Pour le site web de la télévision d’information libanaise al-Mayadeen, des sources politiques libanaises ont commenté le récent voyage en Arabie saoudite de l’ambassadrice des Etats-Unis et de France, Dorothy Shea et Anne Grillo, pour se concerter de la situation au Liban avec des responsables saoudiens, ce voyage avait été précédé par une rencontre qui a réuni en marge du G20 de Rome les trois ministres des Affaires étrangères de ces trois pays. Ces agissements suscitent des soupçons sur des velléités d’imposer une tutelle americano-franco-saoudienne sur le Liban. Des soupçons soutenus par la recommandation qui a été faite par la Commission de Défense et de Sécurité du parlement français d’envoyer une task-force au Liban pour des fins soi-disant humanitaires.
Pour al-Mayadeen, ces sources politiques libanaises ont exprimé leurs craintes d’une dangereuse dérive dans laquelle le Liban risque de glisser, à la lumière des difficultés existantes dans le processus de formation du gouvernement, et des difficultés de produire des équations locales qui garantissent le strict minimum de stabilité politique, économique, sécuritaire et sociale, pour faire face aux défis et aux risques auxquels ce pays est confronté.
Selon ces sources, la récente activité internationale qui s’est illustrée par les rencontres américano-franco-saoudiennes consacrées à la situation libanaise en marge du sommet du G20 à Rome, semble constituer « une préparation pour reclaquer dans un contexte plus fort et plus dangereux la scène de 2005, intervenu après l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafik Hariri, suivi par l’expulsion des forces syriennes du Liban, puis par les désaccords inter libanais et enfin l’agression israélienne de juillet 2006.
« La même scène se répète, mais avec des outils, des circonstances et des personnalités différents, et des titres plus insidieux et efficaces, en resserrant notamment l’étau financier et économique, pour pousser le pays à l’effondrement et faire exploser les contradictions locales. Elle se veut aussi diriger les dossiers sensibles, comme l’explosion du port de Beyrouth du 4 août 2020, celui de la corruption et la responsabilité de l’effondrement, vers des dimensions sectaires, qui pourraient démanteler l’Etat et renforcer la logique des cantons », précisent ces sources.
De même, celles-ci estiment que l’activité américano-franco-saoudienne « suggère une volonté d’investir et de profiter de l’effondrement économique et social attendu, à la lumière de la crise politique, afin de l’imputer à leurs opposants, surtout au Hezbollah et à ses alliés et de les tenir pour responsables de l’effondrement, et ce à l’approche des élections législatives ».
Et d’ajouter : « Cette expression est le titre initial du projet de la nouvelle tutelle sur le Liban, afin de le placer sur les cartes de l’influence internationale et régionale qui se redessinent sur les rives de la Méditerranée, depuis la Libye et jusqu’à la Syrie, où l’Occident édifient ses bases militaires sur les gisements de pétrole et des ressources, tandis que les habitants du pays manquent et se disputent entre eux ».
D’après ces mêmes sources, « la reconnaissance internationale qu’il n’est pas possible de former un gouvernement, malgré la capacité de ce trio d’y apporter son assistance et le fait d’en imputer les causes aux facteurs internes exclusivement ne sont qu’un leurre », car «celui qui connaît la formule est parfaitement conscient de l’importance des chevauchements entre les acteurs internes et externes, et quiconque connaît la formule économique et financière libanaise sait qu’elle est sous l’emprise de l’extérieur ».
Cette crise « est le reflet littéral de la volonté extérieure, malgré la responsabilité des Libanais corrompus depuis des décennies, la mauvaise gouvernance et gestion et le pillage de l’argent public », confirment ces sources pour al-Mayadeen.
Elles considèrent que le fait de « négliger de parler de consensus entre les Libanais et de les pousser vers des ententes qui pourraient reconfigurer le pouvoir pour faire face aux défis et atténuer la crise, confirme que le trio (américain-français-saoudien) ne veut pas aider les Libanais à surmonter les obstacles internes, mais veut plutôt investir politiquement dans les complexités. Il agit afin de les gérer à son avantage, plutôt que de travailler à les résoudre ».
« Sinon, que signifie de parler du mécanisme d’accorder une aide humanitaire, sanitaire et éducative au peuple libanais ? Ce discours ne confirme-t-il pas la transition de ces capitales vers l’option d’une gestion de crise plus impliquée dans les affaires locales, sous des titres humanitaire, alimentaire et sanitaire ? N’est-ce pas le constat de l’effondrement imminent des institutions et l’annonce de la faillite de l’Etat ? », se sont interrogés ces sources.
Dans ce contexte, elles constatent que « la recommandation émise par la Commission de Défense et de Sécurité du Parlement français est une introduction à une sorte de tutelle et d’intervention militaire extérieure sous des titres humanitaires, hormis la réalité de cette démarche et des chances de son succès dans la réalisation de ses objectifs souhaités, compte tenu de l’équilibre des pouvoirs locaux ».
Et d’ajouter : « dans l’attente des excuses du Premier ministre désigné Saad Hariri de former le gouvernement, et dans le sillage de la hausse insensée du taux de change du dollar par rapport à la livre libanaise, en plus de la crise de l’électricité et du carburant, il y a ceux qui se préparent à ce que le Liban passe à un nouveau niveau de crise et de danger intitulé : un pays brisé, divisé et impuissant, qui souffre de graves crises économiques, de chaos social et de plus d’intervention et d’implication internationale et régionale dans la crise ».
Evoquant le déplacement des ambassadeurs américain et français au Liban en Arabie saoudite, ces sources indiquent qu’il n’est jamais arrivé dans l’histoire des relations diplomatiques qu’un ambassadeur accrédité dans un pays se soit rendu dans un autre pays pour discuter de questions liées au pays dans lequel il sert.
» Il s’agit d’une annonce indirecte de la chute des institutions de l’État, des présidences et des ministères, et de l’entrée du pays dans les orbites de l’internationalisation et de l’establishment des consuls pour se substituer à l’État et ses institutions », estiment-elles.
Et ces sources de conclure en disant : « Il n’est pas arrivé que ces personnes se soient rencontrées et aient parlé des affaires libanaises, sans que les tempêtes et les crises ne succèdent à leur rencontre ».
Source: Médias