L’Iran a l’intention de « produire de l’uranium métal avec un taux d’enrichissement de 20 % », a indiqué mardi 6 juillet l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), au moment où les négociations pour tenter de sauver l’accord sur le nucléaire patinent.
Téhéran, qui s’est progressivement affranchi de ses engagements depuis le retrait des États-Unis de cet accord en 2018, avait commencé en février la production d’uranium métal à des fins de recherche scientifique.
Il veut désormais passer à un degré supérieur d’enrichissement, « un processus en plusieurs étapes » qui aura lieu dans son usine d’Ispahan (centre), selon la déclaration de l’AIEA transmise à l’AFP.
L’objectif affiché est de « fabriquer du combustible » pour alimenter le réacteur de recherche de Téhéran.
Le directeur général de l’instance onusienne, Rafaël Grossi, a informé les États membres de ce nouveau développement, qui intervient dans un contexte compliqué.
Outre des problèmes d’accès des inspecteurs au site d’enrichissement de Natanz, l’Iran n’a toujours pas prolongé un arrangement temporaire permettant à l’Agence de continuer à exercer un certain degré de surveillance du programme nucléaire.
Parallèlement, les pourparlers de Vienne, qui ont démarré en avril, sont au point mort.
« Ils ne reprendront pas cette semaine », selon un diplomate européen contacté par l’AFP qui dit ne pas avoir de visibilité, alors que le nouveau président iranien, Ebrahim Raïssi, entre en fonction en août.
Ces négociations visent à faire revenir les États-Unis dans le giron de l’accord conclu en 2015 dans la capitale autrichienne.
Le « plan d’action global commun » (JCPOA, selon son acronyme anglais) offrait à Téhéran un allégement des sanctions occidentales et onusiennes en échange de son engagement à ne jamais se doter de l’arme atomique et d’une réduction de son programme nucléaire, placé sous un strict contrôle de l’ONU.
Mais ce pacte a été torpillé en 2018 par la décision de l’ex-président américain Donald Trump de s’en retirer et de rétablir des sanctions contre Téhéran. En riposte, l’Iran a renoncé à la plupart de ses obligations.
« Grande préoccupation » des Européens
Les Européens ont exprimé mardi leur « grande préoccupation » face à la situation. Dans un communiqué commun, les ministres des Affaires étrangers de la France, de l’Allemagne et du Royaume-Uni (E3) ont dit leur « grande préoccupation du dernier rapport de l’AIEA qui confirme que l’Iran a débuté les étapes nécessaires à la production d’uranium métal enrichi.
Les Européens estiment que cela compromet un retour des États-Unis dans l’accord, qui est actuellement négocié à Vienne.
« L’Iran n’a aucun besoin civil crédible de poursuivre des activités de production ou de R & D sur l’uranium métal, qui constituent une étape clé du développement d’une arme nucléaire », prétendent les Européens dans leur communiqué.
De leur côté, les États-Unis ont jugé « inquiétant » que l’Iran souhaite s’affranchir un peu plus de ses engagements en matière nucléaire et l’ont appelé à mettre un terme à ses « provocations ».
« C’est inquiétant que l’Iran ait choisi l’escalade […] avec des expériences qui ont de l’intérêt pour la recherche d’armes nucléaires », selon le porte-parole du département d’État, Ned Price.
Mais « de telles provocations ne donneront aucun levier à l’Iran dans les discussions », a-t-il prétendu. « Nous continuons à appeler l’Iran à mettre un terme à cette surenchère, à revenir à Vienne pour de réelles négociations, et à être prêt à terminer le travail que nous avons entamé en avril ».
Rappelons que les dirigeants iraniens assurent que leur programme nucléaire a des visées purement pacifiques.
Source: Avec AFP