Se démêlant becs et ongles pour redorer l’image de son pays responsable de la crise que traverse le Liban, l’ambassadrice américaine n’en finit pas de faire tout pour se faire remarquer.
Le lundi 15 mars Dorothy Shea a atterri tout bonnement dans la ville de Gaza, à l’ouest de la Békaa. En compagnie du le chef du commandement central de l’armée américaine (Centcom), le général Kenneth McKenzie, elle voulait inspecter un puits d’eau qui avait été mis en œuvre depuis deux ans par l’agence américaine USaid pour le coût d’un million deux cent mille dollars US. Même le maire de la ville, Mohamad al-Majzoub n’a pas été informé de sa venue, selon ce qu’il a dit pour les médias libanais. Et lui seul a été autorisé à l’accompagner ainsi que le directeur général de la société des eaux.
Des centaines d’automobilistes libanais se sont vus bloqués sur la route menant à la Békaa, et ont été obligés de garer leur voiture aux bords des routes pour faciliter son passage.
Les journalistes et les photographes ont été empêchés de faire part à son convoi.
Le dispositif sécuritaire déployé pour son déplacement était énorme. En plus de son convoi, deux hélicoptères ont atterri dans la région al-Sahl et quatre avions de l’armée libanaise ont survolé en permanence le ciel de la région durant sa visite. Des centaines d’éléments des forces de l’ordre et de l’armée libanaise ont aussi été déployés pour assurer sa protection et celle du général.
Auparavant, le général américain s’était entretenu avec le chef de l’armée le général Jospeh Aoun au sujet de la coopération militaire entre les deux pays.
Les Etats-Unis imposent une mainmise insolente et de plus en plus flagrante sur l’armée libanaise, s’accaparant son fournissement en matériel militaire et en formation et interdisant à l’Etat libanais de recourir à d’autres fournisseurs.
Le journaliste libanais Hassan Olleik du quotidien libanais al-Akhbar a pris soin de le rappeler.
« L’ambassadrice américaine reste à Yarzé ( siège du ministère libanais de la Défense, ndlr) beaucoup plus qu’à Awkar (siège de l’ambassade des Etats-Unis). Et on ose te parler d’une tutelle iranienne et d’une occupation iranienne », a-t-il ecrit sur sa page Twitter d’un ton sarcastique.
Illustrant cette confiscation de l’armée, Olleik évoque aussi l’interdiction américaine au Liban « de se fournir même en munitions légères de la Russie » et rapporte que c’est « l’ambassadrice en personne qui a diplômé ses forces spéciales ».
Et de rappeler aussi que « l’armée britannique plante des tours de contrôle tout au long de la frontière libano-syrienne et la société Parsons obtient d’une agence américaine de mettre en œuvre un système similaire de surveillance sur ces frontières, sans en informer ni le parlement libanais, ni le gouvernement libanais, ni le ministère de la Défense et on ose te parler d’une tutelle iranienne ou d’une occupation iranienne ».
Dans son tweet, le journaliste tacle la responsabilité des Etats-Unis dans la crise libanaise, énumérant les autres interdictions dictées à l’Etat libanais dans le domaine financier pour empêcher tout règelement.
« L’ambassadrice américaine dit au chef du gouvernement qu’il est interdit de changer le gouverneur de la Banque du Liban », Riad Salamé, tenu pour responsable de la crise financière et monétaire en raison de la politique qu’il avait fait suivre insidieusement au Liban depuis plus de 25 ans. En plus du fait qu’il a laissé fuiter vers l’étranger des milliards de dollars libanais appartenant à la classe politique et économique toutes tendances confessionnelles confondues, il a fait main basse sur les dépôts bancaires des Libanais, et refuse impunément procéder à l’audit juricomptable des comptes de la Banque du Liban confié aux cabinets Alvarez-Marsal. Le tout grâce à la protection que lui procurent les Américains. Il se trouve actuellement à Paris!
Olleik poursuit : « Des députés libanais sont interdits d’ouvrir un compte dans les banques libanaises sur l’ordre de Etats-Unis… une fondation caritative qui s’occupe des familles des martyrs de la résistance qui ont libéré notre pays de l’occupation se voit interdire d’ouvrir un compte dans une banque libanaise, sur l’ordre des Etats-Unis… un communiqué depuis Washington ferme une banque libanaise ». Rappelant après chaque interdiction les allégations selon lesquelles il y a une tutelle iranienne sur le Liban, une allégation sournoisement répétée en boucle par les supplétifs locaux des Américains.
Sur le réseaux sociaux, les commentaires fusent répulsés fusent de partout.
Selon Georges sur Twitter: » quelqu’un peut-il m’expliquer comment le Liban est-il occupé par l’Iran et qu’il est sous l’hégémonie du Hezbollah alors qu’il est interdit à l’armée de se procurer une munition de l’Iran, et il est interdit au pays de se procurer du fuel de l’Iran, ou de se procurer quoique ce soit de la Chine. Tous les accessoires doivent être apportés de l’Europe et des Etats-Unis. Même une tomate, on ne peut l’acheter de la syrie si les Etats-Unis ne sont pas d’accord… Le Liban est occupé par l’Iran alors que l’mbassadrice américaine se promène à sa guise du nord au sud du Liban? le Liban est sous occupation iranienne tandis que les chaines de télévision n’arrêtent pas d’insulter le Hezbollah et la résistance? Le Liban est occupé par l’Iran et on ne peut nous diriger vers l’Orient… l’Iran occupe le Liban et les Etats-Unis interdisent au Hezbollah de participer à un gouvernement… Espèces de meuteurs » .
Quant à Zahra , elle a tweeté: » l’ambassadeur iranien ne se promène pas au Liban comme l’ambassadrice américaine s’y promène avec ses gardes… Je sens qu’elle est devenue le Haut-commissaire sur le Liban…Et ils parlent d’une occupation perse ».
Commentant la visite de Shia à Gaza, le journal en ligne du Hezbollah al-Ahed a commenté : « dans les scènes qui nous restent des séries des bandes dessinées, il y a celle de la sorcière maléfique qui habite dans un palais mystérieux et répand méchanceté et ravage là ou elle se manifeste, entourée par une équipe d’esclaves qui exécutent ses ordres et ses prescriptions ».
A la différence que les Américains attribuent leur mal aux autres, l’Iran en tête. Mais sans que personne ne les croit!
Source: Médias