme « une évolution significative et inquiétante ».
Il a ajouté que « le lancement de missiles à fission par des moyens balistiques augmente considérablement la portée de la menace, complique l’interception et rend la récupération après impact plus difficile ». Il a expliqué que « les missiles à fission rendent les systèmes de défense antimissile conventionnels tels que l’Arrow ou la Fronde de David moins efficaces, car ils ne sont pas équipés pour intercepter les bombes à fragmentation ».
Selon ce quotidien, « l’échec des défenses aériennes israéliennes à intercepter le missile yéménite soulève des questions cruciales quant aux limites du réseau de défense aérienne multicouche ».
« Nous ne changerons pas notre position »
L’armée d’occupation a mené plusieurs fois des frappes au Yémen. Elle a indiqué avoir bombardé dimanche des sites militaires des forces armées de Sanaa, le palais présidentiel et un site de stockage de carburant à Sanaa.
Ansarullah a reconnu 10 martyrs et 96 blessés dont des enfants et des femmes, niant que des cibles militaires aient été frappées.
“Ils veulent nous dissuader de soutenir nos frères à Gaza, mais nous sommes prêts au pire. Nous ne changerons pas notre position ferme de soutien à Gaza », a dit un citoyen yéménite, à proximité du site de stockage, pour le micro de la chaine libanaise d’information al-Mayadeen, selon laquelle c’est la deuxième fois que ce site est visé en moins d’une semaine. La première avait eu lieu dimanche 24 août, en riposte au tir de missile à fragmentation.
Exaspération et perplexité
Dans les médias israéliens, les observateurs sont exaspérés par la poursuite de ces tirs, voir même perplexes, selon le journal libanais al-Akhbar.
La chaine israélienne publique Kan s’est montrée pessimiste quant à la capacité d’Israël de faire cesser les tirs yéménites. Rappelant qu’en « l’absence de cibles de qualité », elle a rappelé qu’Israël avait échoué dans sa tentative d’assassiner le chef d’état-major yéménite et le Yémen ne cesse de poursuivre ses tirs.
« Un missile yéménite sera tiré et Israël continuera de riposter en attaquant le Yémen », a-t-elle prévu.
« C’est la 15eme attaque israélienne contre le Yémen et le Yémen poursuit ses tirs », a déploré quant à elle la chaine 13 israélienne.
Une menace stratégique
Pour des experts israéliens, les forces de Sanaa sont beaucoup plus « qu’une source d’embarras ».
« Cette classification est trompeuse. La rapidité avec laquelle ils ont pris le pouvoir, leur possession d’un arsenal de missiles et naval, et leur indépendance vis-à-vis de Téhéran leur permettent de menacer directement la sécurité israélienne », a diagnostiqué l’expert Naa Lazimi de l’Institut Mishgav pour les études de sécurité nationale
« Les Houthis allient une idéologie extrémiste à une grande audace militaire, ce qui les transforme en une véritable menace stratégique qui ne peut être surmontée par de simples frappes aériennes, mais nécessite plutôt l’examen de nouvelles options militaires et diplomatiques », a-t-elle préconisé.
Seul, face au Yémen
Le général de brigade de réserve Zvika Haimovich, ancien commandant des forces de défense aérienne israéliennes, propose « de s’écarter du modèle traditionnel en tentant de former une coalition internationale et de recruter des pays arabes directement touchés par la menace, comme l’Arabie saoudite ».
Haimovich propose également de « former les forces d’opposition yéménites, puis de mener à bien le processus interne », estimant que « c’est un processus de longue haleine, mais qui doit être lancé. »
Selon al-Akhbar, les dirigeants politiques israéliens reconnaissent que les récents affrontements ont mis en évidence les limites des alliances régionales. De grands États arabes comme l’Égypte et l’Arabie saoudite ne manifestent aucune réelle volonté d’assumer le fardeau militaire d’une confrontation avec Ansarullah. Même les États-Unis, après une intervention limitée, ont eu recours à l’apaisement, pour des raisons corroborrées par une analyse coûts-avantages, laissant Israël seul, face au Yémen.
Source: Divers