Le président brésilien Jair Bolsonaro s’est affilé mardi au Parti Libéral (PL), une formation de droite, dans le but de faire mentir les sondages qui le donnent battu à la présidentielle d’octobre 2022 par le probable candidat de gauche, l’ex-chef de l’Etat Lula.
C’est pour le président d’extrême droite l’affiliation à un 9ème parti politique successif, une pratique toutefois relativement courante au Brésil où le Parlement est atomisé en une trentaine de formations.
« Nous ne lançons ici personne à la conquête d’une charge quelconque. L’affiliation est un événement simple, mais de grande importance », a déclaré le chef de l’Etat lors d’une cérémonie organisée dans un grand hôtel de Brasília en présence de centaines de personnalités politiques, mais sans la presse.
« Merci de votre confiance et de votre soutien », a-t-il déclaré aux autres membres du PL, tous quasiment sans masque. « Ceci est une cérémonie d’affiliation, qui fait de nous une équipe (…) en vue de l’élection l’an prochain ».
Sortant ensuite de l’hôtel pour aller à la rencontre de ses sympathisants, Bolsonaro a ajouté qu’il souhaitait « poursuivre ce que nous faisons depuis janvier 2019, changer le destin du Brésil, défendre de plus en plus la famille, clé de voûte du conservatisme ».
Bolsonaro était sans parti depuis qu’il a rompu il y a deux ans avec celui sous la bannière duquel il avait été facilement élu fin 2018, le très petit Parti Social libéral (PSL). Il ne peut pas se représenter l’an prochain sans affiliation politique.
Mais à moins d’un an de la présidentielle, la donne a totalement changé pour le dirigeant de 66 ans et sa cote de popularité n’a jamais été aussi basse.
Elle a chuté à 22%, sous l’effet de sa gestion jugée calamiteuse de la crise du covid-19 qui a fait près de 615.000 morts au Brésil et des niveaux élevés de l’inflation comme du chômage.
De plus, le président est visé par une centaine de demandes de destitution et sous le coup de cinq enquêtes de la Cour suprême et de la justice électorale.
S’il donne déjà de nombreux signaux d’une entrée en campagne, l’ex-président (2003-2010) et bête noire de Bolsonaro, Luiz Inacio Lula da Silva, ne devrait se déclarer qu’au premier trimestre 2022.
Le chef historique de la gauche brésilienne, 76 ans, rentre d’une tournée en Europe où il a été reçu, et bien reçu, par le président français Emmanuel Macron, le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez et le futur chancelier allemand Olaf Scholz.
Avec 43 députés sur 513 et quatre sénateurs sur 81, le PL est l’un des principaux partis du « centrao », bloc informel de formations de droite et du centre qui monnayent leur soutien au gré des avantages qu’elles en retirent, et font et défont la politique au Brésil.
Bolsonaro s’est beaucoup rapproché du « centrao » ces derniers mois, après avoir été élu comme un candidat « antisystème » décidé à en finir avec « les vieilles pratiques politiques », corruption en tête.
Il espère désormais renverser la vapeur. « La popularité de Bolsonaro est basse, mais il reste une figure forte », estime pour l’AFP Edson Sardinha, directeur de la rédaction du site Congresso em foco.
« Il est trop tôt, il peut se passer encore beaucoup de choses », poursuit-il: « Maintenant, il a un parti plus fort qui disposera d’importantes ressources du fonds électoral et pas mal de temps d’antenne à la télévision ».
Il ne faut pas sous-estimer non plus la virulence du sentiment anti-Lula parmi de nombreux Brésiliens, souligne l’expert, l’élection s’annonçant ultra-polarisée.
Les candidats du centre ou de droite espérant incarner une « 3e voie » peinent à convaincre, tels le gouverneur de Sao Paulo Joao Doria ou l’ex-juge Sergio Moro, qui avait fait emprisonner Lula pour corruption.
L’alliance avec le PL devrait aussi garantir à Bolsonaro de pouvoir mener son mandat à son terme, en décembre 2022, les demandes de destitution ne devant pas aboutir.
L’un des trois fils du président détenant un mandat politique, le sénateur Flavio Bolsonaro, s’est lui aussi affilié au PL mardi. Le PL compte dans ses rangs l’ex-star du football Romario, sénateur.
Source: AFP