La ministre canadienne des Femmes et de l’Égalité des genres, Maryam Monsef, s’est exprimée lors d’une conférence de presse mercredi 25 août sur la crise en Afghanistan.
Membre du parti libéral, celui du Premier ministre Justin Trudeau, elle a employé des mots qui ont mis le gouvernement dans l’embarras.
«Je veux profiter de l’occasion pour parler de nos frères, les talibans. Nous vous demandons d’assurer l’évacuation sécuritaire de tous ceux qui veulent quitter l’Afghanistan», a-t-elle déclaré, lisant un texte déjà préparé.
L’extrait a suscité de vives réactions de leaders politiques canadiens, notamment Erin O’Toole, chef du parti conservateur, pour qui ce langage est «totalement inacceptable».
«Après six mois d’inaction par le gouvernement Trudeau, il y a des milliers d’Afghans en danger à cause de leur soutien à notre pays», a-t-il ajouté.
Justin Trudeau a été poussé à s’exprimer sur l’intervention de sa collègue.
«La ministre a adressé ses commentaires, je n’ai rien à ajouter, nous allons continuer d’être très fermes sur les talibans en tant que terroristes et continuer de les pousser pour laisser les gens sortir de l’Afghanistan», a-t-il indiqué, cité par Le Journal de Montréal.
Référence culturelle
Interrogée sur ce choix de mots, Mme Monsef, d’origine afghane, a plaidé qu’il s’agissait d’une «référence culturelle», «les musulmans se référant aux uns et aux autres comme des frères et sœurs».
«Nous ne soutenons pas les talibans, nous sommes horrifiés que les progrès durement acquis au cours des 20 dernières années soient en jeu», a-t-elle insisté.
L’explication de Maryam Monsef n’a pas convaincu du côté des intervenants de l’émission «La Joute» sur la chaîne TVA Nouvelles.
L’essayiste et chroniqueur Mathieu Bock-Côté a trouvé «politiquement scandaleux» qu’elle ait parlé «au nom de son “nous” communautaire, communautariste, plutôt qu’au nom de ses fonctions dans le cabinet».
Pour l’analyste Emmanuelle Latraverse, «ce n’est pas Maryam Monsef la réfugiée afghane qui parle, c’est Maryam Monsef la ministre du Canada», puisqu’elle s’exprimait avec d’autres membres du gouvernement (ministres de la Défense, des Affaires étrangères et de l’Immigration) lors de ce point presse.
Sanctions
Le Canada a pourtant montré une position ferme à l’égard du futur gouvernement formé par les talibans, indiquant très tôt qu’il n’avait pas l’intention de le reconnaître.
À l’instar de Moscou, Ottawa considère officiellement les talibans comme une entité terroriste. Lundi 23 août, Justin Trudeau a même assuré qu’il plaiderait en faveur de sanctions contre ceux-ci lors du sommet du G7 qui se tiendrait le lendemain.
À l’issue de la réunion, il s’est finalement aligné sur les autres dirigeants, appelant les talibans à «rendre compte de leurs actes pour empêcher le terrorisme et sur les droits humains, en particulier ceux des femmes».
La légitimité et la reconnaissance du régime en place dépendront de ses «actes» et non de ses «paroles», ont insisté les dirigeants du G7.
Source: Avec Sputnik