Pour la seconde fois, le député Jamil Sayyed se trouve dans le collimateur américain.
La première fois lorsqu’il était le chef de Sécurité générale. Il a été accusé injustement par le Tribunal spécial pour le Liban ainsi que trois hauts officiers libanais d’être les commanditaires de l’assassinat de l’ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri. Tous les quatre ont été disculpés pour manque de preuve quatre années après leur détention. Mais tous les quatre n’ont plus jamais restitué leurs postes.
Cette fois-ci, il est sous le coup de sanctions décrétées par le département du Trésor des Etats-Unis, dans le cadre du Global Magnitsky Act, sous prétexte qu’il est trempé dans la corruption au Liban.
Dans une conférence de presse ce vendredi, depuis le siège du parlement libanais, il a répondu aux accusations qui lui sont imputées.
Il rappelle qu’entre 2005 et 2018, il n’a occupé aucune fonction publique et ce n’est qu’en 2018 qu’il a été élu député.
« Entre 2005 et 2009, ma famille a contracté des emprunts, nous étions à découvert du secret bancaire et j’étais soumis à l’Audi international », a-t-il ajouté.
Et d’interroger : « où est donc l’investissement à l’étranger dans lequel je serai impliqué ? pourquoi vous vous êtes contentés de gros titres généraux alors que les autres accusations sont étayées par des chiffres ».
A l’accusation d’avoir contourné la réglementation bancaire pour transférer à l’étranger 120 millions de dollars, il a répondu :
« Donnez-moi un visa pour les USA. Je voudrais vous affronter sur votre propre sol. Si vous apportez la preuve que j’ai transféré à l’étranger ces 120 millions de dollars, je suis prêt à donner la moitié pour financer la carte d’approvisionnement et l’autre pour soutenir le développement de la région de Baalbak-Hermel ».
« Ces transferts auraient dû avoir été réalisés par le biais d’une banque ? d’où et par où ce transfert a-t-il été exécuté ? quand et comment ? ou sont les documents qui l’attestent ? qui est donc ce responsable officiel qui devrait être mon complice », a-t-il poursuivi.
L’ex-chef de la SG rapporte que des amis étrangers dont des ambassadeurs lui avaient fait part ces derniers temps que les Américains étaient irrités à cause de lui. Et l’un d’entre eux lui a dit de faire attention, surtout qu’il prépare depuis 6 mois une plainte auprès des Nations unies pour réclamer des indemnisations et des excuses pour les quatre années de détention dans l’affaire de l’assassinat de Rafic Hariri.
« J’ai touché à l’être divine », a-t-il dit poursuivi d’un ton sarcastique, accusant l’ancien ambassadeur américain au Liban Jeffrey Feltman d’être derrière ces sanctions « parce que mon dossier qui va parvenir au Nations Unies prouve qu’un ambassadeur a œuvré pendant des années pour arrêter un responsable sécuritaire au Liban pour des raisons politiques ».
Feltman était accrédité au Liban à cette époque au cours de laquelle les Etats-Unis ont lancé la révolution du Cèdre qui a éclaté après l’assassinat de Hariri.
Selon lui, l’une des causes de cet acharnement américain contre lui est aussi son hostilité à l’ennemi israélien.
« Celui qui est avec Israël est avec vous. Et celui qui est contre Israël est contre vous. Vous avez l’honneur de serrer les mains a ceux qui les ont trempées dans le sang. En même temps, votre pays prétend combattre la corruption », a-t-il dit aussi en s’adressant à l’ambassadrice des Etats-Unis au Liban Dorothy Shea.
Niant une autre accusation, celle d’avoir donné l’ordre aux forces de sécurité de tirer sur les manifestants lors de l’insurrection du 17 octobre 2019, il a rappelé : « je n’ai jamais demandé à aucun appareil de sécurité ni aucun responsable de tuer les gens. J’ai adressé un appel à tous les citoyens de se défendre si on essaie d’attaquer leur domicile ».
M. Sayyed a réitéré ses positions de principe qui expliquent l’hostilité des Etats-Unis à sa personne :
« Ma stratégie est l’édification de l’Etat et de promouvoir les relations libano-syriennes. Un régime extrémiste en Syrie affecte le Liban. En tant que fils de l’institution militaire, je suis en faveur de l’exclusivité des armes entre les mains de l’armée. Mais lorsque nous savons qu’il est interdit à l’armée d’avoir des armes dissuasives contre Israël, je suis avec l’armement de la résistance. Notre résistance est faite pour le Liban ».
Source: Médias