La Rapporteuse de l’ONU, Agnes Callamard, a assuré vendredi 26 mars avoir bel et bien été menacée par un haut responsable saoudien, à la suite de son enquête sur l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi en 2018.
« La menace de l’Arabie saoudite à mon encontre était éhontée, elle a eu lieu dans un cadre diplomatique de haut niveau et a été rendue publique, confirmée par l’ONU », a indiqué dans un tweet la Française, alors que le responsable saoudien en question a démenti jeudi les faits.
« Les tactiques d’intimidation ne devraient être nulle part possible. Elles n’ont pas leur place à l’ONU », a-t-elle ajouté.
Un peu plus tôt cette semaine, le quotidien britannique The Guardian a rapporté qu’un haut responsable saoudien avait menacé à deux reprises, lors d’une réunion avec des responsables de l’ONU à Genève en janvier 2020, de « prendre soin » de Mme Callamard si les Nations unies ne freinaient pas ses ardeurs.
Sans nommer le responsable saoudien, la Rapporteuse spéciale de l’ONU sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires et arbitraires a déclaré au journal britannique que le commentaire était perçu par ses collègues basés à Genève comme une « menace de mort ».
Rupert Colville, porte-parole du bureau des droits de l’homme de l’ONU à Genève, a confirmé que « les détails de l’article du Guardian sur la menace visant Agnes Callamard étaient exacts ».
Mais le chef de la commission des droits de l’Homme d’Arabie saoudite, Awwad Alawwad, a démenti jeudi avoir menacé de mort l’experte.
« Bien que je ne me souvienne pas des conversations exactes, je n’aurais jamais voulu nuire à une personne nommée par l’ONU, ou à qui que ce soit d’ailleurs », a-t-il écrit sur Twitter.
Mme Callamard a affirmé vendredi que les menaces dont elle a été victime se produisent « malheureusement souvent » à l’ONU.
« Les Etats doivent comprendre que se comporter comme des voyous à New York et à Genève n’est pas plus acceptable que dans d’autres capitales, ou dans leurs propres villes. Une telle exigence est essentielle car nous sommes confrontés à un monde de tensions accrues qui rappellent l’époque de la guerre froide », a-t-elle conclu.
Jamal Khashoggi, un ancien proche du pouvoir saoudien dont il était devenu un féroce détracteur, a été assassiné et démembré en 2018 au consulat de son pays à Istanbul, un événement qui a provoqué une onde de choc planétaire.
Les Etats-Unis ont publiquement accusé fin février le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, d’avoir « validé » l’assassinat de Jamal Khashoggi.
Source: Avec AFP