Le Pape François a exprimé son « immense chagrin » face à l' »effroyable réalité » dévoilée par une commission indépendante, qui a estimé à 216.000 le nombre d’enfants et d’adolescents victimes des violences sexuelles au sein de l’Église catholique de France depuis 1950.
Les pensées du pape « se tournent en premier lieu vers les victimes, avec un immense chagrin pour leurs blessures et gratitude pour leur courage de dénoncer », a déclaré mardi 5 octobre le porte-parole du Vatican, Matteo Bruni, cité par l’AFP.
« Elles se tournent aussi vers l’Église de France, afin que, ayant pris conscience de cette effroyable réalité (…) elle puisse entreprendre la voie de la rédemption », a-t-il ajouté.
« L’Eglise n’a pas su voir, n’a pas su entendre »
L’état des lieux dressé par la Commission indépendante sur les abus dans l’Eglise est « accablant »: son rapport estime à quelque 216.000 le nombre de mineurs victimes de prêtres, diacres et religieux depuis 1950.
Le nombre grimpe même à 330.000 si l’on ajoute les personnes agressées par des laïcs travaillant dans des institutions de l’Église (enseignants, surveillants, cadres de mouvements de jeunesse…), a précisé le président de la commission, Jean-Marc Sauvé, en présentant ses conclusions.
Ce dernier a dénoncé « un ensemble de négligences, de défaillances, le silence, une couverture institutionnelle qui ont présenté un caractère systémique ».
« L’Eglise n’a pas su voir, n’a pas su entendre, n’a pas su capter les signaux faibles, n’a pas su prendre les mesures rigoureuses qui s’imposaient », a-t-il estimé, appelant l’institution à reconnaître sans détour sa « responsabilité ».
« Une honte absolue »
Le président de la Conférence des évêques de France, Eric de Moulins-Beaufort, a exprimé « sa honte », « son effroi » et a demandé « pardon ».
La voix des victimes « nous bouleverse, leur nombre nous accable », a-t-il déclaré.
Véronique Margron, la présidente de la Corref (instituts et ordres religieux), a évoqué de son côté « un désastre »: « que dire, sinon éprouver (…) une honte charnelle, une honte absolue ».
Face à eux, M. Sauvé a asséné que l’Eglise catholique avait manifesté « jusqu’au début des années 2000 une indifférence profonde, et même cruelle à l’égard des victimes » de pédocriminalité.
De 1950 aux années 2000, « les victimes ne sont pas crues, entendues, on considère qu’elles ont peu ou prou contribué à ce qui leur est arrivé », a-t-il insisté.
Les garçons « représentent près de 80% des victimes, avec une très forte concentration entre 10 et 13 ans », a relevé Jean-Marc Sauvé.
Il avait auparavant révélé une « estimation minimale » du nombre de prédateurs : « 2.900 à 3.200 » hommes – prêtres ou religieux – entre 1950 et 2020.